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La mort en blanc

La mort en blanc

Dans la nuit du 23 septembre dernier, Greg Hill a côtoyé la mort de près. Le Canadien s'est porté à la rescousse des alpinistes balayés par une avalanche sur les flancs du mont Manaslu, au Népal, dont le cardiologue Dominique Ouimet.

Perché à 6 300 mètres sur la montagne, au camp 2, il a été témoin du drame qui se jouait quelques centaines de mètres plus haut, au camp 3.

En entrevue à l'émission Culture physique, Hill a expliqué avoir d'abord cru à un immense souffle de vent... avant de se rendre à l'évidence.

« Il faisait encore noir et on a vu des lumières. On entendait des voix qui appelaient leurs amis. On savait qu'il y avait au moins 20 personnes dans cette avalanche et ça nous a pris à peu près 25 minutes (pour les rejoindre). »

Il y en avait 24 au total. Huit sont morts, 13 ont survécu, tandis que trois ont disparu, parmi ceux-ci, le docteur Dominique Ouimet, cardiologue à l'Hôpital régional de Saint-Jérôme. Quatre Français, un Allemand, un Italien, un Népalais et un Espagnol ont péri dans la catastrophe.

Montagne dangereuse et emplacement risqué

La veille, alors en pleine ascension vers le camp 3, Hill et son équipe analysent le lieu du bivouac qu'ils s'apprêtent à atteindre eux aussi. L'endroit leur semble inapproprié pour y planter une tente.

« Ça m'a vraiment surpris que tout le monde campait à cet endroit (le camp 3) sur la montagne. C'est une montagne dangereuse et ce camp-là n'était pas à l'abri des avalanches. Je comprends que sur de grosses montagnes comme celle-là on prend plus de risques qu'à l'habitude. Mais quand j'ai vu ce lieu, je me questionnais sur la sécurité. Avec cette montagne, c'est tellement dangereux qu'il n'y a pas beaucoup d'endroits protégés des avalanches », a-t-il confié au micro de Robert Frosi.

Après avoir flairé le danger, Hill redescend au camp 2, un peu en retrait de ce qu'il imagine être le tracé d'une éventuelle avalanche. Une décision qui lui a peut-être sauvé la vie.

Au secours des victimes

Une fois parvenu au camp 3, l'horreur frappe les secouristes de plein fouet.

« C'est la première fois que je voyais des gens morts devant moi. Ce n'est pas quelque chose que je veux revoir. »

Muni de lampes de poche, de sacs de couchage et d'oxygène, l'expérimenté grimpeur tente de secourir les victimes.

« La première chose à faire dans cette situation c'est aider ceux qu'on peut. (Les survivants) encore à la surface et les blessés. Mais ceux qui sont ensevelis, on ne peut pas les aider du tout. On a sauvé le plus de gens possible. Nous avons (extirpés de la neige) quatre ou cinq personnes. Il fallait les réchauffer, leur donner des sacs de couchage, de l'oxygène. Faire tout ce qu'on pouvait », se rappelle-t-il.

Encore traumatisé par cette nuit tragique, Greg Hill a rapidement compris que son ascension avait pris fin à ce moment-là. Il est de retour chez lui en Colombie-Britannique, à Revelstoke. Mais parmi les survivants, certains ont décidé de poursuivre leur objectif : le sommet.

« La mort est une réalité de la montagne. En tant qu'alpiniste, il faut décider si c'est plus important de grimper la montagne avec le potentiel de la mort ou si c'est plus important de retourner chez nous pour voir nos enfants, » résume Hill.

La décision a été facile à prendre pour l'alpiniste de 36 ans qui tenait à livrer un dernier message.

« J'aimerais dire (à la famille de Dominique Ouimet) que j'aurais voulu l'aider. Mais je n'ai pas pu le trouver. Il repose maintenant dans un des plus beaux endroits du monde. »

L'entrevue intégrale sera diffusée à l'émission Culture physique à la Première Chaîne de Radio-Canada dès 14h.

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