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L'économie bénéficie des réformes bancaires, soutient Mark Carney

L'économie bénéficie des réformes bancaires, soutient Mark Carney

Le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, estime que les restrictions imposées aux grandes banques du monde - souvent contre leur gré - devraient être vues comme une façon d'améliorer la croissance économique et la création d'emploi, et non de les freiner.

Le dirigeant de la banque centrale, qui a été nommé vendredi dernier à la tête du Conseil de la stabilité financière (CSF), chargé de réformer le système bancaire international, indique qu'il compte assurer une mise en oeuvre rapide et cohérente des nouvelles règles de Bâle III. Ces règles visent principalement à contraindre les banques à détenir assez de fonds propres pour affronter un important choc financier.

M. Carney a également rejeté les critiques, provenant surtout des financiers de Wall Street, qui affirment que demander aux banques de détenir davantage de capital et de réduire la prise de risque nuit déjà aux investissements et à l'activité économique.

« Les mesures visant à renforcer la stabilité financière ont pour effet de soutenir l'expansion économique et la création d'emplois, plutôt que de les freiner, même à court terme », a-t-il affirmé jeudi dans un discours prononcé devant le Canadian Club de Montréal.

« La croissance du crédit a repris dans les pays où les institutions financières ont résolument renforcé leurs bilans, réorienté leurs activités commerciales essentielles et amélioré leurs sources de financement - autrement dit dans les pays où les institutions financières sont revenues à un modèle économique plus viable », a-t-il soutenu.

La question a donné leu à une désormais célèbre confrontation entre M. Carney et le chef de la direction de JPMorgan Chase, Jamie Dimon, survenue en septembre au cours d'une réunion privée. Ce dernier lui aurait vigoureusement exprimé ses frustrations quant aux restrictions imposées au secteur bancaire.

D'après les médias qui ont rapporté l'incident, le gouverneur, qui a fait ses classes dans le secteur privé chez Goldman Sachs, aurait maintenu sa position. Depuis, il a continué en public à montrer peu de patience pour le système tel qu'il existait avant l'effondrement de Wall Street, en 2008.

Vers la fin de l'aide des États

Dans son discours, Mark Carney note qu'en 2008, de grandes banques aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Allemagne, en France, en Irlande, aux Pays-Bas et en Belgique ont déclaré faillite ou ont été secourues par des fonds publics. « À la veille de leur chute, chaque banque se vantait d'avoir des niveaux de capitaux bien au-delà des normes de l'époque », souligne-t-il.

Ces garanties se sont révélées inutiles, selon lui, parce que la plupart des banques minimisaient les risques auxquels leurs bilans étaient exposés ou parce que ces bilans « regorgeaient de produits structurés supposément sans risque qui étaient en réalité terriblement toxiques ».

Le gouverneur fait valoir que, même après la crise, les investisseurs ont continué à croire que quand le pire arrivera, une fois de plus, les gouvernements seront là pour renflouer une grande banque en faillite, selon un raisonnement voulant que les dommages causés par l'effondrement d'une grande banque soient pires que le coût de son sauvetage.

Cette façon de penser profite aux banques, car elle leur permet d'accéder au crédit à des taux inférieurs à ce qu'elles auraient payé si les risques avaient été bien évalués, estime M. Carney. Selon lui, cette mentalité encourage aussi une prise de risque démesurée, les banques et les investisseurs prévoyant, en dernier recours, pouvoir faire appel aux fonds publics.

« En réglant le problème des institutions trop importantes pour faire faillite et en soumettant ainsi les établissements à la sanction ultime du marché, on resserrera la discipline au sein du système », dit-il.

M. Carney juge que le système mondial est maintenant plus sûr qu'il ne l'était avant l'effondrement de 2007 et 2008. « Beaucoup de choses ont été réalisées, mais il reste encore énormément à faire », prévient-il toutefois.

Quant aux banques canadiennes, il estime qu'elles doivent donner le ton. « Toutes les grandes banques canadiennes devraient satisfaire aux exigences strictes de Bâle III (établies pour 2019) d'ici janvier prochain, comme le prévoit le Bureau du surintendant des institutions financières », indique-t-il.

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