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Vente de stéroïdes à Gatineau : un trafiquant se confie

Vente de stéroïdes à Gatineau : un trafiquant se confie

Un trafiquant de stéroïdes de Gatineau s'est confié à Radio-Canada sous le couvert de l'anonymat afin d'expliquer les rouages de son commerce illicite.

Le jeune homme explique qu'il peut gagner un revenu de 60 000$ à 65 000 $ annuellement avec ses activités illégales. Il avoue même qu'il pourrait pousser la vente davantage, mais soutient qu'il s'agirait d'un geste irresponsable pour sa sécurité.

L'anadrole (oxymétholone), qui est utilisée pour soigner l'anémie aplasique, entre autres, est un puissant stéroïde anabolisant très populaire dans son commerce. Les utilisateurs de cette drogue, qui désirent augmenter leur masse musculaire rapidement, mélangent le produit avec la testostérone. Les clients du trafiquant peuvent dépenser de 400 $ à 600 $ aux trois mois afin de se procurer les produits.

La directrice du Laboratoire du contrôle du dopage, Christiane Ayotte, n'est pas tendre envers les utilisateurs de stéroïdes. Elle souligne que plusieurs drogues ont été produites par l'industrie pharmaceutique destinée aux animaux. La spécialiste croit également que les consommateurs de stéroïdes prennent de grands risques puisqu'ils ne peuvent pas s'assurer de la provenance des produits. Ceux-ci sont parfois fabriqués dans des laboratoires clandestins.

Le trafiquant rencontré par Radio-Canada défend la qualité de la marchandise qu'il se procure à Montréal. Il dit qu'il ne pourrait pas se permettre de distribuer des produits de mauvaise qualité. « La clientèle est exigeante. Puisque c'est du bouche à oreille, ça ne prendra pas de temps avant de te faire un mauvais nom », explique-t-il.

Il note que la compétition dans le commerce illégal se concentre davantage sur l'apparence du produit, soit l'étiquetage et la couleur des bouchons.

Nuance dans la loi

L'industrie clandestine de la vente de stéroïdes évolue autour d'une loi aux contours flous. Le trafic des stéroïdes est illégal, mais la possession de la drogue est permise. Selon le trafiquant, les clients sont moins nerveux.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) et l'Agence des services frontaliers s'attaquent aux importateurs et aux trafiquants avec des frappes ciblées.

Par contre, les corps policiers municipaux ne font pas de l'élimination des stéroïdes une priorité.

À Gatineau, les policiers affirment qu'ils traiteront les informations reçues, mais que les enquêteurs se concentrent sur les drogues dures, le cannabis et les drogues de synthèse.

Au service de police d'Ottawa, le sergent d'état-major de la section des drogues, Mike Laviolette, soutient que la loi n'est pas écrite en faveur des policiers. De plus, les ressources affectées à la lutte aux trafiquants de stéroïdes sont souvent limitées ou inexistantes.

En collaboration avec la police internationale (Interpol), le directeur de l'Agence mondiale antidopage, David Howman, surveille de près ce commerce en expansion. Il croit que la loi doit avoir plus de mordant. « Je crois que c'est le rôle du gouvernement de se pencher sur la question parce que le problème augmente sérieusement », souligne-t-il.

David Howman ajoute que la drogue a un effet néfaste sur les jeunes.

De son côté, le propriétaire du centre de conditionnement physique Gym Max à Gatineau, Steve Morneau, a décidé de faire sa propre loi. Il expulse systématiquement les revendeurs et les consommateurs de stéroïdes pris en flagrant délit. « Je pense qu'on est plus sévère que la loi là-dessus », affirme-t-il.

D'après le reportage de Louis Blouin.

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