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Pakistan : la police arrête un imam à l'origine des accusations de blasphème

Pakistan : la police arrête un imam à l'origine des accusations de blasphème

La police pakistanaise a arrêté un imam à l'origine des accusations de blasphème contre une adolescente chrétienne, a annoncé dimanche Munir Jaffery, un des enquêteurs. Le responsable religieux, Khalid Chishti, est soupçonné d'avoir fabriqué de fausses pièces à conviction.

La jeune fille, âgée de 11 à 14 ans selon les sources, a été arrêtée le 17 août. Actuellement en détention préventive, elle est accusée d'avoir brûlé des pages du Coran et encourt la peine de mort, le blasphème étant considéré au Pakistan comme un crime.

L'affaire a connu un rebondissement avec l'arrestation samedi soir de Khalid Chishti. Dénoncé par un employé de la mosquée qui s'est présenté samedi aux enquêteurs, l'imam est soupçonné d'avoir glissé des pages du Coran dans un sac de la jeune fille contenant des cendres et papiers brûlés, selon Munir Jaffery. D'après son dénonciateur, le religieux a affirmé que c'était là un moyen de se débarrasser des chrétiens du quartier.

Khalid Chishti a protesté de son innocence lors de sa comparution devant le tribunal dimanche, à la veille d'une audience destinée à examiner la demande de remise en liberté de la jeune fille. « Je n'ai rien fait de mal. C'est de l'invention pure et simple », a-t-il affirmé.

Pour Tahir Naveed Chudhry, l'avocat chrétien de la jeune fille, l'arrestation de l'imam montre que sa cliente est innocente. « Elle sera remise en liberté », estime-t-il.

La mineure a été arrêtée le 17 août alors que des rumeurs de blasphème avaient conduit plusieurs centaines de voisins furieux à se rassembler devant son habitation dans un quartier pauvre d'Islamabad, la capitale. D'après la police, « ils auraient pu lui faire du mal si nous n'avions pas rapidement réagi ».

Informations contradictoires sur l'accusée

Des informations contradictoires ont circulé sur l'âge et l'état mental de la jeune fille. D'après sa famille et des militants des droits de l'homme, elle est âgée de 11 ans, tandis que certains de ses défenseurs ont fait état de trisomie. Des médecins qui l'ont examinée ont de leur côté déclaré qu'elle avait environ 14 ans, avec des capacités mentales inférieures à son âge.

Le gouvernement pakistanais est resté largement silencieux sur cette affaire, qui a suscité une polémique dans le pays et des débats sur les lois réprimant le blasphème. En vertu de ces textes, toute personne au Pakistan reconnue coupable d'avoir insulté le prophète Mahomet ou le Coran peut être condamnée à mort, même si les exécutions sont rares.

Les minorités, dont les chrétiens, vivent dans la crainte d'être accusées de blasphème, et de nombreuses voix s'élèvent pour affirmer que la loi sert parfois de prétexte à des règlements de comptes.

Il est arrivé que des foules en colère décident de rendre justice elles-mêmes et s'en prennent physiquement aux personnes accusées de blasphème. En juillet, des milliers de personnes avaient traîné un Pakistanais accusé d'avoir profané le Coran à l'extérieur d'un commissariat à Bahawalpur (centre). Il avait ensuite été frappé à mort et son corps avait été brûlé.

Les tentatives d'abrogation ou de modification de la législation antiblasphème ont rencontré une vive opposition. L'an dernier, deux personnalités politiques influentes du pays qui s'étaient exprimées contre ces textes ont été assassinées.

Associated Press

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