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Assermentation de Chavez : enfreindre la Constitution est « moralement inacceptable », dit l'Église vénézuélienne

Assermentation de Chavez : enfreindre la Constitution est « moralement inacceptable », dit l'Église vénézuélienne

L'Église vénézuélienne s'est invitée lundi dans le débat constitutionnel qui divise le pays, à trois jours de l'assermentation prévue du président Hugo Chavez, toujours hospitalisé à Cuba après avoir été opéré pour un cancer.

La Constitution du pays spécifie à l'article 233 que le président élu doit prêter serment vendredi devant l'Assemblée nationale, à défaut de quoi le président de l'Assemblée prend sa place en attendant la tenue de nouvelles élections, d'ici 30 jours.

De proches collaborateurs de l'homme fort du pays affirment depuis des jours qu'il pourrait très bien prêter serment ultérieurement sans que cela ne modifie quoi que ce soit au mandat de six ans qu'il a obtenu le 7 octobre dernier.

Le président de la Commission épiscopale vénézuélienne (CEV), Mgr Diego Padron, a cependant profité de son discours inaugural devant l'assemblée annuelle de cette dernière pour faire savoir qu'il conteste cette interprétation.

« Ce qui est en jeu, c'est le bien commun du pays et la défense de l'éthique. Modifier la Constitution pour réaliser un objectif politique est moralement inacceptable », a déclaré Mgr Padron.

Si on s'éloigne de la Constitution, a-t-il ajouté, « on s'éloigne aussi de l'institution et on tombe dans la lutte pour des parts de pouvoir, dans la violence, dans l'anarchie et l'ingouvernabilité ».

Malgré ses commentaires, qui ont été communiqués aux médias vénézuéliens, Mgr Padron a précisé que la Commission épiscopale n'avait « pas l'intention d'intervenir publiquement sur l'interprétation de la Constitution ».

Le vice-président du pays, Nicolas Maduro, dauphin désigné de M. Chavez, a déjà fait savoir que son patron pourrait prêter serment plus tard devant le Tribunal suprême du pays s'il n'est pas en mesure de le faire le 10 janvier.

La procureure générale du pays, Cilia Flores, a pour sa part affirmé dimanche sur les ondes de Telesur que Hugo Chavez était un « président réélu, et non un candidat à l'élection », de sorte que son assermentation peut avoir lieu plus tard. Mme Flores est la femme de M. Maduro.

L'opposition vénézuélienne tient mordicus à ce que le président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, assume les fonctions de chef de l'État, en cas d'absence d'Hugo Chavez le 10 janvier.

Elle a appelé dimanche ses partisans à se préparer à descendre dans la rue pour « s'insurger contre la non-observation de la Constitution ».

M. Cabello, qui a été réélu président de l'Assemblée samedi, ne dit cependant pas autre chose que M. Maduro et Mme Flores. « Le président continuera d'être président au-delà du 10 janvier. Personne ne devrait en douter », a-t-il déclaré.

Hugo Chavez, qui dirige le pays de 28 millions d'habitants depuis près de 13 ans, est hospitalisé depuis le 11 décembre à Cuba, après avoir subi une quatrième intervention chirurgicale pour un cancer dont la nature n'a jamais été publiquement révélée.

Le dernier communiqué du gouvernement vénézuélien, le 3 janvier, se contentait d'indiquer que l'homme de 58 ans souffrait d'une « insuffisance respiratoire » consécutive à une « grave infection pulmonaire ».

Mgr Diego Padron a d'ailleurs profité de son discours devant l'assemblée annuelle de la Commission épiscopale pour dénoncer le secret qui entoure l'état de santé du chef de l'État. La population, a-t-il dit, est « troublée », voire « irritée » par le manque d'information.

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