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Nouvel album en français pour Jason Bajada: la bonne bêtise (ENTREVUE)

Un nouvel album en français pour Jason Bajada (ENTREVUE)
Audiogram

Après quatre albums anglophones, le talentueux auteur, chanteur et musicien Jason Bajada ose la langue française, qui l’a longuement intimidé. Pourtant, il semble bien en contrôle sur ce nouveau disque de onze morceaux intitulé Le résultat de mes bêtises. Changement de décor complet ? Non. L’homme bilingue de 32 ans réclame toujours sa lueur dans le ciel et son amour whisky. Rencontre.

Jason Bajada avait beaucoup fait jaser avec son troisième album Loveshit (rappelons-nous notamment le vidéoclip Down with the Protest dans lequel Marc Labrèche traînait le corps inerte de Bajada dans les rues de Montréal), signé chez MapleMusic/Universal, qui était en quelque sorte un autoportrait de la débandade amoureuse. En 2011, The Sound Your Life Makes (2011) démontrait une nouvelle fois la qualité du travail de l’artiste.

Cette fois-ci, changement de projet oblige, c’est chez la respectée maison de disque québécoise Audiogram que le folk pop raffiné de Bajada a construit sa nouvelle cabane.

«Je me sens bien, très bien, affirme calmement Jason Bajada, devant une table haute d’un joli bar de la rue Rosemont, à Montréal.» La question est formelle, mais quand même pertinente compte tenu du passé tourmenté du chanteur.

«Les gens se réfèrent souvent à l’album Loveshit pour décrire mon travail. C’était pourtant juste une parenthèse dans ma carrière (sourire en coin, il fait comprendre qu’elle a duré un certain temps). Mais bon, de toute façon, c’est mon préféré. Chose certaine, j’ai passé à autre chose et appris à surfer sur la vague.»

Petites ténèbres éclairées

Selon le principal intéressé, Le résultat de mes bêtises est divisé en deux : cinq morceaux plutôt mélancoliques et les autres assez lumineux.

Un peu partout, on y trouve de belles mélodies, un sympathique flirte avec les années ’80, un délicat élan sucré de rock vintage (Tes rêves) un spleen agréable (Ma peine est chic), une touche rétro kitsch réussie (Tes pleurs) et de petites saveurs country (Minolta) joliment amenées.

Ça et là, des sonorités qui rappellent le travail de Louis-Jean Cormier (Boire leur venin) Peter Peter (Armée de montgolfières, coécrite par ce dernier), Alex Nevsky ou encore quelques pièces du magnifique album Hungry Ghosts de Frederic Gary Comeau (pensons à la superbe Whisky, en moins grave), qui a aussi fait un séjour chez Audiogram.

«J’ai grandi à Montréal avec un père anglophone et une mère francophone. À cette époque, mon environnement culturel était en anglais. Mon père a mis un pied à terre un jour en me disant que je devais aller à l’école en français. Ce que j’ai fait. Malgré tout, c’est certain que j’ai écouté davantage Cohen que Bashung […] Devenu musicien, je suis resté intimidé par le français. Je ne voulais pas composer une chanson (dans la langue de Molière) juste pour plaire ou pour obtenir des subventions. Je trouvais ça cheesy et sans fondement. On m’a aussi incité à chanter en français en concert. Rien à faire. Je ne le sentais pas. Jusqu’au jour où j’ai joué de la guitare pour le projet solo (Héritage, paru en 2012) de Maia Davies, du groupe Ladies of the Canyon. J’étais impressionné par son audace de chanter en français. Et elle m’a fait comprendre que je n’avais aucune excuse…»

À son retour de l’Ontario en char, Bajada écoute Jimmy Hunt, Salomé Leclerc, Jean-Pierre Ferland, Noir Désir, bref ce qu’il a pu trouver pour la route jusqu’à Montréal. Le déclic était fait. En février 2012, il louait un chalet pour composer en français.

«À la fin, je ne savais pas si mes chansons étaient bonnes. J’ai donc fait écouté le tout à Yann Perreau, qui m’a beaucoup encouragé […] Ensuite, j’ai kidnappé trois des membres du band de Marie-Pierre Arthur (François Lafontaine au clavier, Joe Grass à la guitare et José Major à la batterie) pour enregistrer l’album. Se sont (notamment) ajoutés à eux Camille Poliquin et Adèle Trottier-Rivard aux chœurs et Marc Bell, à la réalisation.»

On connaissait déjà le savoir-faire de Jason Bajada, qui a aussi joué auprès de plusieurs artistes appréciés tels qu’Arthur H, Coeur de pirate et Dumas. Le résultat de mes bêtises ne fait que confirmer en français l’indéniable talent de cet auteur-compositeur-interprète polyvalent.

Sans être un miracle, cet opus est bien bon.

Jason Bajada offrira un spectacle-lancement complet et gratuit au National, le 26 septembre, dans le cadre du festival Pop Montréal.

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