Les révélations faites par l'agence QMI au sujet de conversations impliquant un ancien vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec ont suscité des réactions, mercredi.
Dans ces enregistrements, les propos de Luc Verville, l'ancien vice-président en question, portent à croire que la Caisse de dépôt et placement ne s'est pas prémunie, comme elle aurait peut-être pu le faire, contre la crise qui a laissé un trou de près de 40 milliards de dollars dans le « bas de laine » des Québécois.
Le 6 août 2007, quelques jours avant la crise provoquée par l'effondrement des papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA), Luc Verville discute avec Robert Courchesne, qui était alors de l'équipe de direction de la financière Banque Nationale : « S'ils réussissent à te faire paniquer... », dit M. Courchesne à Luc Verville. Ce dernier a alors répliqué : « Ils ne me feront pas paniquer, je suis pris avec d'une manière ou d'une autre. Je suis mort la gueule ouverte ».
Ce à quoi M. Courchesne rétorque : « T'es pas mort la gueule ouverte ».
Les enregistrements obtenus par l'agence QMI font état de deux conversations, la première ayant en quelque sorte servi de sonnette d'alarme pour M. Verville, à qui la Caisse avait confié la gestion de milliards de dollars en investissements. Dans cette première conversation, une haute dirigeante de CIBC Wood Gundy à Toronto, Natalie Davidson, avait mis en garde M. Verville contre l'effondrement imminent des papiers commerciaux non bancaires. Il a fallu une deuxième conversation, celle entre M. Verville et M. Courchesne, pour que le vice-président de la Caisse prenne la mesure du désastre à venir.
Pour Robert Pouliot, membre du conseil d'administration de la Fondation canadienne pour l'avancement des droits des investisseurs, ces enregistrements illustrent « à quel point les professionnels, que l'on croit bien équipés pour réagir face à de telles situations, ne l'étaient pas ».
Lorsque Luc Verville, l'ancien vice-président de la Caisse, apprend que Robert Courchesne de la Banque Nationale lui a vendu les papiers commerciaux désormais indésirables, il lui dit ceci: « Moi je fais ça pour aider et je me ramasse avec toute la marde. »
« One way or the other [d'une manière ou d'une autre] », a répondu Robert Courchesne.
Que voulait dire Luc Verville quand il dit avoir acheté des papiers commerciaux « pour aider »? Sur ce point, la Caisse de dépôt et placement du Québec refuse de commenter, se limitant à dire qu'elle a complètement revu ses politiques en matière de gestion du risque.
Rappelons qu'en 2009, la Banque Nationale a dû payer une amende de 75 millions de dollars, car, selon l'Autorité des marchés financiers (AMF), l'institution avait omis de fournir les détails concernant les PCAA.
À Québec, l'affaire a mené à cette réaction du ministre des Finances, Nicolas Marceau.
Le ministre Marceau ajoute que l'AMF a ces enregistrements en sa possession.
D'après les informations de Vincent Maisonneuve