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7 idées reçues sur le sida aujourd'hui

7 idées reçues sur le sida aujourd'hui
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En 1996, l'arrivée des traitements antirétroviraux ou trithérapies a marqué un tournant dans la lutte contre le VIH. Malgré l'espoir sans cesse déçu d'un vaccin, les traitements n'ont pas arrêté de s'améliorer. Et grâce à la prévention, le nombre de nouvelles contaminations diminue systématiquement depuis la fin des années 1990.

Si les années sida ont marqué les esprits, l'épidémie est donc bel et bien rentrée dans une nouvelle ère. Aujourd'hui, certains médecins n'hésitent plus à parler de fin du sida et affirment qu'on peut vivre avec le VIH tandis qu'un enfant né d'une mère séropositive, peut être séronégatif. Mais cette nouvelle donne n'a pas forcément été intégrée par la société française et ne se manifeste pas toujours dans le regard que celle-ci porte sur la maladie.

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Cette nouvelle donne du VIH ne doit pas non plus cacher une autre réalité. Malgré des progrès, pays du nord et pays du sud ne disposent pas des mêmes armes face au VIH. En conséquence, ils ne font pas non plus face aux mêmes enjeux. Si les pays du nord doivent lutter contre les effets pervers d'une meilleure prise en charge de la maladie, dans le sud la priorité doit être donnée à l'accès aux soins, dans les meilleures conditions possibles.

Témoin de cette nécessité, un chiffre. En 2011, le sida a tué près de 1,7 millions de personnes dans le monde.

1 - Quand on est porteur du VIH, on est forcément condamné

Non. Dans les pays du nord, le VIH est plutôt bien pris en charge, certains médecins n'hésitent d'ailleurs plus à parler du VIH comme d'une maladie chronique, au même titre que le diabète.

La recherche a fait d'énormes progrès depuis l'apparition de l'épidémie. Si les premières générations de trithérapies provoquaient de nombreux effets secondaires tels que diarrhées et perte de poids, les nouvelles générations de médicament sont plutôt bien, voire très bien supportés par la majorité des patients.

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Néanmoins, ces progrès dont on ne peut que se réjouir, n'englobent pas toute la réalité. Les difficultés restent très grandes pour les porteurs du virus dépistés trop tardivement, ou encore pour ceux qui ont été contaminés pendant les années 1980 et 1990.

S'ils ont pu survivre aux années sida, c'est souvent au prix d'une médication parfois très lourde dont leurs corps sont encore marqués. D'autre part, aujourd'hui encore, certains patients ne tolèrent pas les effets secondaires des trithérapies. Il est donc illusoire de croire que, parce que les trithérapies sont efficaces, elles le sont pour tout le monde. Tous les organismes ne réagissent pas de la même manière.

Enfin, dans les pays du sud, la situation est tout autre. Un séropositif sur deux n'a pas accès à un traitement, et lorsque c'est le cas, les traitements proposés sont souvent des traitements de qualité inférieure à ceux proposés dans les pays du nord. En cause, les brevets, propriété des laboratoires pharmaceutiques qui limitent la capacité des laboratoires du sud à produire des génériques commercialisés à moindre coût.

Malgré tout, l'accès aux traitements ARV a progressé de 63% pendant les deux dernières années. La mortalité, elle, a diminué de plus de 25% entre 2005 et 2011.

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2 - VIH et sida, c'est la même chose

Il faut bien distinguer VIH et sida. Le VIH est le virus de l'immunodéficience humaine. Le sida, le syndrome de l'immunodéficience acquise. En rendant inopérant le système immunitaire, le VIH provoque le sida. Tous les porteurs du VIH n'ont donc pas le sida.

Les médicaments antirétroviraux (ARV) fer de lance des fameuses trithérapies permettent de contenir la multiplication du virus dans l'organisme. Le sida n'étant qu'un ensemble de symptomes consécutifs à la destruction du système immunitaire par le VIH. Sous traitement, on peut être porteur du VIH et ne pas avoir le sida.

Pour certains séropositifs des pays du nord, les traitements efficaces au point de rendre la présence de virus indétectable dans l'organisme. Indétectable ne signifie pas que le virus a disparu de l'organisme, mais qu'il y est présent en quantité trop faible pour être détecté.

Dans les pays du nord, l'immense majorité des séropositifs a accès aux nouvelles générations de traitements. Ce n'est pas le cas dans le reste du monde.

3 - La maladie des séropositifs se lit sur leur visage

Dans le nord, il s'agit d'un stéréotype hérité des années sida.

Grâce aux ARV, on peut être porteur du VIH et en bonne santé. Pour certains médecins, l'espérance de vie de quelqu'un qui découvrirait sa séropositivité aujourd'hui pourrait même être inchangée. Une assertion qui, il y a dix ou quinze ans, aurait paru inimaginable.

Néanmoins, cela n'est vrai qu'à certaines conditions. La première est d'être pris en charge suffisamment tôt après sa contamination. Or, c'est là que le bât blesse. En 2010, les données recueillies par l'Institut national de veille sanitaire montraient que la moitié des découvertes de séropositivité en France avaient lieu trop tardivement.

