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France : vers une baisse des prix pour un millésime Bordeaux 2012 hétérogène

France : vers une baisse des prix pour un millésime Bordeaux 2012 hétérogène

Le millésime 2012 des vins de Bordeaux, qui sera apprécié en France à partir du 8 avril par les professionnels, est catalogué comme "hétérogène" en raison d'une climatologie peu adéquate qui devrait entraîner une baisse des prix pour les propriétés surévaluées en 2011.

"Le résultat est hétérogène, il n'y aura pas pour 2012 des vins qui se ressemblent", car "c'est un millésime très marqueur des terroirs où on trouve de la sucrosité dans les terres argiles, du salé dans les calcaires et du fumé dans les graves", a indiqué Stéphane Derenoncourt qui, comme ses confrères oenologues qui suivent l'élaboration des vins, a déjà une fine perception du millésime.

Hétérogène, mais "avec un printemps humide, une année vigoureuse où la vigne a poussé et des vendanges tard dans l'automne, le cycle végétatif a été long et cela donne souvent des choses intéressantes", dit-il en estimant que s'il "manque certes de puissance, il a beaucoup d'élégance avec des notes florales, d'épice et une bonne acidité".

Du côté des professionnels de la commercialisation, "2012 ne sera pas un millésime pour les grands amateurs ou spéculateurs", prévient cependant un courtier en vins de la place de Bordeaux spécialisé en grands crus, soulignant néanmoins la "grande qualité" des nectars bordelais qu'il a pu lui aussi déguster en avance.

Rappelant l'inflation des prix à chaque grand millésime, en 2000, 2003, 2005, et surtout 2009 et 2010, il a regretté que le 2011 "plus classique" n'ait pas connu de baisse substantielle.

En conséquence, il appelle les propriétaires, qui fixeront le prix des bouteilles à l'issue des dégustations primeurs, à "un geste fort" et "une baisse au cas pas cas", pointant particulièrement ceux qui, après les envolées des prix des 2009 et 2010, ne sont pas "revenus à la raison".

"2011 a le goût du trop cher"

Même son de cloche pour le président de l'Union des grands crus, qui regroupe 134 propriétés, soulignant néanmoins que "les vins qui sont dans leur marché se vendent très bien".

"Sur un certain nombre d'étiquettes cela n'a pas baissé suffisamment en 2011, elles doivent donc continuer à baisser. Ceux qui ont fait les efforts qu'il fallait en 2011 peuvent sortir leurs vins au même prix, et, à quelques rares exceptions, certains peuvent se permettre d'augmenter car ils ont fait des bombes en 2012", indique Olivier Bernard.

Sur une liste de prix de sortie des vins en primeurs consultée par l'AFP, les millésimes 2011 de grandes propriétés ont été proposés à des prix bien supérieurs à de millésimes de qualité équivalente.

"Il y a toujours de la demande sur les grands millésimes, il faut être plus fluide sur les millésimes intermédiaires", martèle le courtier, dont l'activité est de conseiller les propriétés sur l'état du marché et certifier les accords passés avec le négoce qui achète à prix avantageux les récoltes deux ans avant leur mise en bouteille, pour ensuite les revendre à travers le monde.

"2011 a le goût du trop cher", confirme le négociant bordelais Millésima, l'un des cinq plus gros acheteurs de Bordeaux en primeur. Son directeur, Patrick Bernard, estime que le millésime 2012 "de qualité moyenne" devrait inciter les propriétaires "à trouver la force de caractère pour fixer des prix qui correspondent au marché".

"Si on fait des prix trop élevés personne n'achètera" en primeur, prévient-il. "Et je ne suis pas sûr que la Chine", devenue le premier importateur de vins de Bordeaux, "pourra jouer ce rôle d'entraînement qu'elle a eue sur les millésimes 2009 et 2010", prévient-il.

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