Ah, le cérémonial de l’église Saint-Jean-Baptiste! Les Montréalais se réunissent de plus en plus souvent dans ce bel endroit pour assister à des concerts de musique populaire. Pensons à Death Cab for Cutie ou encore David Byrne & St.Vincent. Vendredi soir, c’était au tour d’Avec pas d'casque et Philippe B d’offrir leur spectacle (à guichets fermés pour quelque 1500 personnes), inspiré d’un original et brillant concept de monsieur B ayant déjà reçu moults commentaires élogieux au cours des deux dernières années. Attentes assez élevées… Alors?
Chaque formation était accompagnée par le Quatuor Molinari et un orchestre de chambre pour interpréter (dans l’ordre des chansons) la totalité de leurs albums respectifs, à savoir Astronomie d’Avec pas d'casque et Variations fantômes de Philippe B. Les deux très bons albums folk ont été livrés dans une facture de musique classique : harpe, hautbois, trombone, contrebasse, violoncelle, flûte, violons, percussions, piccolo ainsi que deux voix sopranos ainsi qu’Ariane Girard et Maude Côté-Gendron. Pour Philippe B, le défi était moindre, puisque la performance correspondait essentiellement (trois chansons ont été retirées du programme) à son spectacle de l'Intégrale des Variations fantômes, déjà joué à maintes reprises.
Pour Avec pas d'casque, toutefois, le défi était de taille : Hugo Gravel devait adapter les chansons du groupe à cette formule orchestrale et ainsi composer tous les arrangements. Un travail honorable qui a sembler plaire à l’audience, malgré les quelques faiblesses apparentes. Cela dit rien pour empêcher d’apprécier la soirée, bien au contraire.
Courtes impressions
Le concert s’ouvre avec Intuition #1. Sur les premières notes, on sent le vibrato dans la voix de Stéphane Lafleur. Nervosité ou originale signature ? Tout revient à la normale dans peu de temps. Le glissando fait son effet et l’esprit fin de Lafleur danse soudainement avec le noble. Après le jeu de l’altiste Frédéric Lambert, enchainement efficace à la pièce Défrichage et son lyrisme continu (le travail des cordes est en grande partie responsable). Le public conquis d’avance applaudit à tout rompre.
La journée qui s’en vient est flambant neuve vient ajoute ensuite du sourire à l’émerveillement. Le pizzicato des violons est sympathique, mais trop doux. Les riffs de guitares sont jolis, mais prennent le dessus sur les autres instruments. Peu importe, l’ambiance est belle. « Je me sens comme si vous étiez 1500 personnes dans un super manège! », envoie à la blague le chanteur, avant de poursuivre avec Apprivoiser les avions. L’éclairage change au bleu, le lapsteel est original et très présent. On sent que l’orchestration est trop chargée… Les guitares titillent la distorsion. Pas très réussi. À Walkie-Talkie, tout redevient plus calme. L’interprétation est sensible, rêveuse, mélancolique, lumineuse. Les lignes de violons sont superbes. C’est posé et inspiré.
Quant à Philippe B, que peut-on ajouter de plus qui n’a pas déjà été dit ? Présentation raffinée, intelligentes orchestrations, anecdotes cocasses entre les chansons, aisance à présenter ses chansons… Il faut le souligner, la qualité sonore générale du spectacle s’est vue améliorée avec l’arrivée du chanteur et musicien originaire de l’Abitibi. L'intégrale des Variations fantômes est toujours et encore une jolie réussite.
On pourra peut-être se questionner sur l’interprétation des deux morceaux offerts au rappel par les deux formations réunies sur scène pour la finale (Spirographe et Les prisonniers du Lac Dufault), mais au final, on doit admettre, un libellé général qui fait du bien. Un divin grand bien.
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