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Commission Charbonneau: Dupuis a tenté d'intéresser la SOLIM à des clubs Med

Commission Charbonneau: Dupuis a tenté d'intéresser la SOLIM à des clubs Med
CEIC

En milieu d'avant-midi, Jocelyn Dupuis a admis qu'il avait séjourné dans un club Med de Columbus, aux Bahamas, du 5 au 12 décembre 2008, à l'invitation de Jean-Marc Daigle. Ce dernier voulait obtenir du financement de la SOLIM pour rénover des clubs Med.

Un texte de François Messier

Des écoutes électroniques présentées par la commission montrent que Jocelyn Dupuis a exercé des pressions sur Guy Gionet, PDG de la SOLIM, pour qu'il investisse dans le projet de Daigle.

Les deux hommes se sont parlé avant et après le séjour de Dupuis aux Bahamas. M. Gionet lui souligne qu'il est préoccupé par le manque de retombées que le projet entraînera au Québec, puisque les clubs Med sont situés à l'extérieur du territoire.

Le procureur en chef adjoint Me Denis Gallant a dit y voir une autre preuve que Jocelyn Dupuis était toujours disposé à aider ses amis, d'autant plus qu'il venait de recevoir un avantage avec ce voyage, mais le témoin nié cette interprétation des faits.

Celui qui était alors encore directeur général de la FTQ-Construction a plutôt fait valoir qu'il s'était rendu à Columbus pour voir « quels travaux il y avait à faire ». Il a nié la suggestion du procureur selon lequel le club Med de Columbus n'avait besoin d'aucun travaux.

Les questions à ce sujet ont clairement embarrassé Jocelyn Dupuis, qui a tenté de plaider que cela n'avait rien à voir avec l'industrie de la construction, mais en vain. La séance a d'ailleurs été interrompue pendant quelques minutes pour que M. Dupuis et son avocat puissent se consulter.

M. Dupuis a fait valoir que c'est Richard Goyette, son successeur comme DG de la FTQ-Construction, qui lui avait présenté M. Daigle. Des écoutes électroniques montrent cependant que Louis-Pierre Lafortune s'est enquis du dossier auprès de M. Dupuis.

Dans une écoute électronique de juin 2008, M. Lafortune, alors vice-président des Grues Guay, souligne à Jocelyn Dupuis que Jean-Marc Daigle a aussi approché Jean Lavallée, président de la FTQ-Construction, à ce sujet.

« Le problème, là, c'est qu'il y a quelqu'un aussi qui l'avait emmené voir Johnny. Y avait quelqu'un qui voulait le présenter à Johnny pour le deal. [...] Si ça t'intéresse, j'aimerais autant qu'on s'en occupe. » — Louis-Pierre Lafortune, Grues Guay

Borsellino s'introduit dans le dossier des clubs med

Dans une conversation du 24 décembre 2008 avec Joe Borsellino captée par la Sûreté du Québec, on peut entendre Jocelyn Dupuis demandé à Joe Borsellino s'il est intéressé à obtenir un contrat de 50 M$ pour la rénovation de clubs Med en Floride.

Après que l'entrepreneur eut confirmé que c'était le cas, M. Dupuis lui dit : « c'est toi qui va l'avoir ».

Selon Jocelyn Dupuis, le Fonds a initialement accepté d'investir 5 millions dans ce dossier avant qu'un « arrêt de procédure » ne survienne.

Selon lui, le fait que la femme de M. Daigle porte le nom de Desjardins a joué un rôle dans cette affaire, puisque cela l'a associé Raynald Desjardins. Or selon M. Dupuis, cette femme n'a en fait aucun lien de parenté avec ce mafieux notoire.

Dupuis tente de réconcilier Accurso et Borsellino

En fin d'avant-midi, Jocelyn Dupuis a admis que les relations entre les entrepreneurs Tony Accurso et Giuseppe Borsellino de Garnier Construction étaient mauvaises à un point tel qu'il est intervenu avec le président de la FTQ-Construction pour tenter de les réconcilier. Ils souhaitent ainsi limiter l'impact que leur inimitié avait sur les chantiers, puisque que la FTQ-Construction fournissait des travailleurs aux deux entrepreurs.

« Lorsque j'étais directeur général de la FTQ-Construction, moi et Jean Lavallée on a fait des rencontres parce que ce sont deux entrepreneurs en construction qui sont en compétition. On a essayé que les deux se parlent, mais ça n'a pas fonctionné C'est des choses qui arrivent », a-t-il dit.

« J'ai rencontré Tony Accurso pour lui demander une rencontre pour que les deux se parlent entre eux autres, qu'ils arrêtent de se chicaner. » — Jocelyn Dupuis

M. Dupuis a cependant nié que la lutte entre les deux hommes portaient sur l'accès au Fonds de solidarité.

« Je ne pense pas que M. Accurso empêchait le financement d'entreprises qui demandaient au Fonds. [...] Je ne pense pas que Tony Accurso avait ce pouvoir-là au Fonds. Je ne penserais pas », a-t-il dit au procureur Gallant, qui lui avait soumis cette hypothèse.

Ces informations ont été dévoilés après que la commission eut fait entendre une conversation d'avril 2009 entre MM. Borsellino et Dupuis. Les deux hommes se connaissaient bien et avaient même fait un voyage en Italie ensemble l'automne précédent, en compagnie de Robert Marcil, alors patron des travaux publics à la Ville de Montréal, et Yves Lortie de Génivar.

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