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Égypte : à l'ombre de la place Tahrir, les agressions sexuelles

Égypte : à l'ombre de la place Tahrir, les agressions sexuelles
AP

Un texte de Bahador Zabihiyan

Alors que des milliers d'opposants au président déchu Mohamed Morsi continuent de célébrer leur victoire sur la place Tahrir, des dizaines de femmes s'y font aussi agressées sexuellement, déplorent des organisations de défense des droits de la personne.

Un texte de Bahador Zabihiyan

« Pendant que les personnes étaient en train de fêter le départ de Morsi, il y avait d'affreuses agressions sexuelles et du harcèlement contre les femmes », raconte Diana Eltahawy, chercheuse pour Amnistie Internationale au Caire, en entrevue avec l'émission 24 heures en 60 minutes. Selon elle, deux femmes ont été violées le jour de l'annonce de la destitution du président Mohamed Morsi, mardi. Les témoignages recueillis par la militante font état d'agressions sexuelles violentes, sous les yeux de centaines de témoins, et auxquelles ont parfois pris part des dizaines d'hommes.

L'organisation de défense des droits de la personne Human Rights Watch explique qu'au moins 91 femmes ont été agressées sexuellement entre le 30 juin et le 3 juillet, citant les chiffres d'Operation Anti-Sexual Harassment Assault, un organisme égyptien qui vient en aide aux victimes.

Des groupes d'activistes se sont en effet formés afin de porter secours aux femmes qui se sentiraient menacées. Ces dernières peuvent les contacter par téléphone. Certains groupes offrent aussi des cours d'autodéfense à celles qui le souhaitent. Sur les réseaux sociaux, certaines victimes dénoncent et nomment leurs agresseurs, en guise de représailles, explique l'Associated Press.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a appelé les autorités égyptiennes à mettre un terme à la violence, « particulièrement la violence sexuelle contre les femmes », lors d'une conversation avec le ministre égyptien des Affaires étrangères égyptien, jeudi.

La situation n'est toutefois pas nouvelle. Depuis 2011, plusieurs cas d'agressions sexuelles ont été largement médiatisés, comme celui de Sonia Dridi, la correspondante de la chaine France 24. Cette dernière avait été entourée par une foule hostile, sur la place Tahrir. Des dizaines d'hommes lui avaient déchiré ses vêtements, mais elle avait réussi à se réfugier dans un restaurant avec l'aide d'un collègue et de témoins de la scène. Les journalistes Lara Logan, de la chaine américaine CBS, et Caroline Sinz, de la télévision publique française avaient aussi été agressées sexuellement en Égypte.

Mme Eltahawy estime que ces agressions risquent fort de continuer, car il existe en Égypte une « culture d'impunité ». Car si le système politique de l'Égypte a évolué depuis la chute d'Hosni Moubarak, certaines mentalités n'ont pas changé. « On avait des parlementaires (...) qui ont dit que ces femmes, c'est leur faute, il ne faut pas qu'elles aillent dans des manifestations où il y a des hommes », explique Mme Eltahawy.

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