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Somalie: l'otage Denis Allex serait mort après un raid français, un soldat français et 17 terroristes tués

Somalie: l'otage Denis Allex serait mort après un raid français
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Selon le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, "tout donne à penser" que le Français Denis Allex, qui était retenu en otage par des islamistes (les shebab) en Somalie depuis juillet 2009, a été "abattu par ses geôliers" lors d'une opération menée par la DGSE (les services français du renseignement) pour tenter de le libérer dans la nuit de vendredi à samedi.

Mais une réelle confusion entoure à l'heure actuelle le sort de l'otage. Alors qu'il employait l'affirmatif samedi matin, le ministère de la Défense se prononce désormais au conditionnel sur la mort de Denis Allex. Surtout que les terroristes islamistes ont depuis affirmé le détenir toujours vivant, loin du lieu de bataille", et qu'il serait jugé "dans les deux jours". En début de soirée, François Hollande a reconnu que l'opération en Somalie pour tenter de libérer un otage français "n'a pas pu aboutir", sans donner de précision sur Denis Allex.

"J'avais pris la décision depuis déjà plusieurs jours de mener une opération destinée à faire libérer un de nos agents détenu depuis plus de trois ans et demi dans des conditions éprouvantes. Cette opération pas pu aboutir malgré le sacrifice de deux de nos soldats et sans doute l'assassinat de notre otage". Mais elle "confirme la détermination de la France à ne pas céder au chantage des terroristes", a dit le chef de l'Etat devant la presse.

Il apparaît en tout cas que l'opération menée par les équipes de la DGSE (services spéciaux et de renseignement) dans la localité de Bulomarer, dans le sud de la Somalie, pour libérer leur camarade a été un échec.

L'intervention du ministre de la Défense samedi dans la matinée :

Ce qui est pour l'instant avéré, c'est que l'opération menée par les services secrets français a été très meurtrière. "Le commando de la DGSE a fait face d'emblée à une forte résistance", a souligné Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse, ajoutant qu"au cours de l'assaut, des combats violents ont eu lieu".

Un soldat français a "perdu la vie", un autre est porté disparu, et "17 terroristes ont été tués" au cours de ces combats, a aussi précisé le ministre face à la presse. De leur côté, les terroristes islamistes prétendent détenir avec eux "un soldat français blessé". Il pourrait s'agir du soldat disparu annoncé par le ministère de la Défense. Les shebab menacent aussi maintenant la France: "En fin de compte, ce seront les citoyens français qui goûteront inévitablement aux conséquences amères de l'attitude inconséquente de leur gouvernement à l'égard des otages".

Trois civils ont également été tués dans l'échange de coups de feu", a rapporté au téléphone à l'AFP un habitant de la localité. Il s'agirait d'une femme et son enfant tués par des balles perdues, à leur domicile, et le gardien du marché local, selon la radio locale indépendante Al Furqan.

"Face à l'intransigeance des terroristes, qui ont refusé pendant trois ans et demi toute négociation, et qui retenaient Denis Allex dans des conditions inhumaines, (cette) opération a été planifiée et mise en œuvre", avait expliqué le ministère de la Défense dans un communiqué samedi matin. "Les familles des victimes ont été informées. Le ministre de la Défense leur adresse ses plus sincères condoléances et s'associe à leur douleur. Il apporte son total soutien aux personnels de la DGSE dont il salue le courage et le remarquable travail", concluait le communiqué.

La dernière vidéo de l'otage datait de juillet 2012

Cette opération militaire -un raid aérien de quatre hélicoptères- a été menée dans le sud du pays par une cinquantaine de commandos du service action (SA) de la DGSE à bord d'au moins cinq hélicoptères du GAM 56 "Vaucluse" (unité d'hélicoptères et d'avions de l'armée de l'air dédiée à la DGSE) et du Commandement des opérations spéciales (COS), selon une source dans les milieux du renseignement français.

L'opération a commencé à 02H00 locales samedi, et les affrontements ont duré 45 minutes, selon les shebab. "Le commando de la DGSE a fait face d'emblée à une forte résistance", a souligné le ministère français de la Défense.

L'environnement était a priori difficile pour cette opération de libération: Bulomarer, au sud de la capitale Mogadiscio, est une localité située dans une zone très arborée et habitée, selon des témoins sur place. Les responsables shebab affirment qu'ils ont de plus pu mobiliser rapidement leurs combattants basés dans un camp d'entraînement voisin.

Denis Allex, un agent de la DGSE détenu en Somalie par des insurgés islamistes depuis le 14 juillet 2009. Cet agent des services spéciaux français avait été enlevé à Mogadiscio avec un autre agent, qui a lui recouvré la liberté en août 2009. Denis Allex était apparu en juin 2010 dans une vidéo sur des sites islamistes, où il pressait la France de cesser tout soutien au gouvernement somalien.

Le 13 juillet 2012, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait assuré que l'otage était en vie. Le 4 octobre 2012, Denis Allex était apparu, pâle et les yeux cernés, dans une vidéo où il avait lancé un "message de secours" au président Hollande, qu'il pressait d'œuvrer à sa libération. Denis Allex faisait partie des neuf Français, au total, encore retenus en otage à l'étranger, tous sur le sol africain, dont au moins six par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au Sahel.

Les shebab ont perdu tous leurs principaux bastions dans le sud et le centre de la Somalie, à la suite d'une offensive menée depuis un an et demi par une force de l'Union africaine (Amisom) renforcée par un contingent kényan ainsi que par un corps expéditionnaire éthiopien et par l'embryon d'armée nationale somalienne.

Les islamistes contrôlent cependant encore certaines parties rurales du sud et du centre du pays.

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