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Les poissons sous prozac deviendraient agressifs et antisociaux

Des chercheurs ont donné du Prozac aux poissons. Résultat?
Getty

C'est ce qu'on appelle une réaction en chaîne. Les Américains sont un des peuples les plus anxieux au monde. Conséquence logique, selon une étude publiée en 2011 250 millions d'ordonnances prescrivant des anti-dépresseurs sont remplies chaque année aux Etats-Unis.

Or les produits pharmaceutiques tels que le Prozac ou le Zoloft, après avoir été déversés dans les canalisations avec des excréments ou de l'eau du robinet, ont la fâcheuse tendance à s'accumuler dans les lacs et rivières. Et qui vit dans les lacs et rivières? Les poissons.

Le dernier barreau de cette échelle compliquée vient d'être découvert par des chercheurs de l'université de Milwaukee-Wisconsin (USA), dans une étude encore en cours et pas encore publiée: les poissons vivant dans des eaux contaminées par des antidépresseurs deviennent anxieux, anti-sociaux et développent, dans certains cas, des tendances meurtrières.

Conscients du fait que les antidépresseurs, à forte dose, pouvaient entraîner des anomalies cérébrales chez l'humain, les chercheurs ont voulu savoir si les poissons subissaient les mêmes effets. L'étude s'est donc portée sur des vairons, une petite espèce de poisson vivant en eau douce, provenant tous d'eaux contaminées par de la fluoxetine, substance contenue dans le Prozac.

Poissons meurtriers

En observant ces poissons, les chercheurs se sont rapidement aperçus que les vairons mâles exposés à une dose minimale de fluoxetine présentaient des comportements étranges:

  • Ils ignoraient les femelles
  • Ils passaient leur temps cachés sous des tuiles ou des pierres, entraînant une baisse de la reproduction
  • Ils mettaient plus de temps à capturer des proies

Enfin, si l'on augmentait la dose de fluoxetine, on observait deux nouvelles réactions:

  • Les femelles pondaient beaucoup moins d'oeufs
  • Les mâles devenaient agressifs et, dans certains cas, en venaient à tuer les femelles

Enfin, dernière étape de l'étude, effectuée tout récemment, les chercheurs ont observé de jeunes vairons ayant ingurgité de la fluoxetine pour savoir de quel façon ils échappaient aux prédateurs. Dans leur fuite, les poissons parcouraient de plus longues distances et opéraient de constants changements de direction. Les signes d'une forte anxiété.

Variations génétiques

Mais comment expliquer scientifiquement ces changements de comportement? "Il semble que le cerveau des vairons ait subi des changements dans leur structure", explique Rebecca Klaper, professeur de sciences de l'eau à l'Université de Milwaukee-Wisconsin et directrice de l'étude. Le fonctionnement des gènes était en fait brouillé par la fluoxetine. Conséquence: la croissance des axones, fibres nerveuses transmettant les informations au corps, s'en trouvait court-circuitée.

Il est encore trop tôt pour affirmer avec certitude que les produits pharmaceutiques déversés dans les lacs et rivières ont le moindre impact sur l'ensemble des poissons de la planète. Précisons simplement que les poissons observés n'avaient pas ingurgité plus que la dose normale d'un humain. De là à penser que les antidépresseurs sont dangereux pour notre cerveau et pourraient, à terme, créer anxiété et agressivité plutôt que de l'apaisement, il n'y a qu'un pas. Et que dire de ceux qui consomment régulièrement du poisson d'eau douce? Pauvres pêcheurs...

Le pire, dans cette histoire, c'est que si tout cela vous angoisse, vous y réfléchirez sans doute à deux fois avant de vous envoyer un Prozac.

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