CULTURE WEB - Ce 8 août, les chats imposeront un peu plus encore leurs griffes sur le Web. En effet, ce mercredi est la Journée internationale du chat et l'occasion rêvée pour faire le point sur le règne du "LOLcat" dans la culture Internet. Genèse d'une domination culturelle à moustaches.
Un succès depuis... 1870
Les rieurs de ce monde n'ont pas attendu Internet pour s'échanger des photos ridicules de chats. Dès 1870, le photographe britannique Harry Pointer tire le portrait de félins déguisés dans des postures très "humaines".
Si des artistes ont exploité le potentiel de ces boules de poils dès les débuts de la photographie, pour Internet, le processus a pris plus de temps. Les appareils photos numériques et le haut débit ont concouru à l'avalanche de photos et vidéos des chats de compagnie, mais le LOLcat tel qu'on le connaît aujourd'hui n'apparaît qu'en 2005.
La créature commence par faire ses griffes sur le forum anonyme anglophone 4chan. Ce bastion de la culture Web invente même un jour dédié aux images de chats: le samedi devient le "caturday" - contraction de "cat" et de "saturday".
La formule de base du LOLcat? Une photo de chat surprenante et une légende rédigée dans un anglais approximatif - très proche de l'argot utilisé sur Internet - dans une police Impact ou Arial Black.
Tellement humain
À la façon des photos d'Harry Pointer, plus la pose du chat rappelle celle d'un humain, plus l'image a du succès. Comme le rappelle Vincent Glad dans un article de 2011, le lolcat n'est pas simplement "mignon", c'est son anthropomorphisme qui prévaut.
Ce modèle sera consacré en 2007 par la création du site spécialisé I Can Has Cheezburger. Deux ans après les chats de 4Chan, la start-up Cheezburger Network, un réseau de sites comiques et parodiques, lance un site intégralement dédié à ce type d'images.
La première image du site - un chat gris duveteux demandant s'il peut avoir un cheeseburger, en langage chat bien sûr - fait toujours école en la matière.
À partir de là, les matous prennent progressivement le pouvoir. Le jeu de détournement d'images s'emballe et des médias tels que Time Magazine relaient ce phénomène non-commercial.
"En clin d'œil à l'Egypte ancienne, des figures divines coexistent chez les LOLcats, écrivent Titiou Lecoq et Diane Lisarelli dans l'Encyclopédie de la Web Culture. Parmi elles, le chat du plafond (Ceiling Cat, traditionnellement bien placé pour regarder son maître se masturber) et le chat du sous-sol (Basement Cat) qui sont devenus les équivalents respectifs de Dieu et Satan."
Après avoir conquis les geeks de la première heure et l'élite du Web, les LOLcats viennent gratter à la porte du grand public. Aujourd'hui, une simple recherche d'images du terme donne lieu à 1.630.000 résultats sur Google.
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Par extension, l'expression "LOLcat" finit d'ailleurs par définir toutes les vidéos de chats rigolos, un autre pan de l'empire félin du Web, plus grand public, voire universel.
Parmi les 4 millions de vidéos de chats disponibles sur YouTube, les icônes félidées sont nombreuses.Le Keyboard Cat (26 millions de vues depuis la publication de cette vidéo en 2007) est certainement le mème à moustache le plus connu... tant et si bien qu'une marque de pistache l'a mis en scène dans une de ses publicités...
Si le Keyboard Cat s'inscrit dans la tradition LOLcat par ses côtés insolite et humain, le rondouillard et japonais Maru représente à lui tout seul le potentiel des chats "adorablement stupides" du Web.
Quant aux Surprised Kitty et autres chatons, ils fournissent un antidépresseur idéal à tout internaute en quête de "mignon".
Un festival du LOLcat le 30 août
Les chats sont ainsi "les rois de la jungle du Web" comme l'écrivent Diane Lisarelli et Titiou Lecoq dans leur Encyclopédie. Il ne leur manquait plus qu'un festival... et c'est chose faite. Après cette Journée internationale du chat, la prochaine étape des amateurs de LOLcats sera peut-être le Festival mondial du film de chats dont la première édition aura lieu ce 30 août à Minneapolis.
Katie Czarniecki Hill, l'organisatrice du festival a annoncé la nouvelle sur son blog. Interviewée par le LA Times, cette artiste se réjouit de cette "expérience". "C'est intéressant de voir si les gens pensent que c'est stupide, génial ou une perte de temps. Mais j'aime l'idée que tout le monde admette aimer les vidéos de chat", commente-t-elle.
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