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Lino Zambito éclabousse l'ex-organisateur libéral Pierre Bibeau, qui nie tout

Zambito éclabousse Pierre Bibeau
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Lino Zambito dit avoir versé 30 000 $ en argent comptant à l'ex-organisateur libéral Pierre Bibeau dans la foulée d'une activité de financement organisée au profit de l'ex-ministre de l'Environnement du Québec Line Beauchamp, au printemps 2009. Pierre Bibeau dénonce les allégations de M. Zambito.

Le témoin-vedette de la commission Charbonneau et ex-propriétaire d'Infrabec affirme que cette demande lui avait été faite par M. Bibeau, un organisateur de longue date du Parti libéral du Québec, même si l'activité de financement de Mme Beauchamp avait été organisée par la firme de génie Génivar.

M. Zambito a versé l'argent directement à Pierre Bibeau lors d'un rendez-vous que ce dernier lui avait donné dans les locaux de Loto-Québec, où il occupe le poste de vice-président principal aux affaires publiques.

Mme Beauchamp a déjà confirmé qu'elle avait assisté à cette activité de financement, tenue le 6 avril 2009, au restaurant Piccolo Mondo de Laval, mais avait nié connaître l'un des invités présents, Domenico Arcuri, un membre présumé de la mafia.

Selon Lino Zambito, Paolo Catania, du groupe Catcan, et Giuseppe Bertolo étaient aussi présents. Le premier a été vu au café Consenza, quartier général du clan mafieux Rizzuto lors de l'opération Colisée, le second a déjà été trésorier d'une entreprise de décontamination liée à la mafia.

Pierre Bibeau dénonce les allégations de Zambito

Dans un communiqué, Pierre Bibeau a tenu à « dénoncer vivement les allégations portées » à son égard, estimant qu'« un tort inestimable » lui est causé, sans autre forme de procès.

M. Bibeau, qui dit avoir consulté ses avocats, entend attendre le déroulement des interrogatoires et contre-interrogatoires « avant d'entreprendre quelques démarches juridiques que ce soit ».

Il se dit aussi disponible à témoigner « pour rétablir les faits auprès de la Commission Charbonneau et collaborer avec elle ».

M. Bibeau a longtemps été le conjoint de Mme Beauchamp.

Une autre demande pour la ministre Normandeau

Lors de son témoignage en début de journée, M. Zambito dit qu'on lui a aussi demandé de verser 30 000 $ en argent liquide pour une activité de financement organisée au profit de l'ex-ministre des Affaires municipales du Québec Nathalie Normandeau, le 15 octobre 2009.

Dans ce cas, la demande est venue de Bruno Lortie, qui était le directeur de cabinet de Mme Normandeau. M. Zambito n'a cependant jamais versé cet argent, puisque le premier reportage de l'émission Enquête le montrant du doigt a été diffusé ce soir-là.

M. Zambito a aussi affirmé qu'il a déjà remis de 25 000 $ à 30 000 $ en argent comptant à l'ex-chef de Vision Montréal, Benoît Labonté, en vue des élections municipales de 2009. L'argent lui a été remis dans un restaurant de Laval, a-t-il raconté.

L'ex-propriétaire d'Infrabec a aussi dit qu'il avait déjà versé 1500 $ en argent comptant à la caisse électorale de l'ex-député adéquiste de Groulx Linda Lapointe. L'argent avait été demandé par son conjoint, Patrick Thiffault, conseiller municipal à Boisbriand. Mme Lapointe s'est représentée dans Groulx le 4 septembre dernier, mais en défendant cette fois les couleurs du PLQ. Elle a été battue.

Le maire Vaillancourt éclaboussé

À Laval, les entrepreneurs versaient 2,5% de la valeur des contrats reçus au maire Vaillancourt via un intermédiaire; il y a aussi de la collusion à Mascouche, Terrebonne, Blainville, St-Jérôme.

Comme il l'a souligné plus d'une fois depuis le début de son témoignage, M. Zambito a plaidé qu'il n'avait pas le choix d'agir de la sorte, puisque ce système avait été implanté avant qu'il ne se lance en affaires.

Il a blâmé les organisateurs politiques pour cette situation, allant même jusqu'à plaider qu'« un noyau d'organisateurs à l'intérieur du PLQ, du PQ et de l'ADQ [...] n'ont plus leur raison d'être ».

