Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Le mariage gay voté définitivement à l'Assemblée nationale de France, mais le feuilleton continue

Ils ont dit oui
Hélène Paris

MARIAGE GAY - Noces historiques à l'Assemblée nationale françaises. Sans surprise, les députés ont adopté de manière définitive et à une très large majorité le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels. A moins d'un improbable coup de théâtre politique ou d'une éventuelle censure du Conseil constitutionnel, la France devient ainsi la neuvième nation européenne et la quatorzième au niveau mondial à légaliser les unions de couples du même sexe.

Le projet de loi, qui a été voté conforme à celui adopté par le Sénat, a recueilli le soutien de 331 députés. 225 députés ont voté contre, venant essentiellement des rangs de l'UMP et de l'UDI. 10 députés ont choisi de s'abstenir.

"Après 136 heures et 45 minutes de débats, l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi" sur le mariage pour tous, a annoncé le président de la Chambre basse, Claude Bartolone, sous les applaudissements de l'aile gauche de l'hémicycle qui a scandé "Egalité, égalité" tandis qu'une partie de l'opposition quittait l'Assemblée.

Crédit: Nabil Touati / LCP

"Une loi pour la société toute entière" contre "un déni moral"

La gauche et la droite se seront opposées jusqu'au dernier moment sur ce projet de loi emblématique de la législature. Un incident de séance a notamment éclaté juste avant le vote entraînant l'exclusion de plusieurs spectateurs dans les tribunes. Selon des journaliste présents sur place, des militants ont tenté de déployer une banderole juste avant le vote. Ils ont été sortis des tribunes sur ordre de Claude Bartolone qui a exigé l'expulsion des "ennemis de la démocratie".

Une heure avant, une vive passe d'armes a notamment opposé le député UMP, Etienne Blanc, au ministre de l'Intérieur Manuel Valls lors des Questions au gouvernement qui précédaient le vote solennel.

"On ne peut changer une civilisation avec une loi ordinaire", a affirmé le premier, en accusant le gouvernement de pratiquer "le mépris et l'humiliation" envers les manifestants. Il s'est attiré une vive réplique de Manuel Valls, qui s'est insurgé contre les "violences homophobes" et "la mise en cause de la légitimité" du Parlement à voter la loi.

Les explications de vote ont été une ultime occasion pour les pro et les anti de croiser le fer et le verbe. "La gauche vient d'ouvrir le champ des libertés au nom de l'égalité des droits. [Mais] la France n'est qu'en train de rattraper son retard" sur d'autres pays d'Europe, a défendu l'écologiste Noël Mamère qui avait marié symboliquement en 2004 un couple homosexuel.

"Ce n'est pas une loi pour une minorité mais pour la société toute entière", a vivement défendu le député socialiste Bernard Roman tout en dénonçant "l'homophobie" qui s'est exprimée pendant les débats à l'Assemblée et lors des manifestations contre le mariage pour tous. "Marions-les, marions les dès l'été

"Vous ajoutez de la crise à la crise, vous allumez la mèche indigne de l'homophobie", lui a répondu le député UMP Hervé Mariton, qui fut l'un des principaux adversaires du texte.

Un recours déposé avant demain devant les Sages

Une chose est sûre, si la guerilla parlementaire s'achève ici, le combat contre le mariage pour tous continue dans la rue et dans les coulisses. Pendant que les anti manifesteront aux alentours de l'Assemblée nationale, et avant même le grand défilé prévu le 26 mai pour la fête de Mères, les sénateurs UMP et UDI-UC ont saisi le Conseil constitutionnel dès le vote du texte à l'Assemblée.

"Nous avons fait en sorte qu'il n'y ait pas de fragilité juridique", assure la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti. Mais l'opposition espère attaquer le projet de loi sur la forme, malgré les déclarations passées du président du Conseil, Jean-Louis Debré, qui avait rappelé que le mariage relevait d'une décision du législateur.

Parmi les angles d'attaque de l'UMP: la filiation "qui a toujours eu dans notre droit une origine sexuée", "l'adoption", "la discrimination sur l'accès aux origines", "le contournement du principe des lois bioéthiques" et enfin le "droit au travail" dans l'article 16 bis du projet de loi, accusée d'obliger les couples homosexuels à révéler leur orientation sexuelle à leur employeur.

Le Conseil constitutionnel doit se prononcer dans un délai d'un mois. Et, sauf en cas de censure majeure, la loi devrait être promulguée dans la foulée, suivie de ses décrets d'application.

Les anti rêvent d'un scénario à la CPE

Les premiers mariages homos pourraient donc se tenir dès le mois de juin ou juillet. Mais les adversaires du projet de loi rêvent encore d'un scénario à la CPE, du nom du contrat première embauche défendu jadis par Dominique de Villepin et violemment contesté par la rue.

A l'époque, le texte de loi avait été adopté par le Parlement et promulgué par Jacques Chirac. Mais il n'était jamais entré en vigueur, faute de décrets d'application.

Les pays qui ont légalisé le mariage gai

Les pays qui ont dit oui

Mariage gay: chronologie d'un débat sans fin

1750 - Le dernier bûcher de Sodome

L'histoire des droits des homosexuels en France

» Suivez en direct toutes les réactions à l'adoption du mariage gay

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.