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Rencontre avec Jean-Martin Aussant, chef d'Option nationale

Le trouble-fête
Presse canadienne

Le député Jean-Martin Aussant a claqué la porte du Parti québécois le 7 juin 2011 afin de fonder son propre parti, Option nationale (O.N). Il se dit convaincu que la souveraineté n’arrive plus en tête des priorités du PQ. Son jeune parti ne récolte que 1% des intentions de vote au niveau provincial, mais Jean-Martin Aussant risque de brouiller les cartes dans sa circonscription de Nicolet-Bécancour. Si bien qu’il pourrait causer l’élection d’un député caquiste le 4 septembre au soir, en divisant le vote souverainiste. Rencontre.

L’argument de la division du vote, Jean-Martin Aussant n’y croit pas. «Le vote n’appartient à personne, dit-il. C’est un concept utilisé par les deux grands partis pour favoriser leurs intérêts.» Il affirme que l’alternance des partis a créé du cynisme chez les électeurs.

Pourtant, selon les calculs de l’économiste Bryan Breguet, éditeur du site Web Too Close To Call, M. Aussant ne peut pas espérer être réélu dans sa circonscription de Nicolet-Bécancour, nommée Nicolet-Yamaska avant la refonte de la carte électorale. Il ira plutôt gruger des votes chez les péquistes (Québec solidaire ne présente pas de candidat), pavant ainsi la voie à l’élection d’un candidat caquiste, écrit M. Breguet.

Si ce scénario se concrétise, l’ironie sera amère pour Jean-Martin Aussant. Économiste de formation, il a quitté son poste de vice-président chez Morgan Stanley à Londres après la vague adéquiste de 2007. «Je me suis lancé en politique pour reprendre le comté de Nicolet-Yamaska qui était devenu adéquiste», dit-il. L’ADQ a depuis fusionné avec la CAQ.

Une élection à la fois

Peu importe, le résultat du 4 septembre, Jean-Martin Aussant vise le long terme. Il sait que la route est longue pour un nouveau parti qui souhaite prendre le pouvoir. «Le PQ a dû attendre trois élections avant de former le gouvernement en 1976», rappelle-t-il. La campagne électorale en cours est l’occasion de faire connaître son parti et, espère-t-il, faire élire son chef. «La majorité de la population ne nous connaît pas», admet-il.

Comme tous les petits partis, O.N a de la difficulté à se faire entendre dans les médias traditionnels. Selon la firme Influence Communication, qui mesure le poids média des nouvelles, Jean-Martin Aussant arrive bon cinquième en termes de visibilité médiatique, loin derrière les co-porte-paroles de Québec solidaire. Le chef d'O.N n'a d'ailleurs pas été invité à participer aux divers débats des chefs prévus durant la campagne.

Afin de contourner le carcan médiatique, O.N mise sur les médias sociaux. «Nous n’avons pas des millions de dollars comme les autres partis pour faire connaître notre parti», explique Jean-Martin Aussant. Le chef d’O.N diffuse des courtes capsules vidéo sur YouTube, en plus d’être présent sur Facebook et Twitter. Il gère lui-même son compte Twitter, tout comme ses candidats. Sur YouTube, une de ses candidates, l’actrice Catherine Dorion, s’est d’ailleurs fait remarquer grâce à une vidéo fort originale pour une politicienne.

Gauchiste pragmatique

Certaines des propositions d’O.N peuvent surprendre dans la bouche de l’ancien vice-président d’une firme de services financiers. Le parti propose notamment la nationalisation des ressources naturelles et la gratuité scolaire. «Ça n’a rien de communiste, se défend le chef d’O.N. La nationalisation des ressources naturelles est moins radicale qu’on le croit. La Norvège, par exemple, s’est enrichie grâce au fonds souverain.»

Au sujet de la gratuité scolaire, il cite également l’exemple des pays scandinaves et de l’Allemagne. «Les pays qui ont mis en place la gratuité scolaire se sont aperçus que c’est payant», dit-il. M. Aussant reproche d’ailleurs au Part libéral d’avoir imposé une hausse des droits de scolarité en se basant sur l’idéologie, plutôt que des études chiffrées.

Option nationale se présente également comme le plus pressé des partis souverainistes. Jean-Martin Aussant s’inspire d’ailleurs plus de Jacques Parizeau que de René Lévesque, trop tiède à son goût sur la question de l’indépendance. «Lévesque a toujours douté, dit-il. Sa fameuse déclaration le soir de son élection en 1976 '[...] on est peut-être quelque chose comme un grand peuple’, contenait deux doutes.» Il préfère l’approche de Jacques Parizeau, qui s’est fait élire pour réaliser la souveraineté et qui a quitté la politique après sa défaite référendaire.

Chose certaine, personne ne peut reprocher à Jean-Martin Aussant d’agir par opportunisme politique. Déçu par les tergiversations du PQ sur la souveraineté, il a abandonné le confort d’un parti bien en selle, et une réélection probable, pour fonder sa propre formation politique. «J’étais très triste le jour où j’ai quitté le PQ, dit-il. Mais ma décision était longuement mûrie. J’ai fait mon deuil de changer ce parti de l’intérieur».

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