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Fonds marins : une exploitation critiquée

Fonds marins : une exploitation critiquée

La communauté scientifique manifeste de vives inquiétudes à propos des effets dévastateurs de la pêche commerciale au large des côtes canadiennes. Les techniques utilisées laissent le fond des océans dans un état lamentable et la rareté de la ressource se fait de plus en plus sentir.

Certains navires usines pêchent la crevette au nord du Labrador 24 heures sur 24. Les filets qu'ils utilisent ont la taille d'un terrain de soccer. Après leur passage au fond de l'eau, il ne reste pratiquement rien.

Des chaluts à crevettes, mais aussi à poissons de fond, et des dragues à pétoncles sont à l'oeuvre au fond des océans. Une véritable coupe à blanc se déroule à l'abri des regards.

« Il y a un fond marin qui est vivant, mais on le racle tout le temps, et il n'est plus vivant », affirme la biologiste Mireille Poulin.

Au Canada, on fait peu de recherche pour améliorer les méthodes de pêche.

« On ne sent pas du tout de la part du gouvernement actuel [la volonté] de mettre en oeuvre ce genre de projet là pour qu'on arrive à modifier les engins de pêche et à éviter le désastre », affirme André Saint-Hilaire, professeur en science de l'eau à l'Institut national de la recherche scientifique.

« Aujourd'hui, on est obligé de se fier aux pays européens où il y a encore de gros, gros programmes de recherche », renchérit le pêcheur Alyre Gauvin.

Les principales espèces marines au Canada, comme le sébaste, la morue et la plie ont diminué de plus de 90 % depuis les années 60. Et on continue de les pêcher. Selon la biologiste Mireille Poulin, qui a travaillé comme observatrice en mer sur plusieurs bateaux de pêche, le crabe est la seule pêche qui va bien.

Le Canada s'est engagé auprès des Nations unies à protéger 10 % de son territoire marin d'ici 2010. Or, moins de 1 % l'est actuellement.

Le pays, qui a le plus long littoral au monde, a pourtant été un précurseur en matière de protection des océans. Dans les années 90, il a été le premier pays à se doter d'une loi sur les océans.

Mais récemment, une des dispositions du projet de loi omnibus C-38 a semé la consternation auprès de la communauté scientifique. Le gouvernement fédéral y modifiait l'article 35 de la Loi sur les pêches en choisissant de protéger certaines espèces de poissons plutôt que les habitats de tous les poissons. Résultat, seules les espèces pêchées commercialement, par les autochtones ou de façon récréative sont protégées, soit une espèce sur quatre.

« C'est un avis très surprenant qui va à l'encontre de tous les travaux scientifiques qui ont été faits dans les dernières décennies », affirme André Saint-Hilaire.

Le bureau du ministre des Pêches, Keith Ashfield, a répondu aux questions de Radio-Canada par courriel et affirme que le gouvernement a pris les mesures qui s'imposent pour protéger nos océans.

Un reportage de Josée Dupuis

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