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Elliot Lake : Le propriétaire admet avoir signé des contrats bidon

Elliot Lake : Le propriétaire admet avoir signé des contrats bidon

Le propriétaire du centre commercial Algo, qui s'est effondré partiellement l'été dernier faisant deux morts, a admis à l'enquête publique sur le drame, jeudi, qu'il avait signé des contrats de rénovation se chiffrant à des millions de dollars avec la compagnie d'un ami pour faire croire à son créancier que des travaux seraient effectués.

Robert Nazarian a confessé qu'il s'agissait, avec du recul, d'une mauvaise idée, qui trahissait son désespoir à l'époque.

Le problème d'infiltration d'eau chronique était tel au Centre Algo que les résidents avaient surnommé l'édifice les « chutes Algo ». Le toit, qui servait aussi de terrain de stationnement, s'est finalement effondré partiellement le 23 juin 2012, une poutre complètement rouillée ayant cédé sous le poids des véhicules.

Lors de son troisième jour de témoignage devant la commission Bélanger, M. Nazarian a admis jeudi l'existence de contrats bidon, mais il a assuré que la pratique était légale. Il a affirmé que son intention était de se servir de l'argent obtenu pour financer la réparation du toit.

Son créancier, la Banque RBC, s'inquiétait de l'état du bâtiment et menaçait de lui retirer l'hypothèque si des travaux n'avaient pas lieu.

La commission Bélanger en direct :

Des travaux « trop risqués »

Mercredi, M. Nazarian a témoigné qu'un scénario qui aurait permis de réparer le toit du Centre Algo, trois ans avant qu'il ne s'effondre, a été abandonné parce que l'édifice n'aurait pas pu supporter le poids des réparations proposées.

L'homme d'affaires a indiqué qu'il était sur le point d'autoriser les rénovations, au coût de 903 000$, en 2008. Il a cependant « découvert » que le plan, proposé par un architecte qu'il avait embauché, aurait compromis la solidité de l'édifice.

L'architecte proposait d'ajouter une membrane étanche sur le toit, qui servait aussi de terrain de stationnement, pour ensuite la recouvrir d'asphalte.

Un article, paru dans un journal local, en avril 2008, indiquait que les travaux devaient commencer deux semaines plus tard. Interrogé à ce sujet par la Commission, M. Nazarian a indiqué qu'il s'agissait de « fausse publicité ».

Ignifugation aussi négligée

La réparation du toit du centre commercial n'était pas le seul projet de rénovation que son propriétaire eut reporté. Robert Nazarian a admis qu'il avait aussi omis durant des années de traiter l'édifice contre le feu.

Il a témoigné que toute ignifugation aurait été inutile, compte tenu du problème d'infiltration d'eau chronique au centre commercial. Il a affirmé que ce problème, à l'origine de l'effondrement du toit, devait selon lui être réglé en premier, ce qui n'a jamais été fait. M. Nazarian s'est pourtant conformé à la requête d'ignifugation du chef des pompiers d'Elliot Lake, mais seulement des années après avoir acheté le Centre Algo.

Mardi, la tension était montée d'un cran entre lui et l'avocat de la commission Bélanger. Visiblement frustré par les questions pointues de Me Peter Doody, M. Nazarian avait même répondu par une boutade qu'il avait « bu et joué », plutôt que d'investir dans la rénovation du centre commercial.

M. Nazarian s'est défendu en affirmant qu'il avait hérité d'un « éléphant blanc ». Il a témoigné que les propriétaires précédents ne l'avaient pas informé du tout du problème lorsqu'il a fait l'acquisition du centre commercial. Il ne savait pas, a-t-il dit, que des travaux de l'ordre de millions de dollars étaient nécessaires. Il a ajouté qu'il avait voulu poursuivre les anciens propriétaires, mais que son avocat lui avait conseillé à l'époque de ne pas le faire. Selon le contrat de vente, l'homme d'affaires d'origine iranienne avait acheté l'établissement « tel quel ».

M. Nazarian a affirmé devant la commission Bélanger qu'il avait fait tout son possible pour réparer le toit du Centre Algo. Il a même soutenu mercredi qu'il était prêt à utiliser sa marge de crédit personnelle pour régler la facture.

« Nous n'avons rien fait de mal », a ajouté M. Nazarian.

Toutefois, il a avoué « ne pas avoir de réponse » lorsqu'il a été interrogé sur le fait qu'il avait demandé qu'on retire les mots « fuite en cours » d'un rapport d'inspection.

Les Nazarian avaient tenté de se départir du centre commercial, mais sans succès.