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Quelle place pour la Ligue canadienne?

Quelle place pour la Ligue canadienne?

La Ligue canadienne de football fait-elle partie des ligues majeures nord-américaines, au même titre que la NFL ou la Ligue nationale de hockey?

Le débat existe depuis de nombreuses années.

« La LCF a fait l'erreur de vouloir se comparer à la NFL, a rappelé le commissaire du circuit, Mark Cohon. Lorsque j'étais plus jeune, la LCF jouait avec un ballon plus gros. En 1996, la ligue a lancé une campagne publicitaire intitulée « Our balls are Bigger ». À ma première journée de travail, j'ai demandé qu'on retire immédiatement cette publicité. Elle ne nous représentait pas. »

Une campagne qui n'a certainement pas incité les Américains à prendre la Ligue canadienne au sérieux. Chad Owens en est la preuve.

« Aux États-Unis, l'objectif ultime est de jouer dans la NFL, a rappelé le receveur des Argonauts de Toronto, finaliste au titre de joueur par excellence du circuit. Je n'ai jamais imaginé qu'un jour, je jouerais dans la Ligue canadienne. C'est un manque de connaissance et de compréhension à son sujet. »

Owens a goûté à la NFL et au football américain en salle (l'Arena Football League) avant d'atterrir au Canada. Aujourd'hui, l'Hawaïen enflamme le terrain et la foule. Il détient le record du nombre de verges amassées dans une saison. Il est aussi un ambassadeur pour la ligue.

« La Ligue canadienne doit avoir une plus grande vitrine aux États-Unis. C'est une ligue légitime, qui nous permet de poursuivre notre carrière et de réaliser nos rêves », croit-il.

Former la relève au Canada

Le rêve, pour un joueur canadien, commence aussi dans sa cour.

« Au secondaire, au cégep, je regardais toujours les Alouettes jouer, raconte le receveur des Tiger-Cats de Hamilton Samuel Giguère. Pour moi, ç'a vraiment été ma première expérience de football professionnel, premier football que j'ai vu à la télévision. C'est ça qui m'a apporté une source de motivation aussi, de vouloir jouer pro plus tard. Je pense que pour le développement des joueurs, c'est primordial d'avoir une ligue au Canada. »

« Pour moi, c'était vraiment la sommité, martèle le centre des Alouettes Luc Brodeur-Jourdain. J'en tire une fierté, de me dire que je suis issu d'un cheminement québécois, francophone, canadien, que j'ai réussi à me tailler une place dans la Ligue canadienne de football, et d'avoir un statut maintenant de joueur partant. C'est un joyau au Canada, cette ligue. »

La grande noirceur

Mais ce joyau n'a pas toujours brillé de mille feux. Il a traversé une période sombre à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

« La Ligue canadienne éprouvait d'énormes difficultés financières, rappelle le président des Stampeders de Calgary, Lyle Bauer. Plusieurs équipes étaient en eaux troubles. La ligue était pratiquement sur son lit de mort. La tentative d'implantation aux États-Unis (en 1993) n'a pas été sa manoeuvre la plus habile. »

La ligue a évité de justesse le fond du gouffre, avec l'arrivée de nouveaux propriétaires, comme Bob Wetenhall à Montréal, ainsi qu'un prêt de trois millions de dollars de la NFL.

« Je ne veux pas nous porter malheur, mais je crois que nous vivons présentement une renaissance », croit Cohon.

Une renaissance qui passe, entre autres, par la construction de nouveaux stades à Hamilton, Winnipeg et Regina.

Les revenus, l'assistance et les cotes d'écoute sont à la hausse. La Ligue rêve maintenant d'élargir son territoire. Le projet s'amorcera avec le retour d'une franchise à Ottawa en 2014, une neuvième équipe.

Cohon espère qu'il se poursuivra avec l'ajout d'une 10e équipe... que ce soit dans les Maritimes, à Québec, London ou Saskatoon.

Mais attention, prévient Lyle Bauer: il ne faut pas répéter les erreurs du passé:

« Après avoir échoué aux États-Unis, la ligue doit être prudente. Nous devons nous assurer d'avoir assez de bons joueurs canadiens. »

« Nous présentons un jeu authentiquement canadien, accessible et abordable, avec des règles différentes, rappelle Cohon. Même si la ligue grandit, nous ne devons jamais oublier ça, sinon nous perdrons nos amateurs. »

Ce n'est pas une coïncidence si le slogan de la LCF, This is our League, en est un d'appartenance. Il n'aura jamais été aussi vrai.

D'après un reportage de Justine Boutet

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