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Radio-Canada pourra diffuser de la publicité à la radio

Radio-Canada pourra diffuser de la publicité à la radio
Flickr: James Cridland

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) renouvelle jusqu'au 31 août 2018 les licences des services de télévision et de radio de langue anglaise et française de la Société Radio-Canada (SRC). Cette dernière diffusera de la publicité sur deux chaînes radiophoniques, une première depuis 1974.

Le CRTC permet la diffusion de publicité sur les ondes des réseaux radiophoniques Espace Musique et Radio 2 pour une période limitée de trois ans. La SRC devra ensuite retourner devant le CRTC et démontrer que les auditeurs n'ont pas été incommodés par la diffusion de publicités.

La SRC pourra diffuser quatre minutes de publicité pour chaque heure de diffusion avec limite de deux blocs de publicités à l'heure. Le CRTC accède ainsi à la demande formulée par Radio-Canada en novembre dernier. La SRC souhaitait ainsi compenser les pertes de revenus découlant des réductions budgétaires de 115 millions de dollars imposées par le gouvernement fédéral.

« La capacité de générer de nouveaux revenus est aussi essentielle », a poursuivi le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix. « Dégager de nouveaux revenus grâce à ces services était un élément central du plan que nous avions élaboré pour faire face à la réduction de notre crédit parlementaire l'an dernier. »

M. Blais soutient que ce n'est pas la question des revenus publicitaires qui a principalement influencé la décision du CRTC. « Premièrement, on doit être influencé par la programmation offerte sur Espace Musique et Radio 2 pour les Canadiens et, d'ailleurs, c'est pour ça qu'on exige une diversité de musique », a déclaré le président du CRTC, Jean-Pierre Blais, sur les ondes de RDI. « Donc chaque mois, sur le côté francophone, Radio-Canada devrait sur Espace Musique diffuser 2800 différentes pièces musicales. »

« Tous les Canadiens et les Canadiennes continueront à recevoir les services de qualité auxquels ils s'attendent de leur radiodiffuseur public national », a déclaré M. Blais. « Dans l'univers médiatique en constante évolution, la Société Radio-Canada continuera à jouer un rôle clé pour la vitalité de la culture canadienne de langue française et anglaise, partout au pays. »

« L'appui accordé à notre plan par le CRTC arrive à un très bon moment pour nous », a déclaré M. Lacroix. « Nous avons fait la moitié du chemin dans la mise en uvre de la Stratégie 2015 pour devenir plus régional, plus canadien et plus numérique : depuis 2011, nous avons ouvert huit nouvelles stations régionales, dont celles de Rimouski, Hamilton, Kitchener-Waterloo et Kamloops, nous offrons plus de contenu canadien aujourd'hui qu'à aucun moment de notre histoire. »

Les Amis de la radiodiffusion canadienne, un groupe de surveillance indépendant, dénonçent les nouvelles licences. « Elles démontrent les conséquences des années de négligence de la part de gouvernements successifs, et sont le reflet de l'hostilité des Conservateurs Harper envers la radiodiffusion publique au Canada. »

Les Amis font valoir que la proposition de la SRC de placer des annonces publicitaires à certains de ses réseaux radiophoniques « a été contestée par 893 intervenants sur 965 aux audiences. » Ils estiment que le CRTC « est tombé dans le panneau du raisonnement mal fondé voulant que Radio-Canada devrait se commercialiser de plus en plus et mettre fin à près de 40 ans de radio sans publicité ».

De leur côté, la Fédération nationale des communications (FNC) et le Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC), affiliés à la CSN, dénoncent le « nouveau virage commercial que prendra la Société Radio-Canada » qui vise, selon eux, à « remplacer le désengagement du gouvernement dans le financement de l'unique diffuseur public canadien », a soutenu Alex Levasseur, président du SCRC-CSN.

« Malgré cette nouvelle source de revenus, il appert que la question du financement global de Radio-Canada a été oubliée par le CRTC. Rien sur la mise à mort du Fonds pour l'amélioration de la programmation locale (FAPL) qui disparaîtra le 1er septembre 2014 et ses conséquences sur le contenu régional. Aucune indication que le gouvernement changera de cap même si le CRTC constate que le niveau de financement de Radio-Canada sera annuellement inférieur de 160 millions de dollars à ce qu'il était en 2002, et ce, malgré l'inflation, tout en réaffirmant que la SRC devra ajuster sa programmation en tenant compte de cette réalité financière », soulignent les deux syndicats.

Reflet régional et l'ère du numérique

Le CRTC demande toutefois à la SRC d'améliorer son contenu régional. Il souhaite que les minorités linguistiques du pays puissent se retrouver davantage dans les émissions et les bulletins d'information nationaux de la SRC. Il impose ainsi un minimum de cinq heures de programmation locale par semaine et il recommande à la société de recourir à des producteurs indépendants implantés dans ces communautés francophones hors Québec.

M. Blais souligne que ces doléances ont été entendues à maintes reprises lors des audiences du CRTC. Les citoyens aimeraient se retrouver davantage dans la programmation du diffuseur public canadien.

Le CRTC se préoccupe également des jeunes auditeurs de la SRC en exigeant une programmation contenant 15 heures d'émission pour enfants par semaine, et ce, dans chacune des deux langues officielles. « Tous les Canadiens paient pour le radiodiffuseur public, y compris les parents de ces jeunes, et ils méritent d'avoir de la qualité », a commenté M. Blais.

Le président de la FNC, Pierre Roger, souligne toutefois que « l'obligation de produire des émissions jeunesse passe de 20 à 15 heures par semaine pour chaque réseau », et qu'aucune exigence supplémentaire n'a été formulée relativement à la programmation régionale. « Pour le Réseau de l'information (RDI), le CRTC réduit encore l'exigence de contenu régional puisque seulement 33 % de la production doit être consacrée aux émissions ou aux segments d'émission provenant des régions. Cette avenue confirme l'orientation de ce que l'on nommait déjà, la montréalisation du RDI », déplore M. Côté.

Par ailleurs, le CRTC appuie également le virage numérique de la société d'État. M. Blais estime qu'il reflète l'évolution des modes de diffusion des médias. « La dernière fois qu'on a fait un renouvellement formel de CBC/Radio-Canada, c'est en l'an 2000. Le monde médiatique était tout autre - moins international, moins numérisé et moins interconnecté - et Radio-Canada dans son plan a proposé une stratégie numérique et nous appuyons leur vision du monde multiplateforme. »

L'organisme de régulation admet toutefois n'avoir aucun pouvoir sur le financement du diffuseur public. « Chacun dans le système gouvernemental a son rôle, explique M. Blais. Nous, notre rôle est de décider quelles seront les obligations de Radio-Canada et c'est aux élus canadiens, à travers leur Parlement, de déterminer des fonds qui sont alloués à Radio-Canada. »

Le CRTC est un tribunal administratif qui réglemente et surveille la radiodiffusion et les télécommunications au Canada.

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