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Rapport d'étonnement des 13 étonnés : plaidoyer pour un Québec numérique

Rapport d'étonnement des 13 étonnés : plaidoyer pour un Québec numérique
Montreal TV

Le Québec accuse un important retard sur le plan numérique. C'est ce qu'estiment Les 13 étonnés, un regroupement de bonzes du milieu des technologies qui ont sonné l'alarme, jeudi, en présentant un premier rapport d'étonnement visant à sensibiliser nos élus à l'importance de doter la province d'un plan numérique. Selon ces observateurs, c'est toute notre mémoire collective, de même que le développement de toutes nos ressources, qui sont en péril si un virage n'est pas effectué immédiatement.

« Nous sommes des gens qui, bénévolement, volontairement, pour le bien de nos enfants, nos petits-enfants et toute la société québécoise, avons décidé de mettre notre pied à terre pour dire que ça suffit, a déclaré Michelle Blanc, spécialiste en stratégie web, marketing internet et médias sociaux et membre du groupe. Il faut qu'on se décide, collectivement, à développer un plan numérique, car celui-ci touche à tous les aspects de notre société, tant au niveau culturel et social qu'économique. »

Des personnalités de tous les âges - plusieurs sont à la retraite - et de tous les horizons font campagne sous la bannière des 13 étonnés. Concrètement, leurs demandes s'articulent autour de six grands axes. On propose notamment la création d'une Agence du numérique, qui relèverait de l'Assemblée nationale, ainsi que la construction d'un plan numérique qui solliciterait l'implication de toutes les régions de la province. La mise sur pied d'un Conseil national du numérique, à l'image, par exemple, de la Loi sur l'instruction publique, et d'un forum de participation citoyenne est aussi souhaitée. Enfin, on suggère d'investir dans le savoir au profit de l'avoir et dans le déploiement de réseaux à très haute vitesse afin, entre autres, d'améliorer les communications avec l'ensemble des pays avec qui nous entretenons des relations politiques, sociales et économiques. Quatre sphères d'action (économie, citoyens, gouvernance et infrastructures) ont aussi été ciblées pour rendre l'opération accessible à toutes les couches de la population.

« Le besoin numérique ne se fait pas encore sentir au Québec, et c'est ce qui est dramatique. Sur le web mondial, seulement 4% du contenu est en français. Ici, la haute vitesse s'établit à 1,5 mégabit par seconde, alors qu'aux États-Unis, elle est à 4 mégabits par seconde. La semaine dernière, au Kansas, le Google Fiber a atteint 1000 mégabits par seconde. Aussi, d'ici 5 à 10 ans, avec la Google Car [ndlr : une voiture autonome], il est très possible qu'on n'ait plus de conducteurs de camions et d'autobus, parce que les véhicules vont se conduire d'eux-mêmes. Que vont faire ces gens-là? », a encore questionné à voix haute Michelle Blanc, pour illustrer l'ampleur que prendra éventuellement le numérique dans nos vies.

Message à Pauline Marois

Fondateur de la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal, du premier café électronique canadien et du premier marché international du multimédia, l'artiste philosophe Hervé Fischer s'est pour sa part désolé du peu d'intérêt que semblent accorder les différents paliers du gouvernement à l'expansion du numérique. Selon lui, le Québec était sur une belle lancée au début des années 2000 lorsque, par exemple, l'implantation dans la métropole d'une succursale d'Ubisoft a fait de celle-ci une capitale mondiale du jeu vidéo. Or, le vent a tourné avec l'arrivée au pouvoir des libéraux de Jean Charest, en 2003 et, depuis, c'est la disette. Monsieur Fischer craint que le fossé ne continue de s'agrandir sous le règne péquiste.

« On aurait pu espérer que Madame Marois, dans son discours, glisse au moins un mot sur le numérique, a-t-il fait valoir. Ça m'a beaucoup déçu. On veut organiser une stratégie de réveil avec notre rapport et tous les documents qu'on mettra en ligne. Le numérique ferait l'unanimité chez tous les partis. Personne ne peut être contre la vertu. »

« Fondamentalement, le numérique est une prise de conscience liée à la mondialisation et à la société démocratique, et c'est un instrument de progrès, a-t-il poursuivi. Pour les jeunes, c'est très important. Le numérique réimpose l'idée d'une conscience augmentée, c'est une mutation. »

Pour en savoir plus sur les activités des 13 étonnés, on consulte le www.democratieouverte.org/planqc. « On espère que 7 millions de Québécois vont venir donner leur point de vue pour faire bouger les choses », a espéré à voix haute Michelle Blanc.

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