Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Dans Gouin, le coeur des électeurs balance

Dans Gouin, le coeur des électeurs balance

Un texte de Sophie-Hélène Lebeuf

La lutte dans la circonscription montréalaise de Gouin s'annonce comme l'une des plus serrées de toute la province. On dit ses électeurs partagés, mais à écouter certains citoyens qui assistaient jeudi soir à une discussion réunissant les six candidats, ils sont même « déchirés » entre les deux candidats-vedettes : le député sortant, Nicolas Girard, du Parti québécois, qui représente la circonscription depuis huit ans, et la coporte-parole de Québec solidaire, Françoise David.

Tous deux ont été chaudement applaudis après chacune de leur intervention. L'ex-présidente de la Fédération des femmes du Québec a même dû réfréner l'ardeur de ses partisans, dont les applaudissements grugeaient son temps de parole.

Organisé par le mouvement citoyen Occupons le coeur de l'île, l'événement a attiré plus de citoyens que ne l'avaient prévu les organisateurs, qui ont dû ajouter des chaises aux 150 qui avaient été placées près de l'estrade, au sous-sol de l'église Saint-Arsène, dans Rosemont.

Les deux heures et demie de discussions n'ont pas permis de départager un gagnant auprès des citoyens interviewés par Radio-Canada.ca, qui ont presque tous parlé des deux candidats souverainistes.

Le premier, pressenti à un poste de ministre dans un cabinet péquiste, s'est notamment démarqué ces dernières années en dénonçant l'attribution de places en garderie à des donateurs du Parti libéral. La seconde s'est notamment illustrée lors du débat des chefs à l'antenne de Radio-Canada. Les deux adversaires en sont à leur troisième confrontation électorale depuis 2007.

« Je suis encore déchirée », avoue d'emblée Josée, qui préfère taire son nom de famille. À la dernière élection, la jeune femme avait pourtant accordé sa confiance à Françoise David « sans [se] poser de questions . Elle aimerait bien que Québec solidaire soit davantage représenté à l'Assemblée nationale.

« Mais je vois le travail que Nicolas Girard a fait », dit-elle, soulignant son engagement dans la communauté et ses révélations sur l'ex-ministre de la Famille Tony Tomassi, alors responsable du dossier des garderies. « Il est l'un des éléments forts du PQ », estime-t-elle. Il maîtrise ses dossiers, il est profondément intègre et il n'a pas de cassette. »

Valérie Lacasse avait déjà fait son choix avant la rencontre électorale, mais admet tout de même être « embêtée » devant le plaidoyer offert par un autre candidat.

« Je vais voter pour Françoise David, finit-elle par admettre, car on ne peut pas se passer de Françoise David à l'Assemblée nationale. Mais je suis dans Gouin depuis longtemps et je trouve que Nicolas Girard fait un excellent travail. Ça me fait vraiment mal au coeur de l'écarter », dit-elle.

« J'aimerais qu'ils se partagent le vote à 50-50! », lance son amie Denise Ouellet, qui a tout de même tranché en faveur de Québec solidaire en raison des propositions du parti en matière de services sociaux.

« Les deux travaillent pour la communauté, et c'est dur de faire un choix », indique cette autre électrice, qui ajoute qu'elle aurait tout aussi bien pu élire l'un ou l'autre. « Mais comme il faut faire un choix, dit-elle, j'ai choisi Françoise David. » La raison? « Parce que c'est une femme », dit-elle. « C'est triste qu'elle et Nicolas ne soient pas dans le même parti! », déplore Liliane, qui refuse de dire son nom de famille.

Jean Ferretti, lui, ne votera pas dans Gouin. Résident de Mercier, il cochera le nom du député sortant, Amir Khadir, l'autre coporte-parole de Québec solidaire, dont la réélection lui semble assurée. Ça ne l'empêche pas de souhaiter ardemment la victoire... de Nicolas Girard.

« Françoise David se bat - et elle se bat bien - depuis longtemps dans Gouin, dit-il tout d'abord. Elle s'implique dans la communauté. J'aime comment elle s'est comportée au débat des chefs, j'aime ses idées. J'aime vraiment cette femme-là. Mais Nicolas Girard, je l'aime aussi », indique-t-il. « C'est tellement un bon gars, il a tellement bien servi la circonscription que s'il perdait, ça me ferait beaucoup de peine. »

Il estime que le Québec doit « répondre à une urgence ». « Il y a des vrais problèmes sociaux ajoute-t-il. Si le Parti québécois est majoritaire, on pourra répondre à ces enjeux. » « Je pense aussi que le meilleur moyen d'instaurer une politique de gauche au Québec, ce n'est pas de diviser le vote », affirme-t-il. Sa priorité, précise M. Ferretti, est de voir le Québec devenir indépendant.

À ses côtés, son ami abonde dans le même sens.

Pour une autre citoyenne, qui refuse de se nommer, les débats n'ont rien changé, puisqu'elle a exercé son droit de vote par anticipation. « J'étais vraiment déchirée, dit-elle. Dans l'isoloir, j'ai regardé la photo de la personne pour qui je n'ai pas voté [sur le bulletin de vote], et je me suis même excusée! »

Le dilemme entre ces deux candidats n'a rien d'étonnant dans une circonscription où les opinions des électeurs penchent plus à gauche qu'ailleurs dans l'île de Montréal, selon la Boussole électorale de Radio-Canada, un outil qui offre une analyse comparative entre les points de vue des électeurs et les positions des partis. L'opposition à la hausse des droits de scolarité y est même la plus importante dans toute la province.

La lutte se décidera dans les urnes, mardi prochain.

Les enjeux (cliquer pour agrandir l'image) :

Les priorités :

Pour me joindre :

sophie-helene.lebeuf@radio-canada.ca

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.