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Longueuil choyé par Dessau

Longueuil choyé par Dessau

Un texte de Bernard Leduc

Rosaire Sauriol, numéro 2 de Dessau, a expliqué à la commission Charbonneau que dans les années 2000, sa firme a fait partie d'un cartel de firme de génie-conseil à Longueuil où se retrouvaient, outre Dessau, SNC-Lavalin, CIMA, Genivar et SM.

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Dessau a, en contrepartie des contrats obtenus, financé en argent comptant les campagnes électorales des maires Claude Gladu et Jacques Olivier, a expliqué celui qui occupe les fonctions de vice-président principal Amérique latine dans la firme. Environ 25 000 $ en argent comptant ont ainsi été remis à trois reprises, en 1998 (Gladu), 2001 (Olivier) et 2005 (Gladu).

Dessau participait aussi, tout comme l'ensemble des firmes qui faisaient affaire à Longueuil, au tournoi de golf annuel de la Ville où chacune remettait alors un chèque de 5000 $.

L'argent comptant destiné aux campagnes électorales était remis soit à Serge Sévigny, soit à André Létourneau. Le contact entre ces derniers et Dessau était assuré par Normand Fallu, alors vice-président au développement pour la Rive-Sud.

Selon M. Sauriol, le système a été mis en place dans la foulée de l'adoption de la loi 106. Jusqu'alors, les contrats dans les grandes municipalités étaient octroyés de gré à gré par les élus eux-mêmes, qui exigeaient en retour des contributions politiques, affirme M. Sauriol.

Le système mis en place après 2002 servait tout simplement à contourner la loi et permettre aux acteurs en présence de continuer comme avant.

« Avant, c'était comme après, sauf qu'après c'était illégal, c'était un système de collusion, mais les ordres passaient par le même canal », soit le maire ou le comité exécutif, dit Rosaire Sauriol.

Selon l'agenda électronique de M. Sauriol examiné à la commission, le maire Gladu a été invité en 2006 dans la loge de Dessau au Centre Bell pour les Rolling Stones en compagnie de Frank Zampino, de Jacques Goyette et de Marc Bibeau, propriétaire de Schokbéton et collecteur de fonds pour le Parti libéral du Québec.

M. Goyette, un notaire alors membre de l'exécutif de la Ville de Longueuil, tentera en vain de succéder à M. Gladu en 2009, mais sera battu par le parti de l'actuelle mairesse, Caroline St-Hilaire.

En août 2008, MM. Gladu et Goyette sont à nouveau invités au Centre Bell par Dessau, cette fois pour un spectacle de Céline Dion. Est aussi présent Cosmo Maciocia, maire de l'arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles et Bernard Trépanier, chef d'orchestre de la collusion dans les firmes de génie à Montréal.

M. Sauriol tient a précisé qu'il s'agit d'invitation et qu'ils ne peut confirmer que ces personnes, en 2006 et 2008, se sont présentés. Mais il s'agit en général de gens qu'il connaissait bien, précise-t-il à la demande de la commissaire.

Châteauguay et Chambly aussi...

Rosaire Sauriol a aussi contribué à deux campagnes électorales de Sergio Pavone, maire de Châteauguay de 1999 à 2009. Il a remis ainsi, par deux fois, des montants entre 15 000 $ et 20 000 $ à l'organisateur du maire Charles Ghorayeb.

M. Ghorayeb est une des deux personnes par qui Dessau est incidemment passé pour faire de la fausse facturation, comme il a été mentionné mardi. Il a été candidat pour le Parti libéral du Canada en 2006 et pour l'ADQ en 2007. Il a aussi tenté à plusieurs reprises de se faire élire à la mairie de Châteauguay.

La firme Dessau a enfin donné entre 5000 4 et 10 000 $ à la campagne du maire de Chambly Pierre Bourbonnais et celle de Denis Lavoie, cette fois avec un montant entre 5000 $ et 8000 $.

Dessau a donné 1 M$ au PQ et au PLQ, et plus encore...

Plus tôt dans la journée, la commission a abordé la question des dons de Dessau aux partis politiques provinciaux, Les cadres et employés de la firme de génie-conseil ont ainsi contribué pour 1 million de dollars au PLQ et au PQ. Selon des données présentées par la commission, le PLQ a reçu de 1998 à 2010 quelque 600 000 $ et le PQ 394 000 $.

Mais selon l'aveu même du vice-président principal Amérique latine de Dessau Rosaire Sauriol, le montant est en fait plus élevé, puisque sa firme trouvait des prête-noms à l'externe pour ramasser de l'argent pour les partis.

M. Sauriol a expliqué que seule une minorité n'était pas remboursée. Il s'assurait sinon lui-même de rembourser les contributions qui, toutes, a-t-il précisé, étaient faites par chèque. Les remboursements se faisaient pour leur part en argent comptant (d'où le recours à la fausse facturation dévoilé mardi), ou par le compte de dépense des employés.

Il a expliqué que c'était bel et bien lui qui dirigeait ces opérations, mais que son frère, numéro un à Dessau, en était informé, tout comme c'était le cas pour toutes les questions de fausse facturation.

Mardi après-midi, le numéro 2 de la firme basée à Laval a révélé que la firme avaient fait de la fausse facturation pendant environ cinq ans pour répondre aux demandes de financement « de plus en plus importantes » des partis politiques provinciaux et municipaux. Dessau utilisait deux contacts qui avaient des « réseaux d'entreprises » pouvant faire de la fausse facturation, soit Rapid Check (Réjean Robert) et Commerce Al-Shark (Charles Ghorayeb).

Rosaire Sauriol soutient que la firme a finalement révélé toute l'affaire au fisc en 2011. Le stratagème avait cessé en 2009, en raison notamment de la création de l'escouade Marteau et de la publication de diverses enquêtes journalistiques.

M. Sauriol a aussi expliqué mercredi que sa firme a fait du financement politique au fédéral.

Un texte de Bernard Leduc

Dons de Dessau au PLQ et au PQ entre 1998 et 2010 :