Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Japon : taxer plus pour rééquilibrer les finances

Japon : taxer plus pour rééquilibrer les finances

Le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a pris mardi une décision qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait osée ces quinze dernières années : relever le taux de la taxe de vente afin de reprendre le contrôle de finances publiques à la dérive.

Dans la foulée de la publication par la Banque du Japon (BoJ) de l'enquête trimestrielle Tankan, qui montre que les grandes entreprises n'ont jamais été aussi optimistes depuis six ans, Shinzo Abe a précisé que la taxe sur la valeur ajoutée passerait de 5 % à 8 % à partir du 1er avril 2014. Il a en outre annoncé un plan de relance, qui représente environ 5000 milliards de yens (51 milliards de dollars canadiens) et doit en partie compenser les 8000 milliards de yens de hausse des recettes fiscales, attendus du relèvement de la taxe de vente.

« C'est la responsabilité de mon gouvernement de redonner à l'économie japonaise de l'espoir, de la vigueur et de la confiance dans la croissance, et en même temps de maintenir la crédibilité de notre pays, ainsi que la garantie de transmettre notre système de sécurité sociale à la prochaine génération », a déclaré Shinzo Abe.

« Le plan que nous avons élaboré n'est pas une simple mesure de transition destinée à stimuler l'économie à court terme », a-t-il ajouté. « C'est un investissement pour l'avenir, qui doit alléger la charge que nous vous demandons de supporter. »

Encouragé par une forte popularité, alors qu'une série d'indicateurs montrent que la troisième économie mondiale est sortie de sa léthargie depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, Shinzo Abe a décidé de passer outre le traumatisme de 1997.

Un sujet tabou

La décision du premier ministre de l'époque, Ryutaro Hashimoto, de faire passer le taux de la taxe de vente de 3 % à 5 % avait été suivie peu de temps après d'une sévère récession pour le Japon.

Ce tour de vis fiscal n'a jamais été considéré par les économistes comme le seul élément déclencheur de la récession - il y avait également la crise financière en Asie puis les difficultés du secteur bancaire japonais - mais cela a fait de toute hausse de la taxe de vente un sujet tabou pendant des années.

L'endettement du Japon représente plus de 200 % du produit intérieur brut (PIB), soit de loin le ratio le plus élevé parmi les pays développés. Le déficit budgétaire est de l'ordre de 10 % du PIB, une proportion très forte pour une nation relativement préservée de la crise financière de 2007-2009.

Certains économistes pensent que, malgré la décision annoncée mardi, le gouvernement aura du mal à atteindre son objectif de réduire de moitié le déficit - hors service de la dette - d'ici fin mars 2016 puis d'arriver à l'équilibre cinq ans plus tard.

« Même si la mise en oeuvre des mesures d'Abe se passe bien, nous n'aurons toujours pas éliminé le déficit budgétaire primaire », prévient Takahira Ogawa de l'agence Standard & Poor's, qui a estimé la semaine dernière que le Japon pourrait voir sa note abaissée s'il ne réduisait pas le déficit de l'État.

Confiance des marchés

Shinzo Abe fait le grand écart entre des mesures de relance monétaires et budgétaires - son premier objectif affiché lors de son arrivée au pouvoir a été celui de sortir le Japon de la déflation - et la pose de fondations permettant une reprise en main des finances publiques avant qu'il ne soit trop tard.

Même si elle a effacé une bonne partie des gains accumulés en séance après la publication du Tankan, la Bourse de Tokyo a fini en hausse de 0,2 % dans la foulée de l'annonce du relèvement de la taxe de vente. Le rendement des obligations japonaises à 10 ans reste en dessous de 0,7 %.

Un panel de sept économistes interrogés par Reuters s'attend à ce que le plan de relance, qui comprendra des dépenses publiques en vue de la préparation des Jeux olympiques 2020 récemment attribués à Tokyo, ajoute entre 0,4 et 0,8 point de PIB à la croissance de l'exercice fiscal 2014-2015, contre une baisse de 0,8 à 1,2 point liée au relèvement de la taxe de vente.

Une partie des mesures de relance profitera aux ménages, comme le coup de pouce prévu pour les acquéreurs d'une résidence, mais l'essentiel du dispositif a été pensé en fonction des entreprises.

Comme la hausse de la taxe de vente touchera, elle, directement les consommateurs, certains détracteurs ne manqueront pas de dire que les mesures du premier ministre, résumées sous le terme « Abenomics », favorisent le patronat au détriment du salarié.

« À long terme, pour que nous puissions faire des affaires sur le plan international, il est crucial que le monde se sente en confiance et en sécurité avec le Japon », a expliqué le président de Fujitsu, Masami Yamamoto. « La préoccupation à court terme, c'est de savoir si l'économie va subir un revers, alors qu'elle connaît une bonne dynamique. »

Reuters

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.