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Syrie: un leader de l'opposition, Haytham Al-Manna, juge les plans d'intervention militaire américains "sataniques"

Syrie: les plans d'intervention militaire américains sont sataniques?
AFP

Une intervention militaire occidentale en Syrie serait, selon un haut responsable de l'opposition, "une action satanique contre un régime satanique".

Dans une interview accordée au HuffPost anglais, Haytham Al-Manna, porte-parole à Paris du Comité de coordination nationale (CNC), a déclaré : "Nous nous érigeons contre toute agression [occidentale] contre la Syrie. On ne peut concevoir une agression militaire contre le régime sans que cela touche... la population"

Le CNC, constitué d'une douzaine de partis politiques issus de la gauche laïque, n'est pas membre du Conseil national syrien (CNS), coalition de groupes d'opposition reconnue comme le représentant légitime du pays par plusieurs gouvernements occidentaux. Le CNS encourage depuis longtemps une intervention militaire occidentale contre Bachar Al-Assad, contrairement au CNC.

Haytham Al-Manna, ancien militant en faveur des droits de l'homme dont le frère a été tué par le régime Al-Assad, a estimé que l'artillerie américaine "ne saurait distinguer les cibles militaires et civiles. J'ai vu ce qui s'est passé en Irak... et dans toutes les autres interventions américaines."

Haytham Al-Manna ajoute : "Nous sommes contre l'intervention du Hezbollah [et] de combattants étrangers d'Al-Qaïda. Nous ne pouvons pas construire la démocratie en Syrie avec les autres".

Dans une critique adressée aux États-Unis, à la Turquie, à Israël et à d'autres puissances régionales, il a par ailleurs déclaré : "Nous ne sommes pas en faveur d'une intervention satanique contre un régime satanique."

Plusieurs autres groupes d'opposition ont reproché au CNC d'être trop indulgent avec le gouvernement syrien, en particulier l'Armée syrienne libre (ASL) qui a déclaré que le CNC n'était que "l'autre face de la même pièce". Cependant, Haytham Al-Manna a rappelé que "l'opposition politique présente en-dehors de la Syrie" est "une minorité à l'intérieur du pays". Le porte-parole du CNC a estimé en outre que "la plus grande part de la société syrienne est contre toute intervention [militaire étrangère]".

En référence à la conférence de paix "Genève II", soutenue par les Nations unies, Haytham Al-Manna a estimé qu'il existait désormais "l'opportunité de pousser les deux parties, régime et opposition, à se rendre à Genève. Jusqu'à aujourd'hui, [le régime Al-Assad] a toujours accepté l'éventualité de se rendre à Genève... Peut-être qu'Al-Assad s'y rendra avant la fin de l'année."

Pas d'alternative aux négociations

Cependant, la plupart des groupes d'opposition syriens, ainsi qu'un nombre grandissant de diplomates occidentaux, sont d'avis que Bachar Al-Assad refusera systématiquement de négocier avec ses opposants, à moins que plane une menace crédible d'intervention militaire américaine. Haytham Al-Manna n'est pas de cet avis. "Si [Al-Assad] refuse de partir, la Russie lui retirera son support. Son départ est un chapitre essentiel de Genève II."

Aux critiques prêchant une position plus dure contre le régime et d'avis que le départ de Bachar Al-Assad est une condition pré-requise pour d'éventuels pourparlers de paix, Haytham Al-Manna a répondu que les rebelles ont refusé de négocier avec le président syrien depuis plus de deux ans "et nous avons perdu plus de 70000 personnes à cause de cette position". Selon lui, prolonger la guerre civile "n'est que dans l'intérêt de Bachar Al-Assad et Al-Qaïda."

Selon Haytham Al-Manna, il n'existe pas d'alternative aux négociations. "Le régime et l'opposition doivent se rendre à Genève II sans conditions", a-t-il déclaré au HuffPost anglais, ajoutant : "La seule condition est l'application [des principes du] communiqué de Genève. C'est dans l'intérêt de l'opposition démocratique, pas d'Al-Qaïda ou des islamistes." Le communiqué de Genève, publié en juin 2012, a invité les deux camps à se réengager à "une cessation durable de la violence armée" et appliquer immédiatement les six points du plan de paix de Kofi Anna, représentant de l'époque.

Récemment, des officiels américains et anglais ont évoqué l'importance "de la mise en application de la norme internationale en ce qui concerne les armes chimiques" et proposé des mesures militaires afin de punir le régime Al-Assad pour son usage avéré de gaz sarin contre des civiles à Ghouta, à l'est de Damas, le 21 août dernier.

Haytham Al-Manna a cependant déclaré que la mise en application de la norme internationale "n'est pas une décision du Congrès ou du parlement français... Nous n'acceptons aucune décision unilatérale d'aucun pays au monde, que ce soit les États-Unis ou les le Royaume-Uni."

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