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François Legault mise sur le «trésor» du fleuve Saint-Laurent

François Legault mise sur le fleuve Saint-Laurent
CP

Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, veut relancer le Québec et rattraper le retard de richesse avec l'Ontario en misant sur le fleuve. Dans son livre Cap sur un Québec gagnant-Le Projet Saint-Laurent, il propose de créer une Vallée de l'innovation en s'inspirant de la Silicon Valley en Californie. Le Québec deviendrait « la Norvège de l'Amérique du Nord ». Voici un résumé des principales idées avancées dans le livre.

Un texte de Thomas Gerbet

François Legault pense que son projet, « ambitieux » mais « réaliste », pourra « transcender les oppositions fédéralisme-souverainisme et gauche-droite ». Il commence par dresser un portrait sombre de l'état de l'économie et de l'innovation au Québec par rapport au reste du Canada. Un problème de culture, selon lui : « richesse, prospérité, ce sont encore des mots tabous au Québec. Les entrepreneurs sont parfois jugés comme des exploiteurs et les plus fortunés comme des profiteurs ».

Le chef de la CAQ regrette que le Québec perde des cerveaux et souhaite que sa Vallée de l'innovation attire des entreprises et des talents de l'étranger, tout en permettant aux Québécois de bénéficier de plus d'emplois rémunérés à 20 $, 30 $ ou 40 $ de l'heure. Pour y parvenir, il propose de miser sur le concept de « clusters », des grappes qui rassemblent centres de recherches et industries.

François Legault a grandi à Saint-Anne-de-Bellevue, à la pointe ouest de l'île de Montréal. Il rappelle que huit Québécois sur dix vivent près du fleuve. Pour étoffer son « Projet Saint-Laurent », présenté pour la première fois au conseil général de la CAQ, le 23 mars 2013 à Boucherville, François Legault s'inspire de Boston, Stockholm, Copenhague ou encore Barcelone. Il parle d'ailleurs de transformer Montréal en « Barcelone de l'Amérique du Nord ».

Miser sur la recherche et le développement

S'il devenait premier ministre du Québec, François Legault demanderait aux compagnies d'augmenter la part de leurs dépenses de recherche et développement destinées aux établissements d'enseignement supérieur. De 8,2 % actuellement, il veut faire passer leur part à 25 % pour un total de 600 millions de dollars par année. Son objectif, c'est de resserrer les liens entre les universités et les entreprises. Il veut rassurer sur ce point : il ne s'agit « certainement pas de dicter aux universités leurs thèmes de recherche, pas plus que d'imposer aux entreprises leurs domaines d'activité ». Il prend l'exemple de l'Allemagne, où chercheurs, universitaires et industriels s'échangent des postes, et des étudiants sont payés par des sociétés.

Embellir, dépolluer, décontaminer

Comme préalable à la mise en place de sa Vallée de l'innovation, François Legault veut instaurer une « politique de l'embellissement », facteur d'attraction pour les investisseurs. Il rappelle dans son livre que 80 % des Québécois boivent l'eau du fleuve et y rejettent leurs eaux usées. Il critique « le niveau primaire » des usines de traitement, qui n'éliminent pas assez de polluants, et regrette que Montréal soit « en tête de liste des pires pollueurs de l'eau au Canada ».

Afin de lutter contre l'étalement urbain, il propose de « se réapproprier les terrains contaminés », souvent vacants ou inutilisés près du fleuve. Il estime que 50 millions de mètres carrés (l'équivalent de 50 fois le quartier Dix30 de Brossard) pourraient être ainsi mis à profit. Le chef de la CAQ regrette que des raffineries qui ont fermé leurs portes dans l'Est de Montréal préfèrent laisser en friche leurs propriétés et payer les taxes municipales, plutôt que de s'enquérir de la facture de décontamination. « La plupart (de ces terrains) sont pourvus d'infrastructures en plus d'être localisés à proximité des grandes voies d'accès et du transport en commun ». François Legault veut s'inspirer de Toronto Waterfront, un investissement de 30 milliards de dollars pour décontaminer d'anciens terrains industriels et construire un quartier résidentiel sur les berges.

Redonner l'accès aux berges

François Legault souhaite redonner l'accès aux berges du fleuve aux citoyens, à l'instar du projet de Richard Bergeron à Montréal ou celui de Caroline St-Hilaire à Longueuil. Il donne l'exemple de Chicago, qui dispose de 33 plages sur ses rives, ou encore de la promenade Samuel-de-Champlain à Québec.

Un long passage du livre est consacré à l'urbanisme de Montréal. Le chef de la CAQ propose de transformer la rue Notre-Dame en boulevard urbain et en axe de transport public de pointe avec un tramway à voie réservée. Il propose aussi de faire du projet Bonaventure (ou Havre de Montréal) « une priorité nationale », qui mettra en valeur une trentaine de kilomètres de rives du fleuve entre le pont Champlain et le pont Jacques-Cartier. Là aussi, il souhaite un tramway.

Augmenter le transport fluvial

François Legault estime que la voie maritime est sous-utilisée. Il aimerait miser davantage sur le transport par bateau qu'il juge « plus sûr, plus économique, et plus écologique ». Il critique l'état des infrastructures portuaires et le délabrement des quais, de même que les écluses de Beauharnois « qui entravent la circulation des embarcations ». Le chef de la CAQ veut étendre l'utilisation du cabotage, créer une offre de croisière « digne de ce nom » et offrir un service de navette fluviale entre le Vieux-Port, le parc Jean-Drapeau et Longueuil.

Développer le port de Montréal sur la Rive-Sud

François Legault encourage l'expansion du port de Montréal sur les rives de la Montérégie pour désengorger les ponts quand les produits sont destinés aux États-Unis. Il pense que ce projet sera facilité avec le prolongement des autoroutes 30 et 35. « La Montérégie pourrait ainsi devenir la plaque tournante du transport au Québec, voire en Amérique du Nord ».

Exploiter les hydrocarbures du golfe

Le chef de la Coalition avenir Québec croit au potentiel du sous-sol du golfe du Saint-Laurent qui renfermerait des milliards de barils. L'exploiter est « incontournable », selon lui, même si, « oui, il y aura un jour des accidents, des fuites ». Il aimerait que Québec envisage sérieusement la possibilité de devenir copropriétaire des sociétés d'exploration, comme Junex et Pétrolia, sur l'île d'Anticosti : « le coût serait loin d'être astronomique et cela pourrait rapporter beaucoup à long terme », comme en Norvège. François Legault en profiterait pour rembourser la dette du Québec.

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