Il a aussi souligné que le Parti libéral du Québec devrait profiter de l'actuelle course à la direction pour « faire le ménage », dans ses rangs. Il note que plusieurs organisateurs qu'il a nommés depuis le début de son témoignage sont actifs dans cette course.

M. Zambito affirme que « beaucoup de députés en politique sont des honnêtes gens, qui sont là pour servir la population » et qu'ils ne connaissent pas nécessairement l'identité des gens qu'ils rencontrent lors d'activités de financement.

Révélations sur Laval et la Rive-Nord

Plus tard en matinée, Lino Zambito a soutenu qu'à Laval, les entrepreneurs qui y obtenaient des contrats de construction au début des années 2000 versaient 2,5 % de leur valeur au maire Gilles Vaillancourt par l'entremise de Marc Gendron de la firme de génie-conseil Tecsult.

Le bureau du maire de Laval a rapidement nié les allégations et précisé que Gilles Vaillancourt n'avait jamais reçu d'argent.Toujours selon M. Zambito, les collusionnaires sont aussi actifs dans plusieurs villes de la banlieue nord de Montréal, dont Mascouche, Terrebonne, Saint-Jérôme et Blainville, a aussi raconté Lino Zambito, grâce à des ententes entre les bureaux d'ingénieurs et les constructeurs.

La semaine dernière, Radio-Canada a en outre révélé que M. Zambito dit avoir versé un pot-de-vin de 25 000 $ à un proche du maire Vaillancourt, lors de la réalisation d'un contrat de près de 2 millions de dollars pour le prolongement du boulevard Cléroux.

Grâce à ce versement, effectué par l'entremise d'un employé de la firme de génie-conseil Gendron-Lefebvre, proche de l'administration Vaillancourt, Lino Zambito dit avoir pu réclamer 400 000 $ en extras.

Depuis 10 jours, des agents de l'Unité permanente anticorruption (UPAC) et de l'escouade Marteau ont mené une série de perquisitions à Laval. Les résidences du maire Gilles Vaillancourt, l'hôtel de ville et les locaux d'au moins cinq entreprises - Poly Excavation, Louisbourg Construction. J. Dufresne Asphalte, Nepcon et Construction Mergad - ont notamment été visités.

Un témoignage-choc

Lors de précédents témoignages, Lino Zambito a fait part d'allégations de stratagèmes de truquages d'appels d'offres et de liens entre le monde municipal et la mafia. M. Zambito a aussi évoqué du trafic d'influence pendant que le Parti libéral du Québec était au pouvoir.

M. Zambito a notamment soutenu qu'un organisateur de l'ancien ministre du Travail, David Whissell, avait tenté de lui extorquer 50 000 $ en argent comptant à l'été 2007 pour le financement du PLQ.

Il a également affirmé avoir organisé des soirées de financement pour l'ex-ministre des Affaires municipales Nathalie Normandeau. Il aurait amassé 110 000 $ en utilisant un système de prête-noms pour contourner la limite légale des dons aux partis politiques.

Les deux anciens ministres ont nié ces allégations, qualifiées de troublantes par le chef intérimaire du PLQ, Jean-Marc Fournier.

Auparavant, Lino Zambito a admis avoir fait partie d'un cartel des égouts actif à Montréal. Le groupe d'une dizaine d'entrepreneurs se répartissait les contrats et utilisait diverses combines pour détrousser le Trésor public.

Pendant quelques années, l'ex-vice-président d'Infrabec dit aussi avoir non seulement versé 2,5 % de la valeur des contrats obtenus au clan mafieux sicilien Rizzuto, mais aussi 3 % au parti Union Montréal du maire Tremblay et 1 % à un ingénieur de la Ville, Gilles Surprenant, surnommé M. TPS.

Il a au passage allégué que l'ex-directeur général et l'ex-président du Comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Abdallah et Frank Zampino, se sont mêlés illégalement de contrats publics en favorisant certains entrepreneurs.

MM. Abdallah, Zampino, Accurso et Tremblay ont tous réfuté publiquement les allégations de Lino Zambito.

Il a aussi allégué que le parrain de la mafia montréalaise Vito Rizzuto a joué le rôle de médiateur dans un litige l'opposant à l'entrepreneur en construction Tony Accurso.

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