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Affaires Snowden/Prism: les responsables européens choqués par les révélations de Der Spiegel

Affaires Snowden/Prism: les responsables européens choqués
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La Maison-Blanche n'a pas encore réagi, mais l'Union européenne ne devrait pas se contenter très longtemps de ce silence. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel paru dimanche révèle que l'Union européenne a fait partie des "cibles" de l'Agence nationale de sécurité américaine NSA.

Premier pays européen à réagir officiellement, l'Allemagne. Berlin a exigé dimanche des explications immédiates des autorités américaines. "Il faut que du côté américain on nous explique immédiatement et en détail si ces informations de presse à propos d'écoutes clandestines totalement disproportionnées par les Etats Unis dans l'Union européenne sont exactes ou non", a déclaré la ministre de la Justice Sabine Leutheusser-Schnarrenberge dans un communiqué.

Évoquant les révélations du journal allemand Der Spiegel, le président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schulz, a estimé que "si cela se confirme, il s'agit d'un immense scandale". "Cela nuirait considérablement aux relations entre l'UE et les Etats-Unis", estime-t-il.

Un peu plus tard dans la matinée, l'Union européenne a indiqué qu'elle avait interrogé les autorités américaines. "Nous avons pris contact immédiatement avec les autorités américains à Washington et à Bruxelles et les avons mis face aux informations de presse. Ils nous ont dit qu'ils vérifiaient l'exactitude des informations publiées hier et qu'ils reviendraient vers nous", a ajouté la Commission européenne dans un communiqué.

"Les diplomates ne sont pas des terroristes"

"Si ces allégations sont avérées, ce serait un problème extrêmement grave", a-t-il ajouté en réclamant "une pleine clarification et des informations complémentaires rapides" de la part des autorités américaines.

Pour le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselbron, "les États-Unis feraient manifestement mieux de surveiller leurs services de renseignement plutôt que leurs alliés". L'espionnage américain est "hors de contrôle", juge-t-il, soulignant que si les activités de renseignement "sont justifiées par la lutte contre le terrorisme (...) l'UE et ses diplomates ne sont pas des terroristes".

Toujours sur le site du Spiegel, le député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit a appellé à une rupture immédiate des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique, tant qu'un accord n'a pas été signé avec les États-Unis sur la protection des données.

Des négociations en ce sens, lancées en 2011, n'ont toujours pas abouti.

Écoutez Daniel Cohn-Bendit :

Même demande du côté de Jean-Luc Mélenchon. Il a réclamé dimanche "l'arrêt immédiat des négociations" commerciales entre l'UE et les Etats-Unis, et a demandé que "la France accorde l'asile politique" à Edward Snowden, "qui a permis de démasquer ce complot".

"Les Etats-Unis d'Amérique espionnent l'Union Européenne. Or, le mandat de négociation de la Commission européenne en vue d'un marché unique avec les Etats-Unis est resté caché pour les citoyens et les parlementaires, au motif du secret des pourparlers. Je demande l'arrêt immédiat des négociations et la publication du mandat européen", écrit le coprésident du Parti de gauche dans un communiqué.

"L'Europe se déconsidérerait si elle passait l'éponge"

Davantage de mesure du côté du PS. Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste, a qualifié dimanche d'"inacceptable" un espionnage américain des institutions européennes, si celui-ci était confirmé, et a réclamé un accord sur la protection des données personnelles en préalable à un accord avec Washington.

"Ca montre que l'Europe ne doit pas être naïve sur ses relations" avec Washington, a indiqué l'euro-député interrogé par Radio J. Il a observé que la France a "déjà mis des lignes rouges" dans la négociation du traité commercial transatlantique, en saluant "la victoire de François Hollande" sur l'exclusion du domaine culture de la négociation. "Il faut exiger des garanties sur la protection des données personnelles", a-t-il insisté.

Dans un communiqué, le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS en charge de l'Europe et de l'international, va plus loin, évoquant une suspension "a minima" des négociations. "Incorrigible Amérique qui pense que son bon droit lui permet tous les droits", ajoute l'élu parisien.

"Peut-on croire que la lutte contre le terrorisme nécessitait l'écoute de parlementaires européens, voire du Conseil ?". "L'Europe se déconsidérerait si elle passait l'éponge", selon le député PS.

La France a finalement "demandé dimanche des explications aux autorités américaines" sur les allégations d'espionnage des institutions européennes par Washington, a déclaré le chef de la diplomatie française Laurent Fabius.

"La France a demandé aujourd'hui des explications aux autorités américaines au sujet des informations dévoilées par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel selon lesquelles la National Security Agency (NSA) aurait espionné les institutions de l'Union européenne", a indiqué Laurent Fabius dans un communiqué. "Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables", a-t-il ajouté.

Mercredi, avant les révélations de Der Spiegel, l'Union européenne avait déjà demandé aux États-Unis de lui fournir "aussi rapidement que possible" des réponses à ses questions sur le programme de surveillance américain Prism.

Mi-juin, l'ex-espion américain Edward Snowden avait déjà révélé que Londres aurait espionné les délégués du G20 lors de réunions tenus en avril et septembre 2009.

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