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Jean-Marc Fournier se défend d'avoir tissé un lien entre la charte et le nazisme

Jean-Marc Fournier se défend d'avoir fait un lien entre la charte et le nazisme
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QUÉBEC - Le libéral Jean-Marc Fournier s'est retrouvé sur la défensive mercredi pour avoir évoqué, la veille, les exactions nazies contre les symboles religieux.

En plein débat sur la charte de la laïcité, les propos du leader de l'opposition en Chambre ont eu un effet boomerang. Il a dû se défendre d'avoir tissé un lien entre les interdits religieux inscrits au projet de loi 60 du gouvernement péquiste et l'oppression du régime hitlérien contre la religion juive.

Lors d'une déclaration réservée aux députés mardi à l'Assemblée nationale, M. Fournier a souligné les 75 ans de la «Nuit de Cristal». Il a rappelé les destructions et les atrocités commises par les «chemises brunes» les 9 et 10 novembre 1938 contre les juifs, leurs commerces et les synagogues. Il a par la suite raconté une anecdote que lui a confiée un rabbin le dimanche précédent, à l'occasion d'une cérémonie de commémoration à Montréal.

«Le rabbin Poupko a, entre autres, rappelé la mémoire d'un homme qui, encadré par deux rangées de militaires et bousculé, en perdit sa kippa. Il voulut la ramasser, mais un militaire s'y opposa. Il le fit quand même. Ce jour-là, entre la kippa et la vie, il a choisi la kippa», a relaté le député de Saint-Laurent.

Interpellé mercredi en point de presse, M. Fournier a nié avec véhémence avoir tenté de dresser un parallèle subtil entre la charte de la laïcité — qui prévoit bannir la kippa, le voile, le turban et autres ornements religieux de l'espace étatique — et le mouvement national-socialiste.

Il a expliqué avoir voulu mettre en lumière «l'importance des symboles» pour les croyants, en l'occurrence la kippa pour le judaïsme.

«J'ai fait bien attention, dans la déclaration, de ne pas faire de lien entre le gouvernement actuel et le mouvement nazi. Je l'ai fait très précisément. Par contre, il ne faut pas occulter que, dans l’exemple qui nous a été donné, il y a une personne qui donne un sens très fondamental à son symbole religieux, et j'ai cru important de porter ce message-là parce qu'il m'a touché et je crois qu'on doit le garder à l'esprit», a-t-il justifié.

En voulant faire table rase des signes religieux dans les institutions relevant de l'État, le gouvernement du Parti québécois sous-estime la valeur des symboles pour les croyants, a fait valoir M. Fournier.

«Ce n'est pas un lien avec le mouvement nazi. Écoutez, honnêtement, il y a des gens qui portent des signes, ça a une valeur pour eux et on devrait s'y intéresser», a-t-il dit.

Peut-être pour illustrer l'importance des symboles, ou par défiance, la députée libérale Rita de Santis s'est présentée en Chambre mercredi avec une croix décorative on ne peut plus ostentatoire à l'abdomen.

«Ce n'est pas que je veux provoquer quoi que ce soit ou qui que ce soit, j'ai un bijou qui m'a été donné par quelqu'un que j'aime beaucoup et il n'y a aucune raison pour que je ne puisse pas le porter», a dit la députée de Bourassa-Sauvé, porte-parole de l'opposition officielle pour la Commission des droits de la personne.

Le projet de loi 60 n'interdit pas le port de signes religieux en Chambre, mais la première ministre Pauline Marois a déjà indiqué qu'elle exigera des futurs candidats péquistes qu'ils renoncent à afficher leur foi dans leurs activités politiques.

Pour les libéraux, le gouvernement Marois baigne en pleine confusion.

Alors qu'il évoque la nécessaire neutralité de l'État, le ministre responsable de la charte, Bernard Drainville, n'hésite pas à faire paraître une publicité dans un feuillet paroissial de sa circonscription (Marie-Victorin), a raillé le député Fournier.

«Il y a une bonne hypocrisie d'aller dire aux Québécois : C'est le temps d'enlever le droit au travail de certaines personnes parce qu'elles ont une foi et des symboles qui y sont associés, alors que lui associe le symbole de l'État à un symbole qui me semble assez ostentatoire, un feuillet paroissial», a-t-il soulevé.

Le ministre a répliqué qu'une publicité dans un bulletin de paroisse ne contrevient pas à la neutralité de l'État.

«J'ai de la misère à les suivre, je pense qu'ils ne comprennent pas», a lancé M. Drainville à l'intention des députés libéraux.

«Il y a une différence entre la liberté de religion et la neutralité de l'État. Les gens ont le droit de continuer à aller à l'église et les députés ont le droit de se servir du feuillet paroissial pour donner leurs cartes d'affaires. Si une autre religion me demande la même chose, une mosquée ou une synagogue, je vais le faire. Je veux parler à mon monde», a-t-il ajouté.

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