Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Olivier Poels (Revue du vin de France) : " il n'existera bientôt plus de 'piquette' "

Olivier Poels (Revue du vin de France) : " il n'existera bientôt plus de 'piquette' "

Lancement de vins en canette, rachat de grands vignobles français par une clientèle chinoise, baisse de la consommation du vin rouge... En France, l'univers du vin se façonne un nouveau visage, qui se distingue de celui qui a toujours primé au cours des dernières décennies. Co-auteur du guide "Les meilleurs vins de France" et journaliste à la Revue du vin de France, Olivier Poels, confie à Relaxnews sa vision du vin de demain. Que boiront les consommateurs ?

Relaxnews : Selon vous, quelle sera l'offre de vins de demain ? que boiront les consommateurs ?

Olivier Poels : Il faut regarder du côté de la production. Il existe un vrai fossé entre, d'un côté, les grands vins d'appellations nobles, qui vont continuer à faire leur bonhomme de chemin, et de l'autre, une production massive. Les prix de ces grandes bouteilles s'envolent et deviendront encore plus difficiles d'accès aux Français. A l'opposé, les consommateurs trouvent sans souci un vin de pays d'Oc à 2,50 euros, tout à fait agréable, et qui aurait été une vraie piquette il y a vingt ans.

Nous avons aujourd'hui une meilleure maîtrise de la viticulture et de l’œnologie. Les techniques permettent de produire des vins pratiquement sans défaut. La qualité de nos vins n'a jamais été aussi élevée et, je pense, que cela va s'accentuer à l'avenir, avec la baisse des rendements. Les piquettes sont appelées à disparaître. Ajoutons également que les Français boivent moins de vin et deviennent plus exigeants. Ils préfèrent désormais acheter une bouteille pour une ou deux occasions dans la semaine, plutôt que de boire tous les soirs. Les consommateurs dépensent en moyenne 4,50 euros pour s'offrir une bonne bouteille de vin.

Relaxnews : L'autre tendance dans l'univers du vin, c'est la montée en puissance des vins étrangers, comme les vins australiens ou sud-américains. Cette tendance peut-elle créer une nouvelle offre dans les rayons des magasins français ?

Olivier Poels : En France, les vins étrangers représentent moins de 5% de la consommation. Et cela ne progresse pas ! La France est le premier producteur mondial de vin. C'est un pays qui sait faire assez de produits divers et variés pour ne pas avoir besoin des autres. Si l'on devait établir les cent meilleures cuvées du monde, 90 d'entre elles seraient certainement françaises. Je ne vois donc pas ce qui pourrait amener les vins étrangers à s'imposer en France. On dit aussi que chaque Français a, de près de ou de loin, un lien avec la vigne. La France bénéficie d'une tradition viticole de plus de 2.000 ans. Les consommateurs y sont donc attachés.

Relaxnews : Existe-t-il des cépages étrangers qui ne sont pas cultivés en France, pouvant être introduits dans nos vignobles pour donner naissance à de nouvelles bouteilles ?

Olivier Poels : Il existe une telle diversité de cépages que les vignerons n'ont pas besoin d'aller piocher chez les voisins. Ce sont plutôt les étrangers qui viennent s'inspirer de nos cépages pour les replanter chez eux (sourire, NDLR). Les cultures se trouvent où elles sont parce qu'elles apprécient le climat et la terre où elles poussent. Le monde du vin n'est pas un marché industriel. On ne fabrique pas l'offre en fonction de la demande. Seul un bouleversement climatique empêcheraient les vignerons français de ne plus faire mûrir certains raisins.

Relaxnews : Le rachat de grands vignobles français par une clientèle étrangère peut-il impulser une nouvelle façon de faire du vin et créer de nouveaux goûts ?

Olivier Poels : Non. Les Chinois achètent de beaux vignobles français pour se constituer un patrimoine, mais ils gardent les Français qui travaillent dans les vignes. Ils ne viennent pas en France avec l'idée d'un goût à élaborer.

Relaxnews : Les consommateurs vont-ils prendre l'habitude d'acheter leur vin sur Internet ?

Olivier Poels : La croissance des ventes de vins sur Internet vaut la même chose que pour les chaussures ou l'électroménager : au plus l'offre est vaste, au plus on crée la demande. Les ventes de vin online progresseront inévitablement. La toile tirera son épingle du jeu, grâce à ses prix compétitifs. Et puis, elle n'a pas plus de défaut qu'un achat en grandes surfaces, où vous ne pouvez pas non plus goûter le vin.

Négociants, producteurs et sommeliers venus des quatre coins du monde se retrouveront au Salon international des vins, Vinexpo, à Bordeaux du 16 au 20 juin.

bc/sh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.