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Touristes de la drogue aux Pays-Bas, "choisissez votre ville!"

Touristes de la drogue aux Pays-Bas, "choisissez votre ville!"

"Choisissez votre ville!", conseille désormais aux touristes de la drogue Marc Josemans, président de l'association des coffee shops de Maastricht (VOCM) après que le ministre néerlandais de la Justice a indiqué que chaque ville aurait la liberté de refuser aux touristes l'accès à ses coffee shops.

L'annonce lundi soir du ministre Ivo Opstelten marque une étape importante dans la politique sur les coffee shops, le nouveau gouvernement entré en fonction le 5 novembre ayant tenté de trouver une solution de rechange à l'impopulaire "carte cannabis", mise en place par le précédent gouvernement et dont l'abandon a donc été annoncé lundi soir.

Mais si M. Josemans se réjouit du fait que les touristes pourront encore acheter du cannabis dans certaines villes des Pays-Bas, il ne peut que pester, en tant que propriétaire de coffee shop, contre l'exécutif municipal: Maastricht (sud-est), une des villes néerlandaises les plus touchées par les nuisances liées au tourisme de la drogue, a annoncé qu'elle continuerait à refuser aux touristes l'accès à ses 14 coffee shops.

Or, ces centaines de milliers de Belges, Français et Allemands, principalement, qui venaient chaque année s'approvisionner en cannabis à Maastricht, située à quelques kilomètres des frontières belge et allemande, représentaient environ 65% de la clientèle des coffee shops de la ville.

"Pour nous, cette législation ne va pas changer grand-chose", regrette pour sa part Willem Vugs, président de l'association des coffee shops de Tilburg (sud) et propriétaire du Toermalijn. Comme à Maastricht et d'autres villes du sud du pays, les autorités devraient continuer à réserver les coffee shops aux personnes résidant aux Pays-Bas.

Entrée en vigueur le 1er mai dans le sud des Pays-Bas, la "carte cannabis" limite l'accès aux coffee shops aux seuls résidents du pays. Le reste du territoire devait suivre le 1er janvier 2013. Le but de cette législation est de lutter contre les nuisances - embouteillages, tapage nocturne, dealers dans les rues - provoquées par l'afflux des millions d'étrangers venant chaque année dans les quelque 650 coffee shops des Pays-Bas.

Dans une lettre au Parlement, M. Opstelten a indiqué que le critère de la résidence resterait inscrit dans la loi et entrerait en vigueur dès le 1er janvier mais que chaque municipalité aurait le loisir de l'appliquer ou pas sur le terrain, notamment en décidant ou non d'effectuer des contrôles.

"Les autorités locales déterminent leur politique en matière de coffee shop et en assurent la mise en place", explique le ministre. "Les autorités locales interprètent la stratégie de manière concrète et fixent des priorités dans son application sur le terrain", ajoute-t-il.

"C'est au niveau local que l'on a la meilleure vision pour déterminer quelles mesures sont efficaces", souligne le ministre.

Bien que techniquement illégale, la vente, dans les coffee shops, et la consommation de cinq grammes de cannabis par personne au maximum, est tolérée aux Pays-Bas depuis 1976.

"Nous continuerons à appliquer le critère de la résidence", soutient à l'AFP Gertjan Bos, porte-parole du maire de Maastricht, Onno Hoes, affirmant que l'introduction de ce critère en mai 2011 avait été "un succès".

Plus au nord, Amsterdam, qui compte à elle seule quelque 220 coffee shops, a d'ores et déjà affirmé que les portes de ces établissements resteraient grandes ouvertes aux touristes.

Amsterdam craint notamment qu'une interdiction n'ait un impact négatif sur le tourisme en général et que le commerce de cannabis ne se déplace dans la rue, où il serait illégal : sur les sept millions de touristes qui visitent Amsterdam chaque année, environ un million et demi font un arrêt dans un coffee shop pour acheter du cannabis, selon le quotidien De Volkskrant.

La Haye (ouest) n'a pas dit officiellement si elle comptait appliquer la loi, mais ses commentaires laissent peu de doutes : "Le tourisme de la drogue n'a jamais été un problème ici", assure Gerben van den Berg, porte-parole de la municipalité.

"Il suffira d'une petite heure de route supplémentaire aux touristes pour aller d'une ville où ils ne peuvent pas acheter vers une ville où ils peuvent acheter", conclut M. Vugs, car "Les Pays-Bas sont un petit pays".

Le gouvernement rejette quant à lui l'idée avancée par de nombreux propriétaires de coffee shops selon laquelle les nuisances se déplaceront avec les touristes, affirmant que rien ne montre qu'un tel phénomène se soit produit depuis mai 2011.

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