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SOS homophobie: les chiffres du rapport 2013 sur l'homophobie sur Internet (EXCLUSIF)

France: Les propos homophobes sur Internet ont doublé en un an
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Slogans homophobes sur des pancartes, visages tuméfiés de personnes prises à parti, menaces lancées dans des courriers contenant de la poudre de balle... Les débats sur le mariage gay ont engendré en 2012 une grande violence d'abord dans l'hémicycle, dans la rue et dans l'espace médiatique. Ces violences ont aussi plus que jamais leur "double numérique" sur la Toile: les invectives et autres actes homophobes sur Internet signalés à SOS homophobie ont en effet plus que doublé par rapport à 2011, d'après son rapport annuel qui sera diffusé ce mardi et dont Le HuffPost dévoile une partie

645 cas ont été signalés à SOS homophobie en 2012, contre 249 cas en 2011. Ils ont donc été multiplié par plus de 2,5. Ils représentent désormais 35% du total des cas d’homophobie signalés à l’association, contre 21% “seulement” l’année précédente.

Les débats sur le mariage pour tous, principal facteur d’augmentation

En cause, bien sûr, les débats sur le mariage pour tous, puisque près de la moitié des cas d’homophobie recensés se concentrent sur les trois derniers mois de 2012, au moment où débutent les manifestations contre le projet de loi. “Tout le monde s’est mis à débattre du mariage pour tous, et cela s’est évidemment ressenti sur les réseaux sociaux et sur Internet, avec un effet exponentiel, du fait des possibilités sur la Toile”, explique Elisabeth Ronzier, présidente de SOS homophobie.

L’explosion des messages haineux sur la Toile est amplifié par la nature même d’Internet, un espace virtuel où l’anonymat donne souvent l’illusion d’être invisible, et par l’aspect faussement “privatif” des réseaux sociaux. “Les gens se sentent protégés derrière un ordinateur. Ils pensent jouir d’une certaine immunité et laissent donc libre cours à leurs préjugés”, explique Elisabeth Ronzier.

Flashback #SiMonFilsEstGay

Certains signalements adressés à l’association ont été effectués à la suite du hashtag #SiMonFilsEstGay. Ce mot-clé qui figurait fin décembre parmi les mots-clés les plus utilisés sur Twitter, avait révélé une déferlante de tweets haineux, et notamment de tweets appelant au meurtre contre les homosexuels. Cet épisode avait provoqué des réactions de réprobation très fortes dans le monde politique et notamment au Parti socialiste. “Ces propos ne sont pas seulement choquants et odieux, ils sont interdits par la loi", avaient alors écrit dans un communiqué les secrétaires nationaux du PS aux médias et aux questions de société, Philippe Buisson et Marc Coatanéa. La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avait également réagi, sur Twitter :

Insultes et “homophobie sociale”

Que contiennent les messages homophobes envoyés sur Internet? Essentiellement des insultes, révèle le rapport de SOS homophobie, qui a en a comptabilisé près de 38%. Le reste des cas signalés consiste en de la diffamation (21%) - affirmer qu’une personne est lesbienne par exemple quand elle ne l’est pas-, des menaces ou du chantage (16%). Enfin une quatrième catégorie intitulée ’”homophobie sociale” (25%) possède des contours plus flous: l’association appelle ainsi les contenus qui “relèvent de la liberté d’expression sans verser dans l’insulte, la diffamation ou l’incitation à la haine” mais sont l’expression, selon SOS homophobie, d’une “homophobie latente”. “Le refus de l’égalité des droits est en lui-même une forme d’homophobie”, avance le rapport. “Si une personne nous signale ces propos, c’est qu’elle s’est sentie blessée”, justifie Elisabeth Ronzier.

La plupart des signalements adressés à l’association pour des propos relevés sur Internet concernent les commentaires sous les articles de presse ou de blogs, mais une grande partie est aussi maintenant repérée sur les réseaux sociaux, représentant plus d’un tiers des signalements sur Internet. Si Facebook tient toujours le haut du pavé (21%), Twitter n’est pas en reste (entre 10% et 15% des signalements sur Internet).

Des propos difficiles à effacer

SOS homophobie pointe la difficulté de contrôler les propos homophobes qui pullulent sur la Toile, notamment à cause d’une insuffisante coopération des réseaux sociaux qui les véhiculent. Les pourparlers du gouvernement avec Twitter notamment, en début d’année 2013, n’ont pas abouti à mettre en place un vrai contrôle de la part de Twitter, regrette le rapport, mais ont instauré un statut spécifique “d’alerteur” pour les associations, mis en place il y a moins d’un moins pour SOS homophobie.

Outre l’existence de ces propos, leur persistance fait aussi problème, puisque “nombre d’entre eux , malgré les signalements, ne sont pas supprimés”, relève le rapport. L’association a pourtant mis en place une “brigade” pour aider à faire retirer des propos homophobes et transphobes sur la Toile, une démarche que les internautes ne connaissent pas toujours et qui semble fastidieuse. Les “Biches” (acronyme pour Brigade d’intervention contre l’homophobie et le sexisme sur Internet) agissent sur demande, et contactent l’auteur des propos puis, si besoin, l’administrateur du site Internet, l’hébergeur et enfin les autorités.

2013 devrait faire pire...

Si 2012 est donc une année particulièrement “réussie” pour les insultes homophobes sur Internet, 2013 devrait faire encore “mieux”, puisque le nombre d’insultes et autres propos homophobes adressés à l’association pour les quatre premiers mois et demi de cette année atteint déjà presque le nombre global pour 2012 (près de 1600 témoignages de janvier à mai 2013 contre près de 2000 pour toute l’année 2012). A l’image du dernier épisode haineux sur Twitter, avec le hashtag “UnGayMort”. “On espère que cette recrudescence aura au moins l’avantage de débloquer les consciences, et qu’on n’entendra plus dire que l’homophobie n’existe plus”, veut positiver Elisabeth Ronzier.

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