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Nucléaire : l'Iran impute l'échec de Genève à des divisions occidentales

Nucléaire : l'Iran impute l'échec de Genève à des divisions occidentales

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a imputé mardi à des divisions au sein du camp occidental l'absence d'accord lors des discussions sur le programme nucléaire iranien à Genève.

Des diplomates occidentaux ont accusé la France d'avoir empêché la conclusion d'un accord en raison de son intransigeance lors des pourparlers qui ont eu lieu de jeudi à samedi dernier dans la métropole suisse.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a démenti lundi que la France ait été isolée.

Il a été appuyé par le secrétaire d'État américain, John Kerry, selon lequel le groupe P5+1 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne) était « uni » samedi lorsqu'il a présenté une proposition à l'Iran, mais que les « Iraniens n'ont pas été en mesure d'accepter cette chose-là ».

Mais, réagissant aux propos de John Kerry, Mohammad Javad Zarif a déclaré que l'Iran n'était pas responsable de l'absence d'accord.

« M. le secrétaire, est-ce l'Iran qui a effacé plus de la moitié du projet américain jeudi soir? Et qui l'a publiquement critiqué vendredi matin? », écrit le chef de la diplomatie iranienne sur Twitter, en allusion aux déclarations de Laurent Fabius à son arrivée à Genève.

Le chef de la diplomatie française avait alors reconnu qu'il y avait des avancées, mais, ajoutait-il, « rien n'est encore acquis » et « nous ne voulons pas d'accord de dupe ».

C'est lui encore qui, dans la nuit de samedi à dimanche, a annoncé l'échec des négociations, dont le prochain round a été fixé au 20 novembre.

« Aucune opération de communication ne pourra changer ce qui s'est passé avec le P5+1 à Genève entre 18 h jeudi et 17 h 45 samedi », a poursuivi Mohammad Javad Zarif, redoutant que cela ne sape davantage la confiance et réclamant des négociations « sur un pied d'égalité ».

« Ce qui s'est passé à Genève »

D'après une source diplomatique et un responsable européen à Washington, le principal point de blocage a résidé dans la volonté de l'Iran d'obtenir une reconnaissance officielle d'un « droit » à l'enrichissement d'uranium, ce que les pays occidentaux ont refusé.

« Ce sont les Iraniens qui n'ont pas été capables d'accepter les termes » d'un accord, a dit cette source diplomatique.

Un haut diplomate occidental affirme, lui, que l'ensemble des grandes puissances, et pas seulement la France, ont jugé qu'un accord n'était pas encore prêt. « L'évaluation collective du groupe a été qu'il fallait encore un peu de temps. Ce n'était pas seulement l'évaluation des Français », a dit ce diplomate.

Pourtant, l'analyse de l'échec de Genève exposée publiquement par le chef de la diplomatie iranienne est soutenue par une source au ministère russe des Affaires étrangères.

Interrogée sur les propos tenus par Kerry, cette source parle d'une « interprétation [qui] simplifie à l'extrême, voire déforme la réalité de ce qui s'est passé à Genève ».

« Le projet de déclaration commune préparé par les Américains convenait à la partie iranienne, mais puisque dans ce format de discussions, les décisions sont prises par consensus, il n'a pas été possible malheureusement de parvenir à un accord final, et ce n'était pas la faute des Iraniens », ajoute-t-on.

Le projet d'accord provisoire en négociations limiterait notamment les capacités iraniennes d'enrichissement de l'uranium, de même que ses stocks actuellement enrichis à 20 %, un seuil qui une fois franchie permet d'atteindre rapidement des degrés d'enrichissement militaire à 90 % utilisés dans la fabrication de la bombe atomique.

En échange, la République islamique obtiendrait un allègement provisoire et réversible des sanctions économiques auxquelles elle est soumise.

Invité mardi sur la BBC, John Kerry s'est dit encouragé par les progrès accomplis à Genève. « Nous étions très, très près, vraiment extrêmement près", a-t-il dit. « En trente heures, nous avons davantage parlé [avec les Iraniens] que nous l'avions fait au cours des trente précédentes années. »

Reuters

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