MONTRÉAL - L’excitant rappeur, mais aussi chanteur, musicien, magicien, auteur, réalisateur et touche-à-tout montréalais Josh Dolgin, communément appelé Socalled, sera en spectacle au Cabaret du Mile-End dans le cadre du festival Mundial Montreal. Depuis la sortie de son quatrième album Sleepover (intelligente mixture de funk, hip-hop, électro-klezmer, dancehall, néo-soul, folk, rock, pop) en mai 2011, il a été passablement occupé. Quelques jours avant sa prestation, nous avons rencontré le bricoleur musical afin d’en apprendre un peu plus sur les projets de l’homme qui continue de repousser les limites artistiques.
Dans un café de la rue Hutchison (il habite dans le coin), Socalled arrive quelque peu en retard. Pas de raison de s’en formaliser, il semble de bien bonne humeur et disposé à une discussion sincère. Cheveux frisés ébouriffés, regard pénétrant, veste aux couleurs éclatantes, Socalled ressemble à sa musique. Vivant, flyé et un tantinet éparpillé.
D’entrée de jeu, nous abordons le spectacle à venir à Montréal. Outre les marionnettes, on retrouve la ribambelle d’invités spéciaux et la mise en scène colorée proposées durant le concert-lancement de l’an dernier. Du nouveau? «Je n’ai pas pensé encore au show [nous sommes le 9 novembre]», répond franchement Josh Dolgin dans un français très acceptable. J’ai tellement fait de représentations de ce show que ça devrait bien se passer. Et puis, je suis assez occupé en ce moment. Je peux quand même dire qu’il y aura un peu moins d’invités… Tu en penses quoi? Qu’est-ce que je peux faire?»
Nous apprenons un peu plus tard que, malgré la centaine de concerts livrés au Québec et à l’étranger depuis le printemps 2011, une seule véritable répétition a eu lieu entre les membres du groupe qui accompagnent Soccaled sur les planches. Voilà un créateur qui mise sur la spontanéité en spectacle! Pour le meilleur et pour le pire. Cela dit, Socalled explique qu’il est coûteux et difficile de rassembler tous les musiciens et chanteurs pour peaufiner le travail scénique. Il a même été difficile de conserver une stabilité dans la formation pour la tournée. «Ces derniers mois, c’est beaucoup mieux. Je joue presque toujours avec les mêmes musiciens. Je trouve que la musique est meilleure», précise le chanteur.
The Season, endisqué
Socalled est un créateur boulimique qui carbure aux projets divers... Pas le temps de tout faire, comme on dit. Sourire en coin, il acquiesce sans détour: «Je travaille sur de nouvelles choses… Ah oui, as-tu vu ma comédie musicale The Season [un décor de forêt, quatre marionnettistes, quatre comédiens, quatre chanteurs, deux danseurs, neuf musiciens ont participé à cette folle fable pour adultes présentée l’an passé au Théâtre Outremont dans le cadre de Pop Montréal]? Wow! Ça c’était un truc flyé! (Rires). En fait, The Season a quand même continué de se développer.»
«J’ai enregistré la musique du spectacle au studio d’Arcade Fire», raconte-t-il. «Une belle église à la campagne. C’était génial. La musique est la même, sinon mieux livrée. La plupart des artistes principaux de la pièce [Yves Lambert, The Narcysist, Katie Moore…] ont collaboré à l’album, en plus de quelques autres invités, dont Le Quatuor à cordes [Pemi Paull, John Corban, Alex Read et Octavie Dostaler-Lalonde] et la harpiste de l’OSM Jennifer Swartz, qui se retrouve aussi sur l’album Sleepover.»
