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Dopage: le cycliste Ryder Hesjedal avoue «avoir emprunté le mauvais chemin»

Dopage: le cycliste Ryder Hesjedal avoue «avoir emprunté le mauvais chemin»
AP Photo/Laurent Rebours

TORONTO - La grande vedette du cyclisme canadien Ryder Hesjedal a admis «avoir emprunté le mauvais chemin» il y a plus de 10 ans, alors que Michael Rasmussen s'apprête à le dénoncer dans son autobiographie à venir.

C'est le site cyclingnews.com qui a le premier rapporté les allégations de Rasmussen, dont l'autobiographie doit paraître lundi.

«Même si ces erreurs sont survenues il y a plus de 10 ans et qu'elles n'ont été que de courte durée, ça ne change rien au fait que je les ai commises et que j'ai dû vivre avec mes remords depuis», a révélé Hesjedal par communiqué.

S'il n'avoue pas explicitement avoir utilisé des produits dopants, il s'est excusé auprès des partisans, des commanditaires et des autres cyclistes.

«À tous ceux qui ont croisé mon parcours, en cyclisme ou non, à ceux qui m'ont appuyé, mes rêves et moi — dont mes amis, ma famille, les médias, les amateurs, mes confrères et mes commanditaires — aux cyclistes qui n'ont pas fait les mêmes choix que moi à cette époque, je vous offre mes sincères excuses pour ma participation à la sombre histoire du sport. Je serai toujours désolé.»

Le quotidien danois Politiken a publié des extraits du livre, intitulé La Fièvre jaune (Gul Feber). C'est dans l'un de ces extraits que Rasmussen, qui a admis avoir utilisé des produits dopants de 1998 à 2010, dévoile ses liens avec Hesjedal.

Il explique que les Canadiens Hesjedal, Seamus McGrath et Chris Sheppard, tous trois de très bons cyclistes de montagne, sont demeurés chez lui quelques jours en 2003. Selon lui, ils ont «vu clair» en réalisant qu'un bon résultat aux Championnats du monde leur permettraient d'obtenir leur billet pour les Jeux olympiques d'Athènes.

Rasmussen ajoute que les cyclistes ont emménagé chez lui pour deux semaines en août 2003, juste avant que Rasmussen ne participe à la Vuelta. Il s'est entraîné avec eux dans les Dolomites et leur a «enseigné à s'injecter des vitamines et de l'EPO». Le Danois dit toutefois ne jamais avoir vu Hesjedal, qui est passé au cyclisme sur route en 2005, s'injecter quoi que ce soit.

McGrath et Sheppard n'ont pu être joints pour commenter ces allégations, qui n'ont pu être vérifiées par La Presse Canadienne. Un porte-parole de Cylisme Canada a indiqué ne pas savoir où joindre les deux cyclistes. Selon cyclingnews.com, Sheppard a échoué un test à l'EPO en 2005 et a été suspendu pour deux ans par le Centre canadien d'éthique dans le sport.

Rasmussen prétend également que Bjarne Riis, Nicki Sorensen, Frank Hoj et Rolf Sorensen sont coupables de dopage.

Le Danois roulait pour Rabobank au Tour de France 2007, qu'il a quitté alors qu'il détenait le maillot jaune après que des rumeurs eurent surgi sur son emploi du temps avant la course. Rasmussen aurait négligé de donner son itinéraire exact et il a depuis confessé avoir utilisé des produits dopants pendant le Tour de France cette année-là.

Hesjedal occupe l'avant-scène du cyclisme mondial depuis quelques années. Il a notamment remporté le Tour d'Italie en 2012 et terminé sixième au Tour de France en 2010 et 17e en 2011. Le coureur de l'écurie Garmin-Sharp a subi plusieurs blessures l'an dernier.

Il s'est fracturé une côte dans un accident dès la première étape du Tour de France, mais il a décidé de poursuivre pour terminer au 70e rang. Il a dû se retirer du Tour de Suisse après un autre accident dans les premières étapes et un virus a prématurément mis fin à sa tentative de défendre son titre au Giro.

Âgé de 32 ans, Hesjedal a pris part à trois Jeux olympiques et remporté l'an dernier le prix Lionel-Conacher, remis par La Presse Canadienne à l'athlète masculin de l'année au pays.

«Je crois que de dire la vérité pourra aider le sport à aller de l'avant. Il y a un an, quand j'ai été contacté par les autorités antidopage, j'ai été ouvert et honnête sur mon passé, a dit Hesjedal. J'ai vu le meilleur et le pire du sport. Je suis convaincu qu'il ne peut pas se porter mieux que présentement.

«Je regarde les jeunes coureurs de notre équipe et dans le peloton et je sais que l'avenir du sport est parmi nous. Je suis heureux qu'ils n'aient pas eu à faire les mêmes choix que j'ai faits et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour continuer d'aider le sport que j'aime.»

Également par communiqué, Cyclisme Canada a déclaré être «inquiété par ces allégations».

«Cyclisme Canada a toujours eu une ligne dure face au dopage et nous souhaitons réitérer que le dopage n'a pas sa place dans notre sport. Ceux qui contreviennent aux règles seront punis selon ces règles.»

Hesjedal ne subira pas les foudres du CCES, puisqu'il y a une amnistie pour les gestes commis il y a plus de huit ans, selon les règles mises en place par l'Agence mondiale antidopage.

«C'était la même chose dans les cas de Lance Armstrong ou Tyler Hamilton: ça semble soigneusement fait pour couvrir une période qui dépasse les huit ans de prescription du code mondial antidopage, a déclaré Christiane Ayotte, directrice du laboratoire de contrôle du dopage à l'INRS-Armand-Frappier. Mais dans certains cas, on n'en a pas tenu compte. Ça a été le cas dans le dossier Armstrong: l'USADA est remontée plus loin que huit ans en arrière en invoquant des arguments légaux qui, à mon avis, semblaient se tenir.»

Mme Ayotte ne sait pas si une telle mesure pourrait être envisagée dans le cas de Hesjedal. Une chose est certaine: elle n'est pas surprise par ses révélations.

«Tous les cyclistes de cette époque-là nous disent que ça ne se faisait pas sans dope. Alors on ne tombe pas de notre chaise. Tous ces coureurs nous gratifient de mémoires et de bouquins, mais ils nous disent seulement ce qu'on savait déjà. En fait, ils ne nous apprennent rien. Ils tentent aussi de nous faire croire qu'ils utilisaient des méthodes archaïques et que maintenant, c'est impossible. Non, c'est encore possible et il faut prendre les moyens qui s'imposent.»

Les révélations d'Hesjedal surviennent un peu plus d'un an après qu'un autre cycliste canadien, Michael Barry, eût lui aussi admis s'être dopé.

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