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Canot à glace: une virée sur le fleuve Saint-Laurent (PHOTOS)

Une virée en canot à glace sur le fleuve (PHOTOS)
Charles Mordret

Trois jeunes filles de l’équipe de canot à glace Groupe Voyages Québec nous attendent à l’embouchure de la Rivière St-Charles. C’est le lieu du rendez-vous, coordonnée GPS à l’appui, 46.821615,-71.213025. En ce dimanche matin de février, il fait très froid et le soleil s’est levé depuis peu. Les quelques badauds qui se promènent regardent les équipages hisser les canots par-dessus les amas de glace et ajuster leurs crampons... et ils se disent sûrement: «quel sport de dingue!». Mon photographe et moi avons accompagné l'équipe dans cet entrainement hors norme.

Il faut comprendre que l’un des plus importants événements de canot à glace au monde, la course du Carnaval de Québec, confronte une quarantaine d'équipes réparties dans trois catégories: élite homme, élite femme et sport, et aura lieu le dimanche 10 février prochain. L’heure est donc à l’entrainement intensif pour toutes les équipes. Deux courses provinciales ont déjà eu lieu (Trois-Rivières et Portneuf), mais la prochaine, celle du Carnaval, est la plus prestigieuse.

Anciennement un moyen de transport essentiel en hiver pour lier entre elles les deux rives et les îles du fleuve Saint-Laurent, le canot à glace est aujourd'hui un loisir et une épreuve de compétition haute en couleurs, approchant le sport extrême. Officiellement, la toute première course s’est tenue il y a plus de 100 ans.

Mais, qu'est-ce qui motive de jeunes femmes, mères de jeunes enfants, à s'aventurer sur un terrain hostile, parfois dangereux, à déployer un effort physique colossal et à consacrer de longues heures de séances d'entraînement à ce sport singulier? Sarah, capitaine de l'équipe s'emballe: «C'est grisant, c'est un réel défi, c'est de l'aventure, de la stratégie, du travail d'équipe, de l'effort, mais aussi beaucoup de plaisir».

Il faut ajouter que son copain pratique ce sport depuis de longues années et qu'elle ne supportait plus d'attendre de longues heures au quai et de se résigner à simplement l'encourager ou prendre des photos. «Soit je prenais moi-même une embarcation, soit c'était la fin de mon couple», dit-elle en riant. Alors, elle a bâti une équipe avec ses partenaires, elle a déniché un commanditaire et elles se sont inscrites officiellement auprès de l'Association des coureurs en canot à glace du Québec (ACCGQ). Ce matin de février, elles sont trois à pratiquer la course: Sarah, Karine et Corinne, toutes âgées de 24 à 31 ans. Les deux autres coéquipières, Geneviève et Mélanie, viendront les rejoindre en après-midi.

Chaque année, plus de 350 000$ sont investis par les entreprises privées de la province dans les commandites de canots et d’équipe. «L'équipement coûte cher; ce sont des matériaux faits sur mesure et il y a aussi les nombreux déplacements qui sont coûteux. Nous observons donc avec bonheur un intérêt de plus en plus manifeste des entreprises pour ce sport très particulier» se réjouissent les canotières, fières d'avoir déniché leur commanditaire pour une durée de trois ans. Si les filles pratiquent les manœuvres deux fois par semaine sur les glaces, elles s'imposent un véritable entraînement en salle avec un entraineur privé dès le mois de septembre.

Des éléments déterminants

Nous allons donc accompagner l'équipe pour leur entraînement. Tout d'abord, il faut se frayer un chemin sur la glace ferme. Des petites fissures semblent vouloir céder. Tomber dans l'une d'elles serait catastrophique. Vigilance donc. Puis nous installons le canot à plat en cherchant des yeux un couloir: ces fameux chemins de glace dure et vive qui donneront au canot un maximum de vitesse. «L'idée est d'éviter les amoncellements de neige et de glace qui font perdre un temps fou. On cherche toujours un chemin droit et lisse sinon, au besoin, nous allons dans l'eau. Les canots réagissent au quart de tour.

Anciennement faits en bois, ils sont aujourd'hui fabriqués en résine d'époxy coulée sur une matrice de fibre de verre, encadrée par une armature interne métallique. La fibre de carbone et le kevlar sont parfois employés, bien que le prix de ces matériaux ainsi que des poids minimums règlementaires dissuadent souvent leur utilisation étendue chez les équipes de course. Il faut cirer le canot régulièrement, farter entièrement sa coque comme en ski de fond. Les canotiers utilisent des chaussures souples à crampons, parfois des bottillons ou des chaussures de soccer réinventées.

Sarah, la capitaine, se tient à l'extrémité du canot et récite les directives avec retenue: bâbord, tribord, tout droit, rames, up arrière, up avant. Tout se joue là. La communication est essentielle pour gagner. «Trop de directives et ça peut créer un chaos, pas assez, et ça ne mène nulle part, précise Karine qui tient de ses mains un flanc de canot. L'équipe devra donc affronter le froid, contre vents et marées, à travers les glaces et le frasil dans des conditions de courants capricieuses. Nous mènerons donc à la rame, parfois à la «trottinette» ou encore «en danseuse» ou bien avec une combinaison de ces manœuvres de base. Après une heure de bal, nous comprendrons assez rapidement le haut niveau de cet exercice.

Coupe des glaces 2013: frissons garantis jusqu'à Montréal

Cette année, pour la huitième édition de la Coupe des glaces du Circuit québécois de canot à glace, ce n'est pas moins de 40 équipes, dont 3 nouvelles formations, qui braveront courageusement les rudesses de l’hiver québécois, les eaux glaciales et les courants déchainés du fleuve Saint-Laurent... pour l’amour d’un sport réservé à ceux et celles qui n’ont pas froid aux yeux. Au total, 240 canotiers et canotières s’affronteront à travers 6 courses qui se tiendront un peu partout au Québec jusqu'au début du mois de mars. La grande nouveauté de cette saison est sans doute la tenue d’une nouvelle épreuve dans la grande métropole. Fierté du CQCG, le nouveau «Défi canot à glace Montréal» se tiendra, pour la toute première fois, au bassin de l’Horloge, dans le Vieux-Port de Montréal.

Dans son ensemble, le calendrier des compétitions de la saison 2013 promet aux amateurs de la discipline et rien de moins que des sueurs froides! Voici le calendrier 2013 des courses restant à disputer: la Course en canot du Carnaval, le 10 février à 13h, départ du bassin Louise; la Grande Traversée Casino de Charlevoix, le 16 février à 12h45, départ de la Marina de l’Isle-Aux-Coudre; le Défi canot à glace Montréal, le 23 février à 12h45, départ du bassin de l’Horloge dans le Vieux-Port de Montréal; et le Grand défi des glaces, le 2 mars à 12h30, départ du bassin Louise.

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