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Élections: Jean Charest lance des flèches à Pauline Marois et à la «rue» dans son premier discours officiel

La «majorité silencieuse» courtisée dans son premier discours
PC

QUÉBEC - Le chef libéral Jean Charest a placé la crise étudiante du printemps dernier au coeur de la campagne électorale déclenchée mercredi, au cours de laquelle il sollicite un quatrième mandat pour gouverner le Québec.

Après avoir rencontré le lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne pour dissoudre l'Assemblée nationale et officialiser le déclenchement de la campagne, M. Charest a pris la parole dans une zone sécurisée, sur le tarmac de l'aéroport de Québec.

Derrière des clôtures, M. Charest a expliqué que l'endroit témoigne du dynamisme de l'économie, notamment en raison de son projet phare, la Plan Nord.

Alors que les leaders étudiants ont affirmé mercredi leur intention de lutter contre la réélection des libéraux, M. Charest a donné le coup d'envoi à son marathon électoral sans être perturbé par des manifestants.

Tout au plus un éclat de voix et une note de trompette, provenant de l'autre côté de l'édifice, auront brièvement mis les responsables de la sécurité sur les dents.

Sur une estrade, flanqué par la majorité de ses ministres ainsi que des candidats libéraux de la grande région de Québec, M. Charest a déclaré aux journalistes que l'élection permettra à la «majorité silencieuse» de s'exprimer sur la hausse des frais de scolarité, qui a plongé le Québec dans une crise sociale au printemps.

«La rue a fait beaucoup de bruit, a-t-il dit. C'est maintenant au tour des Québécois de parler et de trancher cette question.»

Comme il l'a fait précédemment, M. Charest s'est appliqué à associer son adversaire péquiste aux perturbations, en rappelant que Pauline Marois et ses députés ont arboré le carré rouge, symbole de la lutte étudiante.

Selon le chef libéral, l'enjeu de la prochaine élection est fondamental, puisque les électeurs devront choisir entre la prospérité offerte par son équipe et le chaos inévitable avec les péquistes.

Avant de vanter le Plan Nord, son projet de développement économique du nord québécois, M. Charest a insisté sur les risques de ralentissement économique qui pointent à l'horizon.

«Ces constats sont inquiétants et laissent présager des secousses qui ne manqueront pas de nous toucher si nous ne sommes pas tous au travail, a-t-il dit. Ici encore, le choix est simple entre la stabilité et l'instabilité.»

M. Charest a affirmé que son gouvernement a tout fait pour régler la crise étudiante. Alors que la rentrée scolaire est prévue à la mi-août dans plusieurs cégeps touchés par la grève, il s'est défendu de vouloir profiter de cette situation pour déclencher une élection sur le sujet.

«J'aurais voulu le contourner cet enjeux-là, que ç'a aurait été impossible, a-t-il dit. Il faut vivre sur une autre planète pour penser que les Québécois ne voudront pas, eux, s'exprimer: ils veulent parler.»

M. Charest a aussi rejeté les affirmations de ses adversaires à l'effet qu'il déclenche un scrutin estival pour éviter de subir les remous des audiences de la commission Charbonneau sur la construction, qui doit reprendre ses travaux en septembre.

«C'est une décision qui n'est pas prise en lien avec ce qui va se passer à la commission, pour une raison fort simple: le gouvernement ne contrôle pas et ne doit pas surtout chercher à contrôler ce qui va se passer devant la commission Charbonneau», a-t-il dit.

Plus tôt, avant un conseil des ministres où le déclenchement électoral a été décidé, la ministre des Relations internationales Monique Gagnon-Tremblay a déclaré que les libéraux devront «travailler très fort» pour obtenir un quatrième mandat, après plus de neuf ans au pouvoir.

«Il faut dire qu'après neuf ans, après avoir passé neuf ans, c'est un gros défi à relever», a-t-elle laissé tomber, avant d'ajouter que «M. Charest est en pleine forme».

Mme Gagnon-Tremblay a rejeté la notion d'usure du pouvoir, bien que généralement, aux cours des dernières décennies au Québec, les gouvernements ont changé après environ deux mandats de quatre ans.

«Ce n'est pas une question d'usure, c'est une question de programme, de ce qu'on a à offrir à la population», a-t-elle soutenu, en vantant le bilan des libéraux sur le front de l'économie, pour démontrer que le passé est garant de l'avenir.

Interrogé à ce sujet par la suite, M. Charest n'a pas voulu dire s'il considère qu'il sera plus difficile d'obtenir un quatrième mandat.

«Je n'ai jamais connu de campagne facile, celle-ci ne le sera pas non plus et je suis confiant dans le choix que feront les Québécois, a-t-il dit. Mais elle ne sera pas facile, ça je le comprends très bien.»

Alors que ses adversaires l'accusent de vouloir éviter de répondre de son bilan en déclenchant une élection pendant que plusieurs Québécois sont en vacances, M. Charest a souligné qu'il répond justement aux demandes de l'opposition.

«Ça fait un an qu'on nous demande, on crie pour avoir une élection, à cors et à cris, et là on n'en veut pas d'élection», a-t-il dit.

Le ministre des Finances Raymond Bachand a reconnu que l'attention des électeurs sera peut-être moins grande au début de la campagne, alors que plusieurs sont en vacances.

M. Bachand s'est montré confiant que cela n'aura pas d'impact négatif sur le taux de participation à l'élection, qui avait atteint un creux historique lors du dernier scrutin de 2008.

«Tout le monde est revenu à partir du 15-17 août, parce que c'est les rentrées scolaires partout, tout le monde est là, a-t-il dit. Et comme il n'y a pas beaucoup d'autres choses dans l'actualité, au contraire, les gens vont peut-être y porter plus d'attention.»

Au chapitre de son bilan, M. Charest a reconnu avoir commis des erreurs, faisant référence à sa tentative pour réformer les lois du travail lors de son premier mandat, après son élection en 2003.

«Mon parcours n'est pas parfait mais il démontre une volonté constante de faire progresser le Québec», a-t-il plaidé.

En soirée M. Charest a participé à l'investiture de son ministre des Ressources naturelles Clément Gignac dans la circonscription de Taschereau, qui couvre une partie du centre-ville de Québec.

M. Gignac, originaire de la capitale, a renoncé à son château-fort montréalais de Marguerite-Bourgeoys.

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