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Enbridge : la communauté d'affaires passe à l'attaque

Enbridge : la communauté d'affaires passe à l'attaque

La communauté d'affaires se mobilise en faveur de l'inversion du flux du pipeline d'Enbridge, entre North Westover, en Ontario, et Montréal.

Les représentants d'organisations économiques comme les chambres de commerce, les manufacturiers exportateurs et le Conseil du patronat, ainsi que des représentants de syndicats, soutiennent que les opposants au projet ont eu trop de place dans le débat public jusqu'ici.

Ils affirment que le projet maintiendrait près de 2000 emplois dans le secteur pétrochimique au Québec et réduirait la dépendance de la province au pétrole provenant de l'extérieur de l'Amérique du Nord.

Enbridge prévoit inverser le flot d'un tronçon du pipeline entre Montréal et North Westover, en Ontario, ayant déjà obtenu une autorisation similaire pour le tronçon entre Sarnia et North Westover. Cela ferait passer la capacité de l'oléoduc de 240 000 à 300 000 barils par jour.

Rétablir le sens d'écoulement originel de la Ligne 9 permettrait aux raffineries de Montréal et de Lévis d'avoir accès au pétrole produit à partir des sables bitumineux de l'Alberta.

Les groupes favorables au projet rappellent que le Québec a déjà perdu cinq de ses sept raffineries de pétrole.

L'avenir des deux raffineries qui restent, ainsi que de l'industrie pétrochimique qui en découle, dépend du pétrole provenant de l'Alberta. Son transport pourrait être assuré par le pipeline d'Embridge, si son flux était inversé, et il coûterait en 20 $ de moins le baril, plaident-ils.

Les membres de cette coalition veulent éviter une nouvelle fermeture comme celle annoncée par Shell en 2010.

Daniel Cloutier, représentant national du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, dit comprendre le discours qui vise à « se débarrasser des hydrocarbures » et « limiter notre dépendance au pétrole ». Il précise toutefois qu'« il y a une autre vision de la chose ».

M. Cloutier rappelle que le pétrole entre dans la fabrication de nombreux produits essentiels de la vie quotidienne, allant des vêtements aux téléphones cellulaires.

Pour Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, les promoteurs « qui se font critiquer sont souvent laissés à eux-mêmes même si les avantages pour la communauté sont très élevés ».

Cette rencontre a coïncidé avec la parution mercredi d'une publicité de la compagnie Enbridge dans les journaux pour rassurer la population en faisant état de travaux sur ses installations.

Cette publicité a fait réagir Steven Guilbeault, directeur principal du groupe environnementaliste Équiterre.

Il soutient que les risques sont très importants lorsqu'on inverse le flux du pétrole dans les pipelines. Il rappelle également que les déversements liés à ces pipelines se sont multipliés en Amérique du Nord ces dernières années.

« On a trouvé difficile de manquer d'eau pendant 36 heures la semaine dernière à Montréal. Imaginez un déversement qui affecte l'ensemble de notre approvisionnement en eau potable ».

Le sujet est au cur des préoccupations des municipalités traversées par le pipeline. C'est ce qui amené Montréal à demander au gouvernement du Québec à s'impliquer dans l'évaluation du projet, ajoute Steven Guilbeault.

Le gouvernement de Pauline Marois a promis de tenir des audiences publiques sur le sujet.

La communauté d'affaires souhaite que ces audiences se tiennent le plus rapidement possible pour ne pas retarder l'arrivée du pétrole albertain.

Construit dans les années 1970, le pipeline servait au départ à transporter du pétrole de l'est vers l'ouest du pays. Le flot a toutefois été inversé il y a une vingtaine d'années afin de répondre aux exigences du marché de l'époque. Enbridge doit maintenant obtenir une approbation réglementaire pour que la Ligne 9 puisse retrouver son sens d'écoulement d'origine.

D'après le compte rendu de Philippe-Antoine Saulnier

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