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Koweïtienne opérée au CUSM pour 200 000 $: la protectrice du citoyen enquêtera

Koweïtienne opérée au CUSM pour 200 000 $: la protectrice du citoyen enquêtera
Radio-Canada.ca

La protectrice du citoyen du Québec, Raymonde Saint-Germain, a indiqué vendredi qu'elle enquêterait sur les soins donnés par le CUSM à une citoyenne du Koweït, en échange de dizaines de milliers de dollars.

En entrevue à RDI, Mme Saint-Germain a estimé que ce cas résultait d'une « interprétation tendancieuse » des règles établies pour protéger le régime universel de santé. « La situation décrite ne correspond pas du tout à ce qui est prévu aux directives », a-t-elle déclaré dans le cadre de l'émission 24 heures en 60 minutes.

La protectrice a ajouté que cette opération posait un problème d'équité « à l'égard des citoyens du Québec, mais aussi à l'égard de citoyens étrangers qui, en terme de besoin d'aide humanitaire, auraient dû passer avant. Rappelons-nous Carmen Quintana, elle n'aurait jamais pu assumer les frais, mais l'aide humanitaire qui était prévue et encadrée à ce moment-là a fait en sorte qu'elle a pu être traitée ».

L'opération pose aussi un problème d'éthique selon elle. « On donne accès à l'expertise médicale québécoise et aux soins, en priorité à des gens dont le besoin médical n'a pas été examiné et évalué en fonction d'autres personnes qui sont déjà en liste d'attente ou encore, au plan de l'aide humanitaire, d'autres personnes à l'étranger qui auraient eu un besoin additionnel. »

La protectrice veut aussi examiner la véracité des coûts.

Interpellé à ce sujet plus tôt dans la journée, le ministre de la Santé du Québec, Réjean Hébert, avait jugé « inacceptable » qu'un citoyen étranger puisse contourner les listes d'attente en échange de 200 000 $, mais n'a pas l'intention de sévir. M. Hébert a dit qu'il avait rappelé aux établissements hospitaliers que le Québec n'était pas une destination de tourisme médical.

« Si on a des disponibilités de salles d'opérations et de salles de soins intensifs pour ce genre d'initiative, on devrait d'abord les mettre à la disposition des citoyens du Québec qui attendent sur des listes d'attentes. On peut le faire pour des raisons humanitaires, mais si on le fait pour des raisons budgétaires, on a un problème important! » a insisté le ministre Hébert en marge du caucus péquiste à l'Estérel, dans les Laurentides.

Le porte-parole du CUSM Richard Fahey, a affirmé qu'un principe de compassion avait été appliqué dans ce cas, expliquant que la procédure cardiaque nécessaire aurait été trop risquée dans son pays d'origine. M. Fahey a soutenu que ce type d'opérations était mené de manière plus ou moins régulière dans les centres hospitaliers du Québec et du Canada, toujours en vertu du même principe de compassion.

Il a assuré que le CUSM avait obtenu la permission du ministre de la Santé de l'époque (décembre 2011), Yves Bolduc, et que le bureau de ce dernier avait été avisé de ce dossier. « Il y a des règles pour ça, et en l'occurrence, sur la base de la compassion et d'une procédure qui ne pouvait être exécutée de façon sécuritaire au Koweït, on a demandé la permission du ministre de la Santé, par l'entremise de son cabinet, et nous avons pu procéder », a soutenu M. Fahey.

Au yeux du ministre Hébert, le montant de 200 000 $ versé par le Koweït pour une intervention du genre et une hospitalisation d'un mois semble peu élevé. Selon Richard Fahey, du CUSM, les frais du médecin représentent un coût fixe de 45 000 $ pour les soins professionnels, en sus, des coûts hospitaliers ont été chargés pour la chambre, le lit, les repas et le personnel, qui eux ont coûté 50 000 $, mais ont été facturés à 150 000 $. « Au Québec, si un patient étranger est traité dans une institution, nous chargeons trois fois le taux chargé à un Québécois », a expliqué M. Fahey.

Le CUSM estime qu'aucun citoyen du Québec n'a été lésé dans cette situation. « C'est courant dans les hôpitaux du Québec que des lits soient fermés, et ce lit était fermé parce que non financé. La salle d'opération aussi était fermée, parce que non financée. Aucun patient québécois n'a vu ses procédures ou son traitement retardé, d'une façon ou d'une autre », a ajouté Richard Fahey.

Aucune sanction ne sera toutefois imposée à l'hôpital Royal Victoria, a confirmé le ministre Hébert. « Écoutez, je pense que l'établissement concerné a déjà des problèmes budgétaires importants, qu'il a déjà un devoir important de rétablir l'équilibre budgétaire, de rétablir les processus de gestion. Je pense qu'il doit se concentrer sur ces opérations », a-t-il affirmé.

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