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Tunisie : à la recherche d'une sortie de crise

Tunisie : à la recherche d'une sortie de crise

Tenant à son idée de gouvernement apolitique, le premier ministre Hamadi Jabali a contourné son parti, l'islamiste Ennahda, pour aller chercher des appuis ailleurs, et pas les moindres.

Après la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui s'est déclarée favorable à un gouvernement technocratique, le patronat tunisien a apporté mardi son soutien à la proposition du premier ministre.

« La décision du chef du gouvernement provisoire d'Hamadi Jebali de former un gouvernement de compétences nationales ne manquera pas d'aider la Tunisie à sortir de la crise qu'elle traverse actuellement », a indiqué l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), dans un communiqué.

Par ailleurs, Mustapha Ben Jaafar, chef du parti Ettakatol et qui préside l'Assemblée nationale constituante, a dit « soutenir vivement » M. Jebali.

M. Ben Jaafar estime que le pays est dans une « situation critique » que l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd a aggravée.

Optimiste, M. Ben Jaafar croit qu'Ennahda « mettra l'intérêt national au-dessus des intérêts partisans ».

Pour sauver la face et éviter un éclatement du parti, le chef historique d'Ennahda, Rached Ghannouchi, a proposé que le prochain gouvernement soit une mixture de politiques et de technocrates.

« Le gouvernement qui peut sauver la situation dans le pays est un gouvernement [...] de coalition nationale », a-t-il déclaré, insistant pour que le cabinet « représente aussi les forces politiques ».

Par ailleurs, le premier ministre a réuni mardi 16 personnalités tunisiennes qui font consensus. Il s'agit entre autres du le constitutionnaliste Iyad Ben Achour, du chef d´État major de l'armée, Rachid Ammar ainsi que l'avocat et vice-président d'Ennahda, Abdelfattah Mourou.

Selon le ministre de la Culture, Mehdi Mabrouk, lors de cette rencontre de trois heures, ces personnalités ont insisté sur la nécessité d´un calendrier pour les prochaines élections.

Ce groupe de personnalités doit entamer des rencontres avec les partis politiques.

La Tunisie reste donc suspendue aux pourparlers tous azimuts qui se déroulent ces jours-ci à Tunis.

Le premier ministre Hamadi Jebali a indiqué qu'il allait démissionner s'il ne parvenait pas à former un cabinet de technocrates avant le milieu de la semaine.

Débat juridique

À la crise politique aiguë, s'est ajoutée une épineuse question juridique.

Le premier ministre estime qu'un simple remaniement ne l'oblige pas à demander la confiance de l'Assemblée nationale constituante (ANC) où les islamistes contrôlent 89 des 217 sièges. Pour le premier ministre, l'Assemblée constituante doit se concentrer sur la rédaction de la nouvelle Constitution du pays.

Mais Ennahda et le Congrès pour la République, du président Moncef Marzouki, estiment que la formation d'un nouveau gouvernement doit avoir l'aval de l'Assemblée constituante.

Un assassinat qui a révélé une profonde crise

L'assassinat, le 6 février, du leader de gauche Chokri Belaïd a aggravé la crise politique qui dure depuis plusieurs mois au pays.

Quinze mois après l'élection de l'Assemblée constituante, la rédaction de la Constitution est toujours dans l'impasse, faute de compromis sur la nature du futur régime politique.

L'inexistence du texte constitutionnel empêche l'organisation d'élections.

Par ailleurs, les conflits sociaux souvent violents se sont multipliés depuis l'été sur fond de misère et chômage.

Et la présence de groupuscules salafistes violents soupçonnés d'actes violents fait craindre que le pays sombre dans la violence.

Avec Le Monde

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