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«Britannicus» au Théâtre de la Bordée: un débat éthique et jeux de pouvoir

«Britannicus»: un débat éthique et jeux de pouvoir
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Décor contemporain, épuré, caméra de surveillance : à l'entrée en salle du Théâtre de la Bordée, rien ne laisse présager qu'on s'apprête à assister à une tragédie du 17e siècle.

Pourtant, c'est dans ce décor moderne que le metteur en scène de la pièce, Jean-Philippe Joubert, a décidé de camper les personnages de la tragédie Britannicus, de l'auteur Jean Racine.

Britannicus: c'est l'histoire de Néron, un homme tiraillé entre le bien commun et l'intérêt personnel, qui grâce aux ruses habiles de sa mère Agrippine, accède à la tête de l'Empire romain. Après avoir usurpé la place de son demi-frère Britannicus, il s'ingéniera à lui ravir sa bien-aimée, Junie.

Le pari était audacieux, défier le temps avec une pièce écrite en alexandrins, dans laquelle il est question d'empereur et de royauté, sans en changer un vers. La troupe de Britannicus l'a relevé, du moins en partie.

La scénographie est ingénieuse, les jeux de lumière habiles, la trame musicale bien pensée. L'utilisation de projections vidéo et de gros plans permet de souligner la finesse du jeu des comédiens.

L'organisation de l'espace scénique est accrocheuse, quoique tempérée par un jeu d'acteur malheureusement inégal. Olivier Normand incarne Néron avec beaucoup de profondeur et de justesse. Fidèle à lui-même, Jacques Leblanc offre une remarquable performance dans le rôle de Narcisse. Or, les vers semblent s'enfarger ou courir dans la bouche de certains comédiens, de sorte qu'ils donnent parfois l'impression de réciter leur texte.

Si Jean-Sébastien Ouellet, allias Burrhus, semble tout droit sorti du domaine Sagard de Paul Desmarais, et personnifie parfaitement son rang et sa fortune, on oubli rapidement la position sociale d'autres comédiens : trop « cool » et détendus (du moins, à mes yeux) pour être invités dans le salon du maître du monde.

Cela dit, outre ce léger manque de cohésion et les quelques failles dans le jeu des acteurs (qu'on peut peut-être encore attribuer à la fébrilité et aux imprévus d'une première), Britannicus demeure une oeuvre théâtrale majeure, intéressante à redécouvrir avec cette lecture moderne Jean-Philippe Joubert.

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