La nouvelle avait fait le tour du monde en février 2012 : des chercheurs américains annonçaient qu'un médicament habituellement administré dans le traitement contre le cancer de la peau donnait des résultats encourageants contre la maladie d'Alzheimer chez la souris.
Selon les auteurs de ces travaux réalisés à la Case Western Reserve University et publiés dans la revue Science, le bexarotène restaurait rapidement les fonctions cérébrales normales de souris de laboratoire atteintes de l'équivalent de l'alzheimer. Il s'attaquait selon eux à l'accumulation de fragments de la protéine bêta-amyloïde, un élément clé dans l'apparition de la maladie dégénérative.
Or, deux ans plus tard, quatre équipes de chercheurs affirment ne pas être en mesure de reproduire ces résultats.
Dans les travaux initiaux, l'anticancéreux avait fait disparaître chez ces souris jusqu'à 75 % des plaques de bêta-amyloïde, ce qui avait permis d'inverser les symptômes de cette maladie, comme la perte de mémoire. Les premiers signes du retour à la normale pouvaient même être remarqués après 72 heures de traitement, ce qui avait ravivé l'espoir d'une possible guérison complète pour les personnes atteintes.
L'heure du désenchantement
Des équipes de chercheurs du monde entier se sont alors emparées de cette recherche afin d'en vérifier les résultats et quatre d'entre elles annoncent aujourd'hui ne pas avoir réussi à reproduire les résultats
En fait, pour trois d'entre elles, les souris de laboratoires traitées avec du bexarotène n'ont présenté aucune amélioration après le traitement. Pour la quatrième, une amélioration de la santé mentale des souris a été remarquée, sans que l'équipe puisse confirmer que c'était dû au traitement.
Ces résultats, également publiés dans la revue Science, portent donc un dur coup à l'étude initiale. Les groupes de recherches invitent à la prudence les médecins qui prescrivaient de la bexarotène comme traitement contre l'alzheimer. Le Pr Robert Vassard, de l'École de médecine de l'Université Feinberg, les incite à cesser cette pratique puisque le traitement peut provoquer des effets secondaires graves.
En janvier dernier, des chercheurs de l'Université Laval, du CHU de Québec et de la pharmaceutique GlaxoSmithKline (GSK) ont annoncé la découverte d'une façon de stimuler les mécanismes de défense naturelle du cerveau des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Il s'agit, selon eux, d'une percée majeure dans le domaine de la recherche contre cette maladie, puisqu'elle ouvre la porte au développement d'un éventuel traitement pour les gens atteints d'alzheimer et d'un vaccin pour prévenir la maladie.