Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Halloween: les déguisements sanglants ont la cote cette année

Les déguisements sanglants ont la cote
Flickr: _ alt3 _

WASHINGTON - Cette année, les enfants qui viendront sonner aux portes des Américains risquent d'être particulièrement effrayants. Les magasins de déguisements ont misé sur des costumes tous plus atroces les uns que les autres, du clown à la machette sanglante au zombie ninja, conçus pour des enfants d'à peine cinq ans.

La tendance n'est plus aux traditionnels déguisements de Frankenstein ou aux gentilles sorcières mais bien à l'horreur, même chez les tout-petits. Les costumes du tueur à griffes Freddie Krueger, du tueur d'enfants Michael Myers ou encore de Chucky, la poupée maléfique, sont maintenant disponibles en taille enfant. Les masques du personnage de Scream, très populaires l'année dernière, paraissent presque fades cette année.

«Ces dernières années, la tendance est à ce qui sera le plus sinistre», explique Melissa Sprich, responsable de la mise en marché pour la chaîne de magasins Party City. Pour les bébés, cette tendance se décline en costume de diable, remplaçant les habituels dinosaures, ajoute Mme Sprich. Pour tous les autres groupes d'âge, «les parents sont à la recherche de costumes représentant les personnages de Chucky, de Freddy, ou de Jason», alors que leurs enfants sont trop jeunes pour regarder ces films, affirme Mme Sprich.

Les décorations sont devenues tout aussi effrayantes. Le magasin Spirit Halloween propose une version mécanique de la petite fille envoûtée du film «L'Exorciste» à placer dans la cour d'entrée, tandis que Papermart présente des mains découpées et dégoulinantes de faux sang enrobées dans du papier de boucher pour décorer la table...

Un peu plus tôt ce mois-ci, Amber Boettcher a amené sa fille de 6 ans, Addi, dans un magasin de déguisements, à quelques pas de chez elle dans le Minnesota. Elles cherchaient des pompons pour les ajouter au costume fait maison d'Addi. Mais les courses ont tourné court lorsque la petite fille a vu la gamme de costumes d'horreur au rayon enfant. «Elle a eu peur», explique Amber Boettcher. «Le magasin était tellement dégoûtant et effrayant que nous sommes parties!»

Une monstruosité sans précédent

Les entreprises détentrices des droits sur les personnages de Freddy, Chucky ou Jason déterminent la taille des costumes, descendant jusqu'aux tailles 6-8 ans ou 10-12 ans pour certains personnages. Mais ces déguisements pour les 6-8 ans sont parfois portés par des enfants de cinq ans. David Skal, qui a dépeint la fascination des États-Unis pour l'horreur dans de nombreux livres, s'étonne du niveau de «monstruosité chez les enfants» atteint cette année.

Depuis des siècles, les masques effrayants et les «histoires qui font peur ont été utilisés pour faire passer aux enfants une sorte de message initiatique selon lequel le monde n'est pas toujours un lieu sûr et accueillant», explique David Skal. Peut-être cette année les parents sont-ils particulièrement préoccupés par l'état du monde, avance-t-il.

Pour son livre «Death Makes a Holiday», M. Skal s'est entretenu avec des personnes qui ont grandi pendant la Grande Dépression des années 1930. Ils se déguisaient alors en clochards ou en mendiants. À l'époque, «les gens étaient très inquiets de voir l'échelle sociale s'effondrer. L'idée d'une montée en puissance des masses de "malpropres" peut être mise en parallèle avec notre fascination actuelle pour les zombies», explique l'auteur.

Chris Alexander, rédacteur en chef de «Fangoria», un magazine d'horreur reconnu, explique que dans les années 1930, les personnages considérés aujourd'hui comme inoffensifs, tels que Frankenstein ou le comte de Dracula, troublaient les spectateurs autant que Chucky ou Michael Myers aujourd'hui. Mais ces personnages ont été déclinés dans des décennies d'adaptations avant de devenir des costumes conçus pour les élèves de maternelle. Ce polissage n'a pas eu lieu pour des personnages comme Freddy Krueger: ils sont représentés de façon très réaliste en latex et tissu, et finissent sur les frêles épaules des jeunes enfants.

Même pour Chris Alexander, également réalisateur de films d'horreurs à petit budget, les déguisements actuels sont trop sanglants pour songer à les acheter à un enfant de cinq ans. «Mon bureau ressemble à un cauchemar devenu réalité», dit-il, «mais je n'habillerais jamais mon enfant comme Freddy Krueger ou Jason... Je suis assez choqué lorsque je vois ça», ajoute-t-il.

Pour l'enseigne Party City, la popularité de personnages de films d'horreur comme Chucky s'explique par la vague de nostalgie éprouvée par les parents actuels, enfants à l'époque de la sortie de ces films. Les personnages de «Ghostbuster» et des jeux vidéos Mario et Luigi sont également à la mode en ce moment.

La tendance est donc à la nostalgie et les enfants apprécient de voir l'effet de leurs déguisements sanglants sur les adultes, analyse Cynthia Edwards, professeur de psychologie à l'université Meredith de Raleigh, en Caroline du Nord.

«L'un des plaisirs de l'Halloween pour les enfants est de devenir le personnage dont ils portent le costume. Si vous vous habillez comme une princesse ou un pilote, vous êtes un princesse ou un pilote pendant quelques heures. Et alors se pose la question: s'il est habillé comme un personnage horrible, comment l'enfant le perçoit-il?», s'interroge-t-elle.

Une seule journée passée dans un univers d'horreur n'aura pas d'impact à long terme sur les enfants, mais certains seront perturbés par le fait de porter des déguisements sanglants ou de voir leurs camarades habillés de cette façon, estime Cynthia Edwards.

Ce qui peut être particulièrement déstabilisant pour les enfants, souligne le rédacteur en chef de «Fangoria», c'est de voir les parents dire «non sur tous les tons à l'horreur et au sanguinolent» toute l'année et, une fois par an, les amener sans hésiter dans des magasins débordant de corps démembrés ou d'animaux mécaniques morts pour acheter des déguisements effrayants. Puis, sans même laisser le temps aux enfants de placer cette imagerie inquiétante dans son contexte, «dès que le 31 octobre est passé, l'horreur est à nouveau enterrée».

INOLTRE SU HUFFPOST

Le bébé sans-abri

Des costumes d'Halloween inappropriés pour les enfants

Arnachopanda

Idées de costumes liées à l'actualité

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.