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La CIA cherche qui sera le prochain Snowden dans ses troupes avec un test

Le test de la CIA pour détecter le prochain Snowden

Il faudra surveiller cette "Hema". Un test d'entraînement dans le cadre d'une formation à la sécurité intérieure créée par le département de défense américain met en garde les agents de la CIA contre une femme virtuelle indo-américaine. Ses torts? Elle rend visite à sa famille en Inde un peu trop souvent, elle a des problèmes d'argent et elle parle ouvertement de son mécontentement envers la politique d'immigration.

Cet extrait du test diffusé par la Defense Information Systems Agency (DISA) montre bien combien l'administration Obama est obsédée par ce qu'elle appelle "la menace intérieure". L'un des objectifs avoués de ce programme est d'arrêter le prochain Bradley Manning ou Edward Snowden avant qu'il ou elle ait pu divulguer des documents secrets ou des informations sensibles.

Une capture d'écran de la partie consacrée à la "suspecte" Hema

Ce test a été créé en octobre 2012. On découvre l'histoire d'Hema dans la partie consacrée "aux menaces venant de personnes qui ont accès au système d'information et qui pourraient causer des pertes de données et d'autres risques concernant la sécurité." La fréquence de ses voyages et son désamour pour les États-Unis seraient donc autant de signaux qui devraient alerter les agents.

Un représentant du Pentagone, Damien Pickart, contacté par nos confrères américains du HuffPost, explique l'intérêt de ce genre de tests: "Quand nous regardons une candidature pour un poste qui requiert un haut niveau de confiance, de nombreux indicateurs doivent être pris en considération. Le département de sécurité intérieure examine toutes ces variables en se basant sur des exemples passés d'anciens employés qui espionnaient ou nous trahissaient."

Le représentant du Pentagone confirme aussi que le prochain test fourni par la sécurité intérieure se concentrera plus sur les comportements que sur "les caractéristiques personnelles et les croyances."

"Que feriez-vous si WikiSpills vous contactait?"

Cette version du test du Ministère de la Défense présente, par exemple, un cas similaire à celui de Bradley Manning, un soldat américain arrêté en 2012 en Irak car soupçonné d'avoir partagé des informations top secrètes avec le site WikiLeaks. Dans l'une des diapositives, on demande effectivement au participant ce qu'il doit faire s'il est contacté par un journaliste du site "WikiSpills".

Identifier "WikiSpills", même de façon hypothétique, comme étant une réelle entreprise de presse est pour le moins différent de la manière dont les responsables militaires ont considéré WikiLeaks durant le procès de Manning. À cette époque, l'armée a suggéré que le fondateur du site, Julian Assange, avait pris peu de mesures pour vérifier les informations qui lui avait été transmises avant de les publier et avait joué le rôle de co-conspirateur avec sa source.

Steven Aftergood, expert sur le secret d'État américain, estime de son côté que le test diffusé par la DISA est "maladroit et idiot":

"La diapo 'parle souvent de son mécontentement avec la politique étrangère des États-Unis', n'a tout simplement rien à faire sur la liste, explique Aftergood à nos confrères américain du HuffPost. Cela ne traduit pas une menace. Cela pourrait s'appliquer à la plupart des membres du Congrès et même à la plupart des Américains. En présentant les choses de cette façon, la diapo suggère que manifester son désaccord est une menace de sécurité. C'est une erreur."

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