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Loco Locass en concert au Club Soda pour partager les morceaux de leur album Le Québec est mort, vive le Québec! (PHOTOS)

Les Loco Locass au Club Soda
J-F Cyr

MONTRÉAL - Biz, Chafiik et Batlam, du trio hip hop Loco Locass, étaient sur la scène du Club Soda de Montréal, jeudi soir. Armés de rimes efficaces, d'une verve flamboyante, de paroles engagées et d'hymnes patriotiques, les dynamiques chanteurs ont partagé avec conviction les morceaux de leur dernier album Le Québec est mort, vive le Québec !

Accompagnés par quatre musiciens et deux choristes (celles-ci apparaissent et disparaissent de la scène selon les morceaux), les rappeurs sont en grande forme et visiblement très heureux de jouer à la maison, dans ce « Club Soda où tout a commencé il y a déjà plusieurs années ». Quelques minutes d'ailleurs ne suffisent à la chanson [WI], qui introduit le dernier encodé, pour démontrer la fougue des trois chanteurs. Solide entrée en matière pour une foule très jeune, qui ne remplissait pas tout à fait la salle.

Comme à l'habitude (certains pourraient s'en lasser, mais bon, peut-on vraiment leur reprocher?), Loco Locass ne peut (ou ne veut) passer sous silence le nationalisme passionné et les grands sujets de société. «Est-ce qu'il y a des étudiants ici ce soir?» lance Biz, la première chanson terminée. Plusieurs spectateurs vendus d'avance répondent par l'affirmative. « Il y a aussi des carrés rouges et des maudits gratteux de guitare de marde », renchérit-il, ironique.

Au cours de ce concert, la formation proposera de nombreuses pièces du dernier album, dont la plus posée Kevin et Gaétan (dédiée aux gars de la taverne), la tonique Tous les jours et la contagieuse mais tourmentée M'accrocher?,avec ses ambiances circassiennes et sa lourde basse.

Pour faire changement, le trio balancera également un pot-pourri regroupant des chansons de son premier album, Manifestif (paru en 2000). On entendra notamment des passages de Langage-toi et Art poétik. Une bonne dizaine de minutes de musique qui décoiffe !

Survivre par sa culture

Sur La bataille des murailles (Amour oral, 2004) les mots évoque un autre temps qui résonne encore aujourd'hui, assurément.

« Il a bâti son royaume en assujettissant

Tout à la fois les petits gnomes que les clans les plus puissants

Sous son immense heaume blanc et resplendissant

Et depuis ce temps sous le chaume, les paysans sont agonisants

Yvan a les paumes sales et souillées de sang »

Dans un élan inspiré, mais un peu redondant, Chaffik lancera par la suite un appel à la relève musicale québécoise : « On a besoin de groupes engagés, de nouveaux projets, parce que ce peuple ne survit que par sa culture. C'est à vous de la prendre en main... Montréal, un peu de sourire, câlice ! » Moment plutôt long qui aura le mérite d'ouvrir le chemin pour la très réussie Maison et idéal, un autre morceau du disque Amour oral.

Au fil des chansons, on se familiarise (ou côtoie à nouveau, tout dépend) avec les thèmes chers aux membres de Loco Locass: suicide, cohésion sociale, langue, liberté, anglicisation, désœuvrement, avarice ou encore la fameuse indépendance.

Sur Wendigo, on entendra une musique angoissante, des cris de loup et des rires maléfiques émerger du fin fond de la forêt. « Le Québec est maudit par le Wendigo ! » Après la dansante Du joufflu, Batlam viendra déclamer, tel un slam, le texte Priapée la p'tite vite. Un temps pour les mots sans orchestration.

Le monde est malheureux

À Tout le monde est malheureux, une reprise de Gilles Vigneault, la formation s'en donne à cœur joie avec l'invité spécial François Parenteau, dans le rôle du célèbre poète de Natashquan. L'humoriste des Zapartistes fera d'ailleurs une imitation fort réussie de Gilles Vigneault en chantant avec conviction cet entrainant rigodon.

Jamais bien loin, les thèmatiques de la souveraineté, de l'asservissement et de l'aliénation reviennent au galop pour la pièce Occupation double. « Montréal est en guerre, chaque rue est une tranchée, refuser de la faire, c'est ça le vrai danger... » Sur de bonnes lignes de guitare et de batterie, le « colonisé lobotomisé » saute et bouge au Club Soda sans trop sans formaliser.

Sur la funky et plus joviale Le mémoire de Loco Locass, « les Québécois s'unissent sous la fleur de lys ». Les bras vont de gauche à droite et les corps se déhanchent. C'est ici qu'on réalise la force de frappe du groupe. Parfois exaspérant et cacophonique, le travail scénique de ce groupe pionnier continue de gagner le cœur des Montréalais. Pour cause, les textes sont intelligents et les rythmes convaincants, quoique parfois linéaires.

Finale inespérée avec Le but (métaphore dédiée au Canadien de Montréal qui n'aurait pas été jouée sur les planches durant la tournée 2012) pour clore ce dense et coloré party.

Loco Locass sera de nouveau en concert au Club Soda, vendredi soir, le 7 décembre.

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Batlam et Biz

Loco Locass au Club Soda

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