Peut-on s’attendre à ce que la pièce soit de nouveau proposée aux Québécois? «Je ne sais pas», affirme Socalled. «Je pense qu’elle a beaucoup de potentiel. J’ai tout fait en deux mois l’an dernier. Avec du travail, ça ferait quelque chose de bien. J’y pense. Et puis, je sais que certaines personnes ont apprécié. C’est grâce à The Season que le producteur du centre Segal, à Montréal, m’a approché pour que je lui propose une pièce de théâtre de mon choix. Je suis en train de travailler sur l’adaptation des Contes d’Odessa de l’auteur Isaac Babel. En gros, ça raconte des histoires de gangsters juifs à Odessa, en Ukraine, dans les années 1920. Ce sera présenté en yiddish, sous-titré en français et en anglais…»
Un album de hip-hop
Et la musique de Socalled dans tout ça? «Franchement, je suis en réflexion par rapport à mon travail. Je me trouve dans un monde étrange. Pas toujours assez pour certains, je suis beaucoup trop pour d’autres […] Ma musique a peut-être trop de styles différents. Je pensais que tout le monde trouverait son compte dans cette palette de chansons house, soul, funk, reggae, hip-hop, rock… Je ne sais pas. Montréal est une place formidable pour moi. Je dis un big fucking merci aux Montréalais d’être là pour moi. C’est le meilleur public dans mon cas. Quand je joue dans l’Ouest canadien, par exemple, je ne ressens jamais le même intérêt, même si ma musique plaît, en général.»
Un nouvel album en chemin? «Je travaille sur des beats. Mais, je crois que je dois prendre du recul», avoue Socalled qui partage du même coup sa légère déception quant à l’industrie musicale québécoise. «Je n’ai même pas eu une nomination à l’ADISQ. Il me semble que ma musique mérite une quelconque forme d’encouragement par les responsables du milieu. Qu'est-ce que je devrais faire comme musique? Qu’est-ce qui cloche avec Sleepover [ce disque, pourtant fort apprécié de la critique n’a été vendu qu’à quelques milliers d’exemplaires]? Trop bon, possiblement (Rires)… Trop éparpillé, peut-être… Un peu comme mon show [...] Qu’est-ce que j’écoute? Moi, j’adore, entre autress le rap et le hip-hop. Mais je ne sais pas si les gens sont prêts ici pour un vrai album de ce genre. Tu sais, je pense que j’ai vraiment envie de faire un disque de hip-hop. Je pourrais trouver de bons artistes montréalais pour m’aider. Je pourrais aussi chanter davantage sur cet album. Avec toutes les collaborations sur Sleepover, je chante très peu… Un album hip-hop, tu penses?»
Un voyage dans la tête de Socalled est une expérience géniale. Cet homme authentique, franc, sensible, drôle, bouillonnant et étonnamment posé malgré tout est une sorte de petit savant fou dont les idées se bousculent et semblent peiner à trouver une place ordonnée dans son monde de créateur. Qu’à cela ne tienne: l’homme est de toute évidence préoccupé par son prochain disque et sa place dans l’univers musical québécois. Une preuve qu’il est moins irréfléchi et désordonné qu’il en à l’air. Socalled mordant entièrement dans le hip-hop: Pourquoi pas ?
D’ici là, l’artiste multitâches sera au Cabaret du Mile-End, vendredi soir, avec sa bande de joyeux compagnons. Un peu brouillon, le désarmant spectacle de Sleepover est pour le moins rempli de bons moments. Éclectique, certes, mais tellement déluré et rassembleur. Et que dire des performances du magicien!
Avec son nouvel album pop-rock Travelling Love, Elisapie assurera la première partie de la soirée, qui commence à 22 h.
Mundial Montreal
Le festival Mundial Montreal est unique en son genre en Amérique du Nord. L’événement, qui a lieu du 13 au 16 novembre 2012, est à la fois une vitrine et un congrès de musique du monde qui célèbrent la richesse et la diversité culturelle du Canada. Au programme: une variété de spectacles et du réseautage sans précédent entre les présentateurs et les professionnels ayant un même objectif: développer des opportunités professionnelles à l’échelle nationale et internationale.
Pour obtenir plus d’information sur Mundial Montreal, on peut visiter le site internet www.mundialmontreal.com.