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Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, démissionne

Le premier ministre de l'Ontario, Dalton McGuinty, démissionne

Des leaders politiques et syndicaux de tout acabit saluent le travail du premier ministre ontarien Dalton McGuinty, qui a annoncé, lundi soir, sa démission à la surprise générale.

Réélu il y a à peine un an pour un troisième mandat, mais à la tête d'un gouvernement minoritaire, M. McGuinty a annoncé qu'il démissionnerait de son poste à l'issue d'une course à la direction du parti libéral provincial.

M. McGuinty a également prorogé les travaux de l'Assemblée législative, possiblement jusqu'au printemps prochain. Nombre de dossiers et de projets de loi controversés, comme le gel du salaire des enseignants et une motion d'outrage à la législature contre les libéraux, mourront ainsi au feuilleton.

Ému, M. McGuinty a informé son caucus de sa démission au cours d'une réunion d'urgence convoquée lundi soir. Il restera à la tête de la province et du Parti libéral jusqu'à que celui-ci ait choisi son successeur.

Mettant de l'avant les 16 années passées à la tête du Parti libéral de l'Ontario, dont neuf à la tête de la province, il a fait valoir que le moment était venu de passer le flambeau à quelqu'un d'autre.

Il a précisé qu'il avait demandé au président du parti, Yasir Naqvi, d'organiser une course à la direction « le plus rapidement possible ».

Il n'y a pas de successeur évident pour M. McGuinty, mais parmi les noms souvent mentionnés comme candidats potentiels figurent ceux de la ministre des Affaires municipales, Kathleen Wynne, du ministre des Finances, Dwight Duncan, et du ministre de l'Énergie, Chris Bentley.

Dalton McGuinty restera cependant député d'Ottawa-Sud jusqu'à la prochaine élection générale.

Au cours d'un point de presse donné après la réunion de son caucus, il a tourné à la blague les questions sur son éventuelle participation à la course à la direction du Parti libéral du Canada. « Je n'ai pas de plan », a-t-il assuré. « Quelles rumeurs répandez-vous? » a-t-il demandé aux journalistes, nombreux à revenir à la charge.

Accompagné de son épouse, de son frère, de son directeur de campagne ainsi que d'anciens conseillers et amis proches, Dalton McGuinty a remercié les Ontariens en général et son caucus en particulier.

Pendant son allocution, le premier ministre a vanté les accomplissements de sa formation politique. Il a reconnu avoir commis quelques erreurs en gouvernant, mais a affirmé que son parti avait réalisé de grandes choses en éducation, en santé et en environnement. Avant le retour au pouvoir du Parti libéral, il y a 16 ans, celui-ci n'avait remporté qu'une seule élection en 50 ans, a-t-il rappelé.

Même si sa démission surprend les observateurs, il reste que sa province se révélait de plus en plus difficile à gouverner.

L'Ontario, la province canadienne la plus touchée par la crise financière de 2008, est confrontée à un déficit de 14,4 milliards, lui aussi le plus important au pays.

Sa proposition de geler les salaires dans la fonction publique pour arriver à juguler le déficit se heurtait à l'opposition des autres partis. En point de presse, M. McGuinty a d'ailleurs mentionné cette impasse sur une « question importante de politique publique ».

Son gouvernement minoritaire faisait aussi face à une tempête politique, soulevée par le déménagement de deux centrales électriques au gaz naturel de Mississauga et Oakville. Le gouvernement libéral était menacé de faire l'objet d'une motion d'outrage au Parlement dans ce dossier. Les partis d'opposition reprochent au gouvernement d'avoir manqué de transparence.

La session prorogée

M. McGuinty a choisi de proroger la session, car les chances étaient minces d'obtenir le gel des salaires dans la fonction publique dans l'état actuel des choses.

Pendant la suspension de l'Assemblée législative, les négociations recommenceront, a-t-il affirmé. Quand les députés siégeront à nouveau, il y aura soit un plan avec les syndicats pour le gel, soit un projet de loi avec l'accord de l'opposition, a-t-il dit.

La chef du NPD, Andrea Horwath, a de son côté exhorté M. McGuinty à reconsidérer l'ajournement des travaux parlementaires. Elle considère qu'il reste trop de travail à accomplir, notamment dans le dossier des centrales thermiques.

« Je ne crois pas que la prorogation annule la responsabilité du gouvernement, ou celle du premier ministre par rapport au fiasco dans le centrales électriques d'Oakville et de Mississauga », a-t-elle souligné.

Réactions

Réagissant à la démission de Dalton McGuinty, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, l'a remercié pour « la contribution qu'il a apportée à l'Ontario et au Canada alors qu'il dirigeait la province de l'Ontario ».

« Nos deux gouvernements ont travaillé ensemble au service des Ontariens, notamment en mettant en oeuvre le Plan d'action économique du Canada et en maintenant l'industrie de l'automobile dans la province de l'Ontario, et je salue les nombreuses années de service public dévoué de M. McGuinty », a déclaré Stephen Harper.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Canada (PLC), Bob Rae, a également souligné ce que Dalton McGuinty a apporté à la province.

« Dans les deux dernières années, M. McGuinty a fait preuve d'un engagement constant envers les services publics. Au cours de ses neuf ans en tant que premier ministre, M. McGuinty a fait de l'Ontario un leader en éducation en introduisant la maternelle à temps plein et en rendant l'éducation postsecondaire plus accessible et plus abordable que jamais », a-t-il affirmé.

Le chef conservateur Tim Hudak a laissé de côté la rhétorique colérique des dernières semaines pour remercier M. McGuinty pour ses années de vie publique. « Je n'ai jamais douté de son engagement sincère envers les gens de cette magnifique province de l'Ontario », a-t-il mentionné.

La première ministre de l'Alberta, Alison Redford, a elle aussi reconnu l'engagement de M. McGuinty au cours des 16 dernières années, le qualifiant autant de « fier défenseur » de sa province, de « leader dans la Confédération », de « précieux collègue » que d'« ami ».

Pour sa part, le président du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile, Ken Lewanza, a remercié Dalton McGuinty de son soutien à l'industrie automobile. Sans ses efforts, la province aurait connu, selon lui, des pertes d'emplois massives à General Motors et à Chrysler, qui ont obtenu une bouée de sauvetage financière des gouvernements fédéral et ontarien.

Dalton McGuinty dirige l'Ontario depuis 2003. Il est devenu chef du Parti libéral en 1996, battant à l'époque le favori Gerard Kennedy.

Il a obtenu une deuxième majorité consécutive en 2007, puis a hérité d'un gouvernement minoritaire en octobre 2011. Il est alors devenu le premier Ontarien à remporter trois mandats consécutifs depuis plusieurs générations.

Le mois dernier, les libéraux, qui ne sont qu'à un siège de la majorité, ont raté l'occasion de la reprendre, perdant l'élection partielle dans Kitchener-Waterloo.

Il y a moins de deux semaines, Dalton McGuinty avait facilement gagné un vote de confiance, obtenant l'appui de 85,8 % des délégués.

Depuis son élection en 2003, M. McGuinty a fait de l'éducation sa priorité, lançant entre autres un programme de maternelle à temps plein pour toutes les écoles de la province.

Son approche familiale lui a aussi valu le sobriquet de Premier Dad (papa McGuinty), à la suite d'interventions répétées de son gouvernement dans la vie des Ontariens, notamment pour bannir la cigarette dans les voitures en présence d'enfants.

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