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Du fumier répandu pour chasser les itinérants à Abbotsford : une décision concertée

Du fumier répandu pour chasser les itinérants à Abbotsford : une décision concertée

Les gestionnaires de plusieurs départements de la Ville d'Abbotsford ont participé à la décision d'épandre du fumier sur un terrain où avaient l'habitude de se rassembler les sans-abri, selon des documents municipaux.

Le fumier a été répandu le long de la route Gladys au début du mois de juin afin de décourager les itinérants et les toxicomanes de s'y rassembler.

Au moment où l'incident a été rendu public, le directeur municipal, George Murray, a accepté la responsabilité de la décision et s'en est excusé.

Des courriels compromettants

Des courriels obtenus par CBC en vertu de la Loi sur l'accès à l'information démontrent toutefois que plusieurs gestionnaires de la municipalité d'Abbotsford ont participé à cette décision controversée.

Dans un courriel daté du 3 juin, Eric Fong, un fonctionnaire du département de foresterie de la Ville, fait allusion à une entente entre des fonctionnaires des départements des routes et des règlements municipaux pour « répandre du fumier sous un arbre afin de décourager les itinérants qui y établissent leur campement. »

Eric Fong a envoyé un courriel au directeur des parcs par intérim, James Arden, afin d'obtenir la permission d'aller de l'avant avec « le déversement de fumier » le lendemain matin.

James Arden a approuvé la demande quelques minutes plus tard en notant : « Je suis heureux que nous ayons pu obtenir gratuitement le produit et que nous ayons évité de couper un arbre en santé afin de résoudre ce problème. »

L'arbre en question, qui porte le nom « Honey Tree » dans le sujet du courriel, est un cèdre qui se trouve à l'extérieur de l'édifice qui abrite les locaux de l'Armée du salut d'Abbotsford, et en dessous duquel les itinérants s'installent souvent.

Quand l'affaire a été ébruitée dans les médias, un fonctionnaire nommé Shawn Gurney a écrit à James Arden en disant: « pour ce que ça vaut, même si je n'étais pas directement impliqué dans cette affaire, je crois que l'intention n'avait rien à voir avec les itinérants. Je crois que l'idée était plutôt de décourager les actes de prostitution et l'usage de drogue qui avaient lieu publiquement sous cet arbre. »

James Arden semble confirmer l'interprétation de ce dernier dans sa réponse: « Je sais, mais c'est devenu autre chose aux yeux des observateurs. »

Le directeur des parcs suggère également que le directeur municipal a accepté la responsabilité de sa décision: « C'est ma décision et George [Murray] en a pris la responsabilité pour toute l'équipe de la Ville. »

Pour sa part, George Murray n'a pas voulu confirmer si des directeurs municipaux avaient fait l'objet de mesures disciplinaires à la suite de cette décision.

Les courriels font partie d'une discussion qui a duré plusieurs mois entre les fonctionnaires municipaux sur la question du site où se rassemblent les itinérants, au cours de laquelle il a également été suggéré de couper l'arbre, de couper les buissons qui entourent l'arbre ou encore de placer des blocs de béton sous l'arbre.

Recours collectif?

Ceux qui militent pour les droits des itinérants affirment que la Ville d'Abbotsford mène « une guerre contre les itinérants », les obligeant à se déplacer d'un endroit à l'autre comme des animaux indésirables, tout en ne leur offrant pas de logements acceptables.

D'autres municipalités du Grand Vancouver, telles que Port Moody et Surrey, ont également répandu du fumier pour évincer les itinérants et ont été forcées de s'excuser dans la foulée de réactions du public.

L'organisme de défense des démunis, Pivot Legal Society, devait rencontrer les sans-abri d'Abbotsford mardi soir pour discuter d'un possible recours collectif contre la Ville.

Au début juillet, la Pivot Legal Society a envoyé une lettre au Conseil municipal d'Abbotsford pour l'informer qu'il pourrait faire l'objet d'un recours en justice relativement à cet épandage de fumier.

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