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La NSA nie avoir espionné des Européens

La NSA nie avoir espionné des Européens

Le témoignage du chef de l'Agence de sécurité nationale (NSA) Keith Alexander devant le comité du renseignement de la Chambre des représentants mardi a renversé la vapeur en rejetant les accusations sur l'interception de communications en Europe.

M. Alexander a affirmé que les millions de données leur avaient été fournies par des agences de renseignement européennes.

Selon lui, les données fournies ne visaient d'ailleurs pas les citoyens de ses pays, mais des pays où l'OTAN intervient.

Il a a affirmé que les révélations des quotidiens français Le Monde, espagnol El Mundo et italien L'Espresso sur l'interception de communications des citoyens européens par la NSA sont « complètement fausses ».

« Pour être parfaitement clairs, nous n'avons pas recueilli ces informations sur les citoyens européens », a-t-il affirmé.

« Les affirmations des journalistes en France, en Espagne, en Italie selon lesquelles la NSA a intercepté des dizaines de millions d'appels téléphoniques sont complètement fausses », a affirmé le général Alexander. « Ils n'ont, comme la personne qui a volé les données classifiées, pas compris ce qu'ils avaient devant les yeux », a-t-il plaidé.

Le directeur de la NSA a toutefois confirmé des révélations du Wall Street Journal selon lesquelles les interceptions téléphoniques pratiquées dans ces pays et attribuées à la NSA l'avaient été par les services secrets européens et ensuite « fournies » à l'agence américaine.

Le général Alexander a affirmé que la NSA partageait ses informations avec les « alliés européens » et ces derniers partageaient les leurs avec l'agence américaine.

« Principe fondamental »

De son côté, le directeur du renseignement des États-Unis, James Clapper, a affirmé que les alliés de Washington espionnent régulièrement les dirigeants et les services de renseignements américains.

Il a également dénoncé « un torrent de révélations préjudiciables » pour le travail de ses services.

M. Clapper a ajouté que connaître les intentions des dirigeants étrangers est un « principe fondamental » pour tout service de renseignement, sans évoquer une éventuelle interception des communications de la chancelière allemande, Angela Merkel.

« Depuis 50 ans que je travaille dans le renseignement, connaître les intentions des dirigeants est un principe fondamental de ce que nous essayons de recueillir et d'analyser », a-t-il indiqué.

Il a expliqué qu'il s'agit notamment de « déterminer si ce qu'ils [les dirigeants] disent correspond à ce qui se passe. Il est indispensable pour nous de savoir où les pays vont, ce que sont leurs politiques, comment cela a des conséquences sur nous dans toute une série de domaines ».

Le général Alexander et plusieurs hauts dirigeants du renseignement américain sont entendus, aujourd'hui, par une commission de la Chambre des représentants après l'indignation provoquée par les récentes révélations sur la surveillance menée par la NSA.

Leurs témoignages concernent les programmes menés par la NSA et les éventuelles modifications à apporter à la loi régissant les écoutes électroniques.

« La commission du renseignement de la Chambre des représentants continue d'évaluer un nombre de propositions visant à améliorer la transparence et à renforcer la protection de la vie privée afin de consolider la confiance de l'opinion américaine dans les programmes menés dans le cadre de la loi sur le renseignement », a dit la porte-parole du président républicain de la commission Mike Rogers.

Une audition de même nature menée devant le Sénat, fin septembre, avait conduit à plusieurs propositions, dont une limitation sur le programme de collecte des métadonnées par la NSA et une interdiction de la collecte des contenus des conversations téléphoniques.

Les sénateurs exigeaient, par ailleurs, que les analystes de la NSA aient « un soupçon raisonnablement clair » qu'un numéro de téléphone soit associé à une activité de nature terroriste pour demander un accès aux données.

La fin du programme ?

Dans la foulée des révélations sur ses pratiques d'espionnage de la NSA, la Maison-Blanche songe même à mettre un terme à son programme de surveillance des dirigeants des pays alliés, a indiqué un porte-parole de l'administration américaine, mardi à Washington.

L'administration du président Barack Obama n'a pas encore arrêté sa décision pendant que la Maison-Blanche continue de tenter de limiter les dommages générés par les révélations sur ses pratiques de son bureau du renseignement. Le dernier scandale en lice est celui de l'écoute du téléphone de la chancelière allemande Angela Merkel et de 34 autres dirigeants étrangers.

Le président Obama a indiqué que le gouvernement américain revoyait l'ensemble des pratiques des services de renseignements en sol étranger. Sans en préciser la nature, la Maison-Blanche a indiqué que des changements avaient déjà été apportés à ces politiques alors que d'autres allaient suivre.

L'Allemagne pourrait, en représailles, priver les Américains d'outils utiles dans la traque des argents de groupes terroristes en leur retirant l'accès à une banque de données des transferts de fonds. En visite à Washington, les leaders européens ont également évoqué la possibilité que ces pratiques remettent en question un accord de libre-échange. Ils font valoir que la vie privée des Européens doit être mieux protégée.

Washington soutient qu'il serait « malheureux » que les révélations sur l'espionnage américain affectent les négociations entre l'Union européenne (UE) et les États-Unis sur un éventuel accord de libre-échange. Plusieurs voix s'élèvent même du côté européen contre une telle démarche. Elles avancent que les deux camps ont tellement à gagner qu'ils ne devraient par remettre en question ces négociations.

De son côté, l'Espagne - où la NSA aurait intercepté 60 millions d'appels téléphoniques - a institué une enquête préliminaire. Le bureau du procureur général d'Espagne tente de déterminer si un crime a été commis et si le pays devait ouvrir une enquête formelle.

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