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La Guerre Des Tuques Grandeur Nature

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Courtoisie

Jouée dehors, sur le terrain du Musée national des beaux-arts du Québec, l'adaptation théâtrale de La Guerre des tuques offre une formidable occasion de renouer avec ce classique indémodable, remis à l'humour du jour. Parce que la guerre, la guerre, ce n'est pas une raison pour ne pas s'amuser...

Ils ne nous ont pas quittés depuis 1984. Luc et son clairon, la belle Sophie et ses skis, François-les lunettes, Ti-Guy Lalune et les autres. Les personnages de La Guerre des tuques, portés à l'écran par André Melançon, renaissent dans une adaptation théâtrale signée Fabien Cloutier, qui nous jette au visage dès les premières minutes notre nostalgie précoce de trentenaire. « On est venus se réchauffer le nostalgique? On est venus trouver ça donc cute comme quand on était p'tits? » Et ça, c'est Cléo, la St-Bernard femelle elle-même qui nous le balance.

Fabien Cloutier, auteur et conteur prolifique, a rebrodé le texte original. Il joue habilement avec les répliques célèbres du film et ajoute plusieurs lignes qui mériteraient elles aussi le panthéon des répliques cultes. Dans une formidable déclaration de guerre, le personnage de Luc menace ses adversaires de « faire de la sauce à spag' avec leurs bébés ». La guerre des tuques version Fabien Cloutier, ça décape forcément un peu plus.

Habillée d'une trame musicale tantôt aux relents des années « synthétiseur », tantôt évoquant les westerns spaghetti, la fable guerrière prend magnifiquement forme. Des neuf comédiens, tous solides, on retiendra la fougue de Lucien Ratio, parfait dans son rôle de Luc-qui-décide-toujours-tout, de même que Joëlle Bourdon, superbe en François, le petit Vietnamien, dont elle calque les intonations avec brio.

Parce qu'il est brillant dans son équilibre entre les clins d'oeil au film et les ajouts, on pardonnera même à Cloutier une fin un peu précipitée, quelques procédés narratifs convenus et certains fils moins bien attachés. Les personnages sont-ils tous devenus des adultes? On ne le sait pas trop, on ne le sent pas toujours, mais on ne s'en formalise aucunement tant l'expérience proposée est jouissive.

Comme pour ses productions précédentes, le Théâtre Sous Zéro fait jouer ses acteurs dehors alors que le public les regarde derrière une vitre et les entend grâce à un système de micro. Si le procédé a l'inconvénient de priver les acteurs d'une rétroaction, les empêchant de moduler leur débit au rythme de nos rires - nombreux dans cette adaptation -, le plaisir de voir cette histoire prendre vie dehors, dans la neige, est immense. Et avec les rafales de vent à 60 km/h qui ont fait voler quelques éléments du décor en ce vendredi de février, la compassion s'est mêlée à l'admiration pour le travail des acteurs.

La Guerre des tuques, texte et mise en scène de Fabien Cloutier

Au Musée national des beaux-arts du Québec jusqu'au 3 mars.

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