Si le nombre de dépistages a très légèrement augmenté sur les trois dernières années, il est néanmoins en baisse par rapport au début des années 2000.

4 - Dans les pays du nord, le VIH ne concerne plus que les homosexuels

C'est là que ça se complique.

Si les homosexuels ne représentent pas la majorité des nouvelles contaminations, la prévalence du virus demeure très forte dans leur groupe. Effet pervers de l'amélioration de la prise en charge du VIH, les comportements à risque se multiplient, si bien qu'aujourd'hui l'épidémie diminue dans tous les groupes, sauf parmi les homosexuels.

Parmi les nouvelles contaminations, on distingue principalement deux groupes: les homosexuels donc, mais aussi les migrants. Parmi eux, ce sont les personnes d'origine caribéenne et d'Afrique sub-saharienne qui présentent les taux de prévalence les plus élevés. Là, dans 98% des cas, les contaminations se font par voie hétérosexuelle.

Une situation entretenue par le tabou qui entoure la question du VIH dans certaines communautés. Le refus de faire face à cette maladie entourée de croyances continue de nourrir certains comportements à risque et ce, malgré une légère baisse du nombre de nouvelles contaminations au sein de ce groupe ces dernières années.

5 - Les contaminations augmentent en Afrique

Oui, l'Afrique est la région du monde la plus touchée par le VIH (1 adulte sur 20 est porteur du virus), mais c'est aussi celle qui concentre le plus de pays où le nombre de nouvelles contaminations a diminué de plus de 50% pendant les dix dernières années.

Tous les pays africains ne peuvent pas se targuer du même bilan. Si le Botswana, le Burkina Faso ou la République Centrafricaine ont diminué de plus de la moitié leur nombre de nouvelles contamination entre 2001 et 2011, celles-ci ont par exemple augmenté en Guinée-Bissau et ont été stables en Angola, au Lesotho, en Gambie, au Congo au Bénin ou encore en Ouganda.

Le Burundi, le Cameroun, la RDC, le Kenya, le Niger ou le Mozambique font figure de pays intermédiaires. Les nouvelles contaminations y ont diminué d'entre 26 et 49% sur la même période.

6 - Le nombre de séropositifs diminue dans le monde

Faux. Le nombre de personnes vivant avec le VIH continue d'augmenter chaque année. C'est le nombre de nouvelles infections qui diminue grâce à la prévention, mais aussi à l'accès aux traitements qui constitue l'une des formes les plus efficaces de prévention.

Au niveau mondial, si le nombre de nouvelles contamination a baissé, il reste très important. En 2011, l'Onusida a recensé environ 2,5 million de nouvelles infections. Certes, c'est 20% de moins qu'en 2001, mais si l'épidémie recule en Europe occidentale, elle augmente en Europe de l'Est et en Asie centrale où, entre 2001 et 2011, le nombre de séropositifs est passé de 670.000 à 1,4 millions d'individus.

Les pays de l'est, comme la Russie, sont particulièrement touchés cette augmentation. Et 40% des nouvelles contaminations ont lieu parmi les toxicomanes.

L'augmentation du nombre nouvelles contaminations peut aussi être un effet de la crise économique. C'est par exemple le cas en Grèce où, entre 2010 et 2011, le nombre de contaminations par le virus du sida a fait un bond de 57% dans tout le pays, selon le rapport 2012 de l'Onusida. Depuis 2008, les crédits alloués à la santé et aux programmes médico-sociaux diminuent. En 2010 par exemple, une coupe de 6,7% avait été votée.

7 - La prévention fonctionne bien, merci

Dans les pays du nord, l'accès à de meilleurs traitements et la prise en charge du VIH comme une maladie chronique ont fait émerger une nouvelle donne en termes de prévention. Comment communiquer sur une maladie dont on pourrait croire qu'elle ne tue plus?

Cette question est particulièrement vraie en ce qui concerne les homosexuels, le seul groupe où le nombre de contamination augmente.

Autre population qui témoigne de la nécessité de continuer les efforts de prévention: les jeunes. Moins bonne connaissance des modes de transmission du VIH et de protection, doutes sur l'efficacité du préservatif, diminution de son utilisation lors du dernier rapport sexuel, le dernier bulletin de l'INVS consacré au VIH, indique que pour la première fois depuis 1994, les 18-30 ans ont une moins bonne connaissance des mécanismes de transmission du virus que leurs aînés.

En termes de prévention, les pays du sud présentent de nombreux contrastes. Globalement, la promotion de l'usage du préservatif progresse, tout comme la prévention sur les comportements à risque.

Ces dix dernières années les investissements en prévention ont augmenté, qu'elle ait été à destination des hétérosexuels comme des homosexuels.

Véritable ombre au tableau, on dénombre peu voire pas de programmes de prévention à destination des usagers de drogues. Pourtant, la prévalence du VIH parmi les toxicomanes est en moyenne 22 fois plus élevée que dans le reste de la population